Alimentation et pathologies chroniques

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Publié le 7 mars 2020
Par Laura Quéré
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M me V., 35 ans, a été diagnostiquée intolérante au gluten, il y a six mois. – Je ne comprends pas, depuis trois jours mes diarrhées reviennent. – Avez-vous l’impression d’avoir fait des écarts dans votre alimentation ? – Non, je suis scrupuleusement ce que l’on m’a appris à l’hôpital, je fais attention à la composition des aliments et j’ai même acheté du pain à l’épeautre bio ! – L’épeautre est une ancienne variété de blé qui contient du gluten, cela peut donc expliquer pourquoi vous présentez à nouveau ces troubles.

LA MALADIE CŒLIAQUE

Responsable d’une atrophie villositaire et d’une malabsorption,cette entéropathie auto-immune résulte d’une réponse anormale de la muqueuse intestinale à une ou plusieurs fractions protéiques du gluten (complexe de protéines) et se manifeste généralement par une diarrhée chronique, un amaigrissement et des signes de carence (anémie, fatigue, pathologies osseuses). Sa prévalence est estimée à 1 % en France où elle est aussi appelée intolérance au gluten. Chez les adultes, elle est diagnostiquée en moyenne 10 ans après l’apparition des premiers symptômes. Elle se distingue de l’allergie au gluten qui met en jeu des mécanismes immunitaires impliquant des IgE et provoquant des symptômes survenant immédiatement après l’ingestion du gluten (qui est dans ce cas un allergène).

L’exclusion du gluten

L’éviction stricte et à vie du gluten est le seul traitement actuel recommandé et efficace dans la maladie cœliaque. L’objectif thérapeutique est d’obtenir une cicatrisation de la muqueuse intestinale avec une régénération complète des villosités afin de faire disparaître les signes cliniques et d’éviter la survenue de complications.

L’éviction stricte oblige à vérifier en permanence les compositions des aliments et à changer radicalement ses habitudes alimentaires. Aucun écart ne peut être toléré puisqu’il ferait réapparaître les symptômes. Le patient perd en convivialité et peut se sentir exclu socialement. Le temps de préparation et les coûts élevés des produits sans gluten représentent des contraintes susceptibles de rendre difficile l’observance.

Les aliments à exclure et à privilégier

Les céréales contenant du gluten, à savoir les blés (dont le froment, l’épeautre, le boulgour et le kamut), l’orge et le seigle, sont à exclure ainsi que tous les produits dérivés de ces céréales (farines, semoules, flocons, chapelure, biscottes, pâtes, bière, etc.). L’avoine ne contient pas de gluten mais est à haut risque de contaminations croisées avec le blé et doit donc être évité. Les produits et préparations industrielles (pain, viennoiseries, pâtisseries, pâtes, biscuits salés ou sucrés, céréales du petit-déjeuner, aliments du nourrisson, etc.) contiennent fréquemment du gluten et celui-ci doit être signalé dans la liste des ingrédients. D’autres aliments (yaourt aux fruits, moutarde, crème glacée, cube de bouillon, sauce tomate, béchamel, crème anglaise, sauce soja, seitan, etc.) mentionnant « amidon », « amidon modifié » ou « malt » doivent aussi être exclus car ils sont susceptibles de contenir des traces de gluten à un taux non négligeable.

Les féculents ou équivalents naturellement sans gluten peuvent remplacer le blé, le seigle et l’orge : – les céréales : riz, maïs, quinoa, sarrasin (blé noir), millet ; – toutes les légumineuses : lentilles, haricots, pois, fèves, etc. – les pommes de terre, la patate douce, le manioc, l’igname et la châtaigne.

D’autres aliments sont naturellement sans gluten : le lait, la viande, les poissons, les crustacés et mollusques, les œufs, les fruits et légumes frais, les matières grasses (beurre, crème, huiles végétales) et le sucre.

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Attention, toujours vérifier les étiquettes des produits transformés.

La mention « sans gluten » et le logo de l’épi de blé barré signalent que le taux maximal de gluten résiduel dans l’aliment est inférieur à 20 mg/kg et que la consommation chez le cœliaque est donc possible. La mention d’une possible présence de céréales pouvant contenir du gluten est par ailleurs obligatoire. La consommation de produits portant la mention « faible teneur en gluten » (moins de 100 mg/kg) est déconseillée.

Les patients peuvent se référer à une liste de produits sans gluten éditée par l’Association française des intolérants au gluten (Afdiag.org).

Remboursement

Une prise en charge par l’assurance maladie des aliments diététiques sans gluten est assurée pour les patients atteints d’une maladie cœliaque confirmée par biopsie digestive. Elle est réalisée sur facture sous forme d’un forfait mensuel plafonnée à 33,54 € chez les enfants jusqu’à 10 ans et à 45,73 € au-delà de 10 ans. Les aliments diététiques sans gluten se trouvent en grande surface, en magasin spécialisé type épicerie bio, sur les sites internet des fabricants spécialisés et pour certains en pharmacie.

LE SYNDROME DE L’INTESTIN IRRITABLE

Ecarter d’autres maladies sous-jacentes

Certains symptômes du syndrome de l’intestin irritable (SII) sont communs avec d’autres pathologies : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), maladie cœliaque, diverticulose, maladies infectieuses, tumeurs digestives (dont cancer colorectal) ou endométriose. Le diagnostic est posé par exclusion des autres maladies et doit être confirmé par un gastro-entérologue surtout après 50 ans.

Quand y penser ?

En cas de survenue de douleurs abdominales parfois intenses (au minimum 1 jour par semaine) en relation avec la défécation ou associées à une modification de la fréquence ou de l’aspect des selles (diarrhée, constipation ou alternance, etc.).

Ce syndrome est associé à une modification de la perméabilité intestinale et à une dysbiose.

Ces troubles sont majorés lors de la consommation de certains aliments identifiés comme mal tolérés ou mal supportés, appelés FODMAPs (voir encadré ci-dessous).

Comment en diminuer les symptômes ?

Dans un premier temps, le soulagement des symptômes est obtenu grâce à un changement d’alimentation qui passe par une adaptation de l’apport en fibres en fonction du trouble du transit. La consommation de fibres insolubles associée à une activité physique régulière permet de lutter efficacement contre la constipation. Les fibres solubles, appelées prébiotiques car servant de nourriture aux bactéries intestinales, sont à favoriser en cas de diarrhées et de douleurs digestives. En parallèle, l’apport des FODMAPs (voir encadré page 9), incriminés dans les symptômes du SII, est à limiter.

Dans un deuxième temps, le but est de repérer les FODMAPs responsables des perturbations. Après un temps d’éviction de 4 à 6 semaines, les réintroduire un par un et par petites quantités croissantes pour déterminer le seuil de tolérance. Un régime strict sans FODMAPs sur le long terme est en revanche fortement déconseillé. Il est aussi préférable d’avoir recours à un diététicien spécialisé.

Lorsque les symptômes sont soulagés, il est conseillé de maintenir un apport en fibres régulier pour leur rôle intéressant dans la régulation du transit.

LES MICI

La maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH) représentent les 2 maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) les plus fréquentes. D’origine encore mal connue et multifactorielle, elles apparaissent lors d’une réaction immunitaire anormale vis-à-vis du microbiote intestinal notamment. Elles évoluent par périodes de poussées (douleurs abdominales, diarrhées, etc.) et de rémission mais la prise alimentaire n’est pas à l’origine des crises.

Chez les patients atteints de MICI, il existe une dysbiose caractéristique avec, d’une part, un déséquilibre des populations de micro-organismes mais aussi une diminution de leur diversité. Cette dysbiose a des conséquences fonctionnelles sur les interactions entre le microbiote et l’hôte.

Rééquilibrer le microbiote pourrait être une perspective d’avenir. Actuellement, de nombreux essais portent sur l’enrichissement du microbiote (essais de transplantation du microbiote fécal en cours dans la RCH).

Limiter les fibres et le lactose en période de poussées

L’adaptation de l’alimentation doit permettre de favoriser le confort digestif et de soulager diarrhées et douleurs abdominales. Le principe est de limiter au maximum la quantité de fibres insolubles irritantes mais chaque patient adapte sa ration en fonction de sa tolérance digestive.

Consommer des légumes et fruits épluchés, cuits et mixés (compote, soupe, etc.). Eviter les produits contenant du lactose car ce dernier favorise un appel d’eau dans la lumière intestinale qui aggrave les diarrhées et préférer les fromages à pâte dure. Privilégier les viandes maigres, les œufs durs et le jambon blanc. Utiliser des produits céréaliers raffinés. Boire de l’eau plate, des tisanes ou des jus de fruits centrifugés.

En fin de poussées (diminution des douleurs intestinales, selles consistantes, etc.), la réintroduction des aliments sources de fibres doit être progressive : aliment par aliment, en petites quantités avec des pauses entre deux et plutôt au repas de midi. Au début, faire des repas plus fréquents (3 heures d’intervalle) avec des petits volumes.

Revenir à une alimentation normale en dehors des crises

Le retour à une alimentation diversifiée a pour but de limiter les carences et de maintenir un bon état nutritionnel. Consommer régulièrement des fibres pour limiter la constipation. Toutefois, le patient adaptera ses apports à sa tolérance digestive. 

Qu’auriez-vous répondu ?

Mme B., atteinte d’un syndrome de l’intestin irritable (SII) diagnostiqué il y a 2 ans, vient à la pharmacie vous demander si les probiotiques pourraient agir contre ses douleurs abdominales.

1) Oui, certains probiotiques pourraient être efficaces sur le SII.

2) Non, les probiotiques n’ont pas d’efficacité sur le SII.

Réponse : 1. Quelques études ont démontré l’intérêt des probiotiques dans la dysbiose et la restauration de la perméabilité intestinale. Cependant, elles ont été réalisées seulement pour certaines souches. Bifidobacterium infantis et Lactobacillus plantarum auraient une efficacité sur la restauration de la perméabilité intestinale et la dysbiose alors que d’autres souches spécifiques (Bacillus lactis, la formulation de probiotiques VSL#3, Bacillus infantis) diminueraient les symptômes du SII (ballonnements et flatulences). Mais, sans modification du mode de vie afin de limiter le stress et de l’alimentation, ces bénéfices ne seront pas durables.

Médicaments et intolérance au gluten

– De nombreux médicaments contiennent comme excipient de l’amidon pouvant être issu du blé. L’amidon de blé peut être retrouvé dans différentes formes galéniques (poudre, comprimé). Il sert à diluer les principes actifs ou à améliorer la fabrication des comprimés. Depuis 2010, l’amidon de blé doit être mentionné comme excipient à effet notoire sur les notices des médicaments.

– Les compléments alimentaires peuvent aussi contenir de l’amidon de blé. Bien vérifier leur composition.

infos clés

• Maladie cœliaque : éviction à vie des aliments contenant du gluten

• Syndrome de l’intestin irritable : rééquilibrage alimentaire et augmentation de l’activité physique puis éviction des FODMAPs avec réintroduction progressive

• MICI : régime sans résidus en période de poussées. Alimentation variée avec des apports en fibres augmentés en dehors des poussées

Les FODMAPs = « Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides and Polyols »

Les FODMAPs sont des glucides dits fermentescibles, que l’on retrouve naturellement dans certains aliments mais également dans des produits agroalimentaires. Peu, voire pas absorbés au niveau de l’intestin, ils vont donc y fermenter sous l’action des bactéries et provoquer ballonnements et douleurs abdominales chez des patients présentant une sensibilité particulière.

AMIDON DE BLÉ

Glucide contenu dans les grains des céréales pouvant présenter un taux résiduel en protéines et donc en gluten.

MALT

Farine résultant de la germination et torréfaction d’une céréale.

Dysbiose

Altération qualitative et fonctionnelle de la flore intestinale.

Zoom sur les fibres alimentaires* et l’équilibre intestinal

Fibres solubles

Fibres insolubles (cellulose, hémicellulose)

Mécanisme d’action : elles forment un gel plus ou moins visqueux en milieu aqueux. Elles sont fermentescibles.

Mécanisme d’action : elles absorbent l’eau et augmentent le volume des selles permettant ainsi d’augmenter le péristaltisme intestinal. Les limiter en cas de diarrhées.

Intérêts : régulation du transit, réduction de la prise alimentaire, diminution du pic glycémique par ralentissement de la digestion, participation à l’équilibre de la flore intestinale.

Intérêts : action laxative, diminution de l’absorption du cholestérol et des graisses alimentaires.

Dans quels aliments : avoine, orge, seigle, légumineuses (haricots), fruits riches en pectine (pomme, coing, orange, etc.), légumes (courgette, artichaut, asperge, etc.), algues.

Dans quels aliments : céréales complètes (blé, épeautre, kamut, lin), légumes (brocolis, choux, asperges), fruits (rhubarbe, poire, datte, pruneau), légumineuses (pois chiches, lentilles), oléagineux (amandes).

* Les fibres alimentaires sont des glucides naturellement présents dans l’aliment non digérés, non assimilés.

DIABÈTE DE TYPE 2  

M. P., 45 ans, revient de chez son médecin traitant. D’habitude plutôt enjoué, il est aujourd’hui maussade :- J’ai apporté à mon médecin mes dernières analyses de sang et je suis prédiabétique. Je ne vais plus pouvoir manger de gâteaux, moi qui adore cela…- Je vais vous donner quelques conseils nutritionnels simples et vous allez voir que vous pouvez manger de tout. L’important est d’essayer de détecter les erreurs alimentaires que vous faites afin d’y pallier. Vous pourrez continuer à manger de temps en temps des gâteaux mais peut-être en adapter la recette et en manger un petit peu moins souvent.

LE MODE DE VIE

Dans la prévention et le traitement du diabète de type 2, l’amélioration de l’hygiène de vie occupe un rôle central. L’objectif est d’arrêter le tabac, de privilégier une alimentation équilibrée et de favoriser la pratique régulière d’une activité physique adaptée (au moins 30 minutes de marche rapide par jour). Une perte de poids (en cas d’IMC supérieur à 25) permet à la fois de diminuer le risque de maladies cardiovasculaires et le risque de développer un diabète de type 2 chez les prédiabétiques (le prédiabète correspondant à une glycémie à jeun située entre 1,10 g/L et 1,25 g/L).
Le traitement du diabète de type 2 a pour but de limiter les complications (atteintes micro- et macrovasculaires) et consiste dans un premier temps en la mise en place de mesures hygiénodiététiques. Un traitement médicamenteux peut y être associé d’emblée ou si l’objectif glycémique n’a pas été atteint malgré l’instauration d’un mode de vie plus sain. En matière d’objectif glycémique, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande pour la plupart des patients diabétiques une cible d’hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieure ou égale à 7 %.
Les règles principales de l’alimentation des patients diabétiques de type 2 ou prédiabétiques ne sont guère différentes de celles recommandées pour la population générale : une alimentation équilibrée et diversifiée de manière à limiter les variations glycémiques. Les glucides doivent représenter 50 à 55 % de l’apport énergétique total, les lipides 35 à 40 % et les protéines 10 à 15 %.
Les pâtisseries, biscuits, sodas et bonbons sont à éviter car ils génèrent des pics glycémiques importants.
Les repas doivent être fractionnés en 3 repas principaux et 1 collation si nécessaire.

AGIR SUR LA GLYCÉMIE

L’apport en glucides doit être envisagé sous une forme quantitative globale. L’index glycémique et la charge glycémique (voir encadré page 3) sont des notions importantes mais ne permettent pas à elles seules de traduire l’effet d’un aliment sur la glycémie. D’autres facteurs conditionnent l’effet hyperglycémiant d’un aliment ou d’un repas :
– La cuisson contribue à augmenter la glycémie : privilégier une cuisson al dente des pâtes et du riz. Les fruits (pas trop mûrs car moins sucrés) et les crudités peuvent constituer une bonne alternative.
– La présence de fibres réduit la glycémie : consommer des céréales complètes, des légumineuses, des fruits et légumes, du quinoa, des tubercules (patate douce, igname, etc.).
– La texture des aliments intervient également sur le pic glycémique post-prandial : plus un aliment est mixé (fractionné), plus il est rapidement digéré.
Ainsi, le pic glycémique sera moindre en cas d’ingestion d’une pomme de terre bouillie plutôt qu’en purée. Il est aussi préférable de manger un fruit plutôt que de le boire en jus.

LES FRUITS ET LÉGUMES

Riches en fibres, ils ralentissent l’absorption des sucres au niveau intestinal et assurent un équilibre glycémique. On recommande 30 à 45 g de fibres par jour dont 5 fruits et légumes. Aucun fruit n’est interdit, il est recommandé d’en consommer 2 à 3 par jour, de préférence frais et entiers.
Parmi les fruits les moins sucrés, sont à citer la fraise, la pêche, le melon, les oranges, les pamplemousses et les mûres. Conseiller de les manger plutôt en fin de repas.
Concernant les légumes, ils peuvent être consommés sans modération. L’idéal est de commencer le repas avec un légume, de préférence cru ou peu cuit car il apporte davantage de fibres et ralentit l’absorption des autres glucides.

LES ÉDULCORANTS

LES ÉDULCORANTS PEUVENT ÊTRE UTILISÉS POUR REMPLACER LE SUCRE MAIS ILS DOIVENT ÊTRE CONSOMMÉS AVEC MODÉRATION ET N’ONT PAS D’EFFET DÉMONTRÉ SUR LA MAÎTRISE DU POIDS. DE PLUS, ILS MAINTIENNENT L’APPÉTENCE POUR LE SUCRE. IL EXISTE 2 CATÉGORIES D’ÉDULCORANTS QUI SE DIFFÉRENCIENT PAR LEUR APPORT CALORIQUE :

– Les édulcorants intenses (saccharine, aspartame, sucralose, acésulfame K, cyclamate de sodium, thaumatine et extrait de stevia) ont un apport calorique nul ou négligeable, sans impact sur la glycémie. Ils se trouvent principalement sous forme de poudres ou de comprimés et sont notamment présents dans les boissons « light ».
– Les édulcorants de charge sont représentés par les polyols (mannitol, sorbitol, xylitol, lactitol) et le fructose avec un pouvoir calorique d’environ 2 à 4 kcal par gramme et un léger impact sur la glycémie. Ils se trouvent dans la confiserie et biscuiterie « sans sucre ». Eviter un excès de polyols qui peut engendrer un effet laxatif ainsi qu’un excès de fructose qui peut favoriser une insulinorésistance et une prise de poids.

L’ALCOOL

IL N’EST PAS INTERDIT MAIS IL FAUT LIMITER LA PRISE À 1 VERRE PAR JOUR CHEZ LA FEMME ET 2 VERRES CHEZ L’HOMME CAR CERTAINES BOISSONS COMME LE VIN BLANC ET LES COCKTAILS PEUVENT ÊTRE TRÈS SUCRÉS. A CONTRARIO, LES BOISSONS ALCOOLISÉES PEUVENT AUGMENTER LE RISQUE D’HYPOGLYCÉMIE, NOTAMMENT CHEZ LES PATIENTS TRAITÉS PAR INSULINE OU SULFAMIDES HYPOGLYCÉMIANTS.

PRIVILÉGIER LES « BONNES GRAISSES »

Les diabétiques de type 2 doivent également faire attention à leur apport en graisses afin de limiter la prise de poids et prévenir les maladies cardiovasculaires.

FAVORISER LES ACIDES GRAS INSATURÉS

CONSEILLER DE PRIVILÉGIER LES ALIMENTS RICHES EN ACIDES GRAS MONO-INSATURÉS (OMÉGA 9) COMME L’HUILE D’OLIVE OU L’AVOCAT ET LES ACIDES GRAS POLYINSATURÉS (OMÉGA 3 ET OMÉGA 6) CONTENUS DANS L’HUILE DE COLZA, LES FRUITS À COQUE, LES POISSONS GRAS (SAUMON, TRUITE, SARDINE, ETC.) ET LES LÉGUMES VERTS À FEUILLES. LE RAPPORT ENTRE LES OMÉGA 6 ET LES OMÉGA 3 DEVRAIT ÊTRE DE 5/1.

LIMITER LES ACIDES GRAS SATURÉS

Les graisses saturées retrouvées dans les produits d’origine animale (charcuterie, beurre, crème, fromages gras), dans les plats préparés et dans les produits de biscuiterie salée et sucrée (huiles de coco ou de palme) doivent être limitées au maximum.
Diminuer la consommation de viande rouge et privilégier à la place les viandes blanches (volaille), les poissons, les crustacés ou les œufs.
Côté produits laitiers, conseiller le lait demi-écrémé, les yaourts nature, le fromage blanc à 0 ou 20 % de matière grasse. Les fromages à pâte pressée (parmesan, emmental, etc.) sont à éviter car plus gras que ceux à pâte molle ou les frais.
Se méfier des produits préparés allégés en matière grasse qui ne sont pas toujours allégés en sucre. 

INFOS CLÉS

infos clés

•  3 repas par jour + 1 collation si besoin

• Ne pas sauter de repas

•  Limiter les aliments gras et sucrés

•  Préférer les légumes crus ou peu cuits et une cuisson al dente pour les pâtes et le riz

•  Eviter les plats cuisinés du commerce

•  Se méfier des mentions « allégé en sucre » et « allégé en matière grasse »

L’INDEX ET LA CHARGE GLYCÉMIQUES

l’index et la charge glycémiques
L’index glycémique (IG) d’un aliment traduit son effet sur la glycémie par rapport à un standard de référence qui peut être soit une solution de glucose, soit du pain blanc. Il se calcule en divisant la réponse glycémique de l’aliment testé par celle du standard de référence, multiplié par 100. La charge glycémique (CG) a l’avantage d’intégrer en plus dans son calcul la quantité de glucides ingérés. Elle mesure donc plus précisément l’effet de la ration consommée sur les variations de glycémie.

VRAI/FAUX

Vrai/faux
Le chrome augmente la sensibilité à l’insuline.
Réponse : Vrai. C’est un oligoélément essentiel jouant un rôle clé dans le métabolisme glucidique et lipidique, notamment par un effet potentialisateur de l’insuline. Selon les autorités de santé, une supplémentation en chrome, sous contrôle médical, est pertinente dans le maintien d’une glycémie normale, en particulier chez les personnes âgées, diabétiques, obèses ou atteintes d’un syndrome métabolique.

PATHOLOGIES CARDIOVASCULAIRES 

M. P., 63 ans, sort de l’hôpital après un infarctus du myocarde :– Le cardiologue m’a conseillé de faire attention à mon alimentation et, surtout, aux graisses. Je n’ai pourtant pas l’impression de manger gras.– En réalité, il faut davantage faire attention à la qualité des graisses que vous mangez qu’à leur quantité.– C’est un peu compliqué pour moi de savoir ce que je peux manger ! Ma belle-sœur m’a dit d’avoir une alimentation méditerranéenne.– En effet, l’alimentation méditerranéenne est variée et équilibrée et peut vous aider à éviter un risque de récidive. Je vais vous aider à l’appliquer dans votre vie quotidienne. Les pathologies cardiovasculaires sont induites par des facteurs de risque dont, notamment, l’hypertension artérielle (HTA) et les dyslipidémies. Leur présence favorise la progression de la maladie athéromateuse responsable d’événements cardiovasculaires (angor, infarctus du myocarde et AVC). Les études montrent qu’une alimentation méditerranéenne diminue fortement le risque cardiovasculaire. Ce régime alimentaire contribue par ailleurs à une perte ou un contrôle du poids également favorable à la diminution du risque cardiovasculaire. Il faut toutefois y associer un arrêt définitif du tabac, une consommation modérée d’alcool et la pratique d’une activité physique régulière et adaptée, au moins 30 minutes par jour et 5 fois par semaine.

L’ALIMENTATION MÉDITERRANÉENNE

Les différents groupes d’aliments sont représentés avec de nombreux produits végétaux (fruits, légumes, oléagineux, céréales et légumes secs), des graisses principalement insaturées (huile d’olive comme graisse ajoutée pour la cuisson, huile de colza ou de lin en assaisonnement), des produits animaux en moindre quantité en privilégiant les protéines marines (poissons et crustacés), les œufs et la volaille et en limitant la consommation de viande rouge et de produits laitiers (2 laitages ou 2 fromages par jour, plutôt de chèvre ou de brebis).
Le vin rouge, les pâtisseries et les produits sucrés doivent être consommés avec modération.
L’alimentation méditerranéenne ne restreint pas la quantité de lipides mais en favorise certains qui réduisent le taux de LDL-cholestérol dans le sang : – Les acides gras mono-insaturés sont représentés par l’huile d’olive (de préférence vierge ou vierge extra) qui constitue le corps gras majoritaire de l’alimentation méditerranéenne. Elle est connue pour sa teneur en acide oléique (acide gras mono-insaturé) et ses polyphénols qui jouent le rôle d’antioxydants. – Les acides gras oméga 3 avec les acides eicosapentaénoïque (EPA) et docosahexaénoïque (DHA). Ils constituent un groupe d’acides gras indispensables, essentiels dans de nombreux processus physiologiques. Leur consommation est associée à une diminution du risque cardiovasculaire. L’acide alpha-linolénique (ALA) est le précurseur du groupe et doit être apporté par l’alimentation (oléagineux et principalement les noix) car non synthétisé. L’EPA et le DHA, issus en théorie de l’ALA mais dont le taux de conversion est insuffisant, doivent être eux aussi apportés par l’alimentation (notamment les petits poissons gras de Méditerranée comme la sardine et le maquereau).
Le rapport entre les oméga 6 et les oméga 3 est essentiel. Dans l’alimentation occidentale, ce rapport tend vers un excès d’apport en oméga 6 (provenant d’une consommation importante en huiles végétales riches telles que les huiles de maïs, de soja et de tournesol ou des amandes, noix, germes de blés) et nuit à l’utilisation optimale des oméga 3 par l’organisme. Or ce déséquilibre favorise les pathologies cardiovasculaires mais aussi les troubles allergiques et inflammatoires.

EN CAS D’HYPERTENSION ARTÉRIELLE

L’HTA représente un facteur de risque d’apparition et d’aggravation de l’athérosclérose mais peut aussi être provoquée par cette dernière. Les recommandations actuelles préconisent une prise en charge médicamenteuse au-delà des valeurs tensionnelles de 140 mmHg et 90 mmHg associée à une limitation des apports en sel et une réduction du poids si nécessaire.
Pour limiter le risque cardiovasculaire, il est recommandé pour la population générale, et donc particulièrement chez le sujet hypertendu, de ne pas dépasser 5 g de sel par jour soit 2 g de sodium (le sel est composé à plus de 99 % de chlorure de sodium, 1 g de sel équivaut à 400 mg de sodium). En pratique, 1 g de sel est apporté par 1/3 de baguette, 1/6 de camembert, un croissant ou pain au chocolat, 150 g de légumes en conserve, etc.
En privilégiant des aliments simples et non transformés, l’alimentation méditerranéenne permet d’éviter de consommer des aliments riches en sel.
Les plats industriels, le fromage, la charcuterie, les viennoiseries, les crustacés, les biscuits apéritifs et certaines eaux gazeuses sont riches en sel et donc à éviter.
Plusieurs astuces permettent de réduire les apports en sel telles que de ne pas mettre de salière à table, de limiter l’ajout de sel durant la cuisson ou de le remplacer par des herbes aromatiques, des épices, du poivre ou encore du jus de citron.
La consommation de caféine n’est pas corrélée à une augmentation de la pression artérielle. En revanche, la consommation régulière de bonbons ou de tisane à la réglisse peut favoriser une HTA.

EN CAS DE DYSLIPIDÉMIE

La prise en charge précoce d’une dyslipidémie a pour but de prévenir ou de limiter une aggravation de l’athérosclérose prédisposant à l’insuffisance coronarienne. Elle est individualisée en fonction du risque cardiovasculaire du patient et repose sur la mise en place d’un objectif cible de LDL-cholestérol. Ce dernier est défini en fonction du nombre de facteurs de risque cardiovasculaire du patient : antécédents familiaux cardiovasculaires précoces, âge (plus de 50 ans chez l’homme et 60 ans chez la femme), HTA, diabète de type 2, tabagisme et HDL-cholestérol inférieur à 0,4 g/l. Un antécédent personnel de maladie cardiovasculaire classe d’emblée le sujet à haut risque cardiovasculaire.
L’amélioration du profil lipidique contribue à la prise en charge du risque cardiovasculaire.

RÉDUIRE LE CHOLESTÉROL

Le cholestérol alimentaire ne représente que 25 % environ des apports en cholestérol journalier. La consommation raisonnable de cholestérol animal (présent dans les abats, les œufs, les graisses animales dont le beurre et la crème, le fromage, les crustacés, les viandes et la charcuterie) est donc encore possible mais doit être modérée (moins de 300 mg par jour).
La cholestérolémie est davantage influencée par les apports en acides gras insaturés qui doivent être augmentés en consommant de la graisse de volaille, de l’huile d’olive (oméga 9) et des huiles de colza, de soja et de noix (oméga 6 et oméga 3).
Les apports en acides gras saturés doivent être diminués car ils augmentent le taux de LDL-cholestérol et de triglycérides dans le sang. Pour cela, conseiller d’éviter la nourriture industrielle (viennoiseries, pâtisseries, biscuits, etc.).
La consommation d’aliments sources de fibres alimentaires (céréales complètes et pain complet, légumes secs, fruits et légumes) doit être privilégiée, notamment les fibres insolubles (son d’avoine, lentilles, banane) car elles limitent l’absorption intestinale du cholestérol.

RÉDUIRE LES TRIGLYCÉRIDES

Limiter la consommation excessive d’alcool souvent liée à une hypertriglycéridémie, de même que les aliments et boissons sucrés, les aliments à index glycémique élevé (pain blanc, pomme de terre, etc.).
Consommer des aliments à effet hypotriglycéridémiant propre comme les poissons gras riches en oméga 3 mais aussi les huiles de colza et de noix et les noix.

LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES ET ALIMENTS MODIFIÉS

L’UTILISATION DE COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES ET D’ALIMENTS MODIFIÉS À VISÉE PROTECTRICE SUR LE SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE EST FRÉQUENTE, CEPENDANT L’INTÉRÊT RESTE LIMITÉ DU FAIT DE RÉSULTATS CONTRADICTOIRES SELON LES ÉTUDES.

LES OMÉGA 3

UNE SUPPLÉMENTATION EN OMÉGA 3, PRINCIPALEMENT CONTENUS DANS LES HUILES DE POISSON, POURRAIT AVOIR UN EFFET PROTECTEUR EN PRÉVENTION SECONDAIRE (YSOMÉGA, OMACOR, OMEGABIANE EPA, ERGY 3, ETC.). CEPENDANT, EN L’ÉTAT ACTUEL DES CONNAISSANCES, IL N’EST PAS RECOMMANDÉ DE LES UTILISER.

LES MICRONUTRIMENTS

DES ÉTUDES CONTRADICTOIRES SUR LE RISQUE CARDIOVASCULAIRE INDUIT PAR UNE CARENCE (BÊTACAROTÈNE, ACIDE FOLIQUE, VITAMINES D ET B) OU UN EXCÈS (VITAMINE E) DE MICRONUTRIMENTS NE PERMETTENT PAS D’APPORTER DE PREUVES SUR LEUR CARACTÈRE BÉNÉFIQUE.

LA LEVURE DE RIZ ROUGE

LA LEVURE DE RIZ ROUGE DIMINUE LE TAUX DE CHOLESTÉROL SANGUIN EN RAISON DE LA PRÉSENCE DE LOVASTATINE (MONACOLINE K). ELLE EXPOSE CEPENDANT AUX MÊMES EFFETS SECONDAIRES QUE LES STATINES (RHABDOMYOLYSE), C’EST POURQUOI L’AGENCE NATIONALE DE SÉCURITÉ SANITAIRE DE L’ALIMENTATION, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TRAVAIL (ANSES) PRÉCISE QUE LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES À BASE DE LEVURE DE RIZ ROUGE NE DOIVENT PAS ÊTRE UTILISÉS, NOTAMMENT EN CAS D’ASSOCIATION AVEC DES STATINES OU CHEZ DES PATIENTS N’AYANT PAS SUPPORTÉ UN TRAITEMENT PAR STATINE.

LES ALIMENTS ENRICHIS EN PHYTOSTÉROLS

LES PHYTOSTÉROLS RÉDUISENT LE TAUX DU CHOLESTÉROL SANGUIN PAR COMPÉTITION AVEC CE DERNIER AU NIVEAU INTESTINAL. DE NOMBREUX ALIMENTS ENRICHIS EN PHYTOSTÉROLS (BEURRE, MARGARINE, ETC.) PRÉSENTENT DES ALLÉGATIONS DE SANTÉ CARDIOVASCULAIRE. TOUTEFOIS, L’ANSES INDIQUE QU’AUCUNE ÉTUDE NE MET ACTUELLEMENT EN ÉVIDENCE LEUR EFFET PRÉVENTIF SUR LE RISQUE CARDIOVASCULAIRE.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Qu’auriez-vous répondu ?
Le médecin de Jean vient de le mettre sous traitement antihypertenseur et lui a donné des conseils afin d’adapter son alimentation. Jean interroge son pharmacien :
– Je me souviens que mon grand-père utilisait un sel de régime. Je pourrais saler mes aliments avec ?
Réponse : Les sels de régime peuvent être utilisés dans certains cas mais seulement sur avis médical. Le pharmacien doit conseiller à Jean d’en parler avant avec son médecin car les sels de régime ne peuvent pas être conseillés systématiquement aux patients hypertendus du fait qu’ils contiennent du potassium et sont donc contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale et en cas de prise de certains médicaments (diurétiques hyperkaliémiants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, etc.). Le mieux est de conseiller à Jean de limiter la quantité de sel dans son alimentation et de lui donner des astuces pour le remplacer telles que l’utilisation d’épices.

ALIMENTATION ET PATIENT SOUS AVK

Alimentation et patient sous AVK
Les médicaments antivitamine K (AVK) sont des anticoagulants qui empêchent la synthèse des facteurs de coagulation vitamine K dépendants. La prise d’AVK ne contraint pas à un régime particulier, cependant il est nécessaire de faire attention aux aliments riches en vitamine K car ils risquent de perturber l’INR. Ainsi, les brocolis, le chou vert, la laitue, le cresson, le persil, les épinards, les choux de Bruxelles et les huiles de colza et de soja doivent être consommés de façon modérée et en les évitant sur plusieurs repas consécutifs. Les périodes estivales ou les périodes d’un régime amaigrissant sont à risque car ces aliments d’origine végétale risquent soudainement d’être consommés en grande quantité.

INFOS CLÉS

infos clés
La prévention du risque cardiovasculaire passe, au niveau de l’alimentation, par :

• une restriction des aliments riches en sel (ne pas dépasser un apport de 5 g de sel journalier) ;

• l’augmentation des apports en oméga 3 pour tendre vers un rapport oméga 6/oméga 3 égal à 5 ;

• la perte de poids en cas de surpoids ou d’obésité.
ATHéROSCLéROSE
Formation de plaques d’athérome constituées de lipides (LDL essentiellement) qui peuvent aboutir à l’obstruction des artères.

MALADIES DIGESTIVES 

MALADIE RÉNALE CHRONIQUE 

Mme D., 70 ans, est atteinte d’une maladie rénale chronique depuis peu :–Je souhaiterais acheter des compléments alimentaires à base de phosphore, c’est ma petite fille qui me les a recommandés car, à mon âge, c’est bien pour fortifier les os.– Dans votre cas, du fait de votre maladie rénale chronique, mieux vaut en parler d’abord à votre médecin car le phosphore doit être évité. La maladie rénale chronique (MRC) passe par différents stades (de 1 à 5) avant d’atteindre l’insuffisance rénale terminale (qui concerne uniquement le stade 5) nécessitant une dialyse ou une transplantation.

STADES 1 À 5 DE LA MALADIE RÉNALE CHRONIQUE

DÈS LE DÉBUT D’UNE MALADIE RÉNALE ET PLUS ENCORE DÈS LE STADE 3, CORRESPONDANT À UN DÉBIT DE FILTRATION GLOMÉRULAIRE (DFG) INFÉRIEUR À 60   ML/MIN/1,73   M 2 , LE SUIVI NUTRITIONNEL EST ESSENTIEL. LA DIÉTÉTIQUE JOUE ALORS UN RÔLE IMPORTANT POUR CONSERVER LES APPORTS NUTRITIONNELS ADAPTÉS ET RALENTIR LA PROGRESSION DE LA MALADIE.

FAVORISER UNE ALIMENTATION ALCALINISANTE

La MRC est associée à une acidose métabolique chronique en raison du rôle du rein dans l’élimination de la charge acide et la reconstitution du stock de bicarbonate. La charge acide alimentaire est surtout liée à la consommation de protéines animales alors qu’une alimentation de type végétarienne est plutôt alcalinisante.
Cette rétention d’acide est responsable de lésions tissulaires (notamment musculo-squelettiques), d’altération du métabolisme protidique et endocrinien, favorisant la dénutrition et l’inflammation chronique.
En pratique : la viande, les fromages, les œufs et les céréales sont plutôt des aliments acidifiants, tandis que les fruits et légumes sont plutôt alcalinisants.

LIMITER LES PROTIDES

En fonction du stade de la MRC, il est généralement conseillé de limiter, de réajuster voire de réduire les apports protéiques. Un régime riche en acides aminés provoque une hyperfiltration glomérulaire qui aggrave la fonction rénale. La consommation habituellement recommandée (y compris dans la population générale) est de 0,8 g de protéines par kg et par jour soit 50 g pour une femme de 60 kg et 60 g pour un homme de 75 kg.
Avec l’aide d’un diététicien et après consultation d’un néphrologue, il peut être proposé au patient des régimes plus restreints en protéines.
En pratique : les légumineuses sont une source intéressante de protéines végétales mais doivent parfois être limitées si les taux de phosphore et de potassium sont élevés.

LIMITER LES APPORTS EN SODIUM

Un régime restreint en sodium est indispensable : d’une part, parce que les patients avec une MRC sont souvent hypertendus et, d’autre part, parce que la protéinurie, facteur de risque d’aggravation, peut être réduite avec la baisse de la charge en sel.
En pratique : consommer moins de 5 g par jour de sel.

LIMITER LE POTASSIUM ET LE PHOSPHORE

Aux stades symptomatiques de la MRC, correspondant aux stades d’insuffisance rénale chronique (IRC), le potassium et le phosphore sont difficilement éliminés.
L’hyperkaliémie (K+ > 5 mmol/l) peut induire des troubles du rythme cardiaque. Certains choix alimentaires pourront être effectués sur avis médical pour limiter voire réduire l’apport en potassium (voir encadré page 12)
L’hyperphosphorémie, par un mécanisme complexe faisant intervenir la parathormone (PTH), la vitamine D et le calcium, altère les vaisseaux et les autres tissus (yeux, valves cardiaques, peau, articulations). Une enquête alimentaire pourra être réalisée par l’équipe médicale avant une nouvelle orientation nutritionnelle.

EN CAS D’ANÉMIE

UNE ANÉMIE PAR CARENCE EN FER OU PAR DÉFICIT EN ERYTHROPOÏÉTINE EST SOUVENT RETROUVÉE EN CAS D’IRC. UNE AUGMENTATION DES APPORTS EN FER VIA L’ALIMENTATION OU PAR SUPPLÉMENTATION PEUT DONC AUSSI ÊTRE INSTAURÉE, LE PLUS SOUVENT EN Y ASSOCIANT UN APPORT EN FOLATES ET EN VITAMINE B12.

LES APPORTS EN LIQUIDE

A CES STADES, LE PATIENT NE DOIT PAS ENCORE LIMITER SA CONSOMMATION D’EAU, MAIS NE DOIT PAS NON PLUS LA FORCER.

PATIENT SOUS DIALYSE
L’objectif est de lutter contre la dénutrition protéino-énergétique. Au fur et à mesure de la progression de l’IRC, les anomalies du métabolisme protéique et énergétique provoquent une accumulation de déchets et de toxines qui contribuent à l’installation de la dénutrition. Au stade de la dialyse, une dénutrition sévère est présente chez 25 % des patients et met en jeu le pronostic vital. Il est essentiel de bien se nourrir et d’avoir une alimentation variée.

APPORT PROTÉINO-ÉNERGÉTIQUE

CHEZ LE PATIE NT DIALYSÉ, LES BESOINS QUOTIDIENS SONT DE 35 À 40 CALORIES/KG PAR JOUR ET 1,2 À 1,4   G DE PROTÉINES/KG PAR JOUR. SI LE PATIENT SOUFFRE DE DÉNUTRITION PROTÉINO-ÉNERGÉTIQUE, UN COMPLÉMENT NUTRITIONNEL ORAL SPÉCIFIQUE PEUT ÊTRE PRESCRIT (FORTIMEL, DELICAL, FRESUBIN, ETC.).

ENTRE LES SÉANCES

La dialyse corrige l’accumulation d’eau dans les tissus (œdèmes) à condition que l’apport en eau entre 2 séances de dialyse soit modéré. La consommation d’eau doit être adaptée en fonction de la diurèse. Boire dans des petits contenants, par petites gorgées et sucer des glaçons peuvent aider à diminuer la sensation de soif.
Toujours veiller à contrôler l’apport en phosphore et conserver une alimentation riche en calcium et en vitamine D. L’utilisation de chélateurs de phosphore (Renagel, Fosrenol, Renvela, etc.) sous avis médical est parfois envisagée.
Contrôler l’apport en potassium. Des chélateurs de potassium (Kayexalate) peuvent aussi être prescrits.
En cas de dialyse péritonéale, l’apport en sucres rapides doit être modéré (car la solution de dialyse contient du glucose).

PATIENT TRANSPLANTÉ

Après la transplantation, l’alimentation doit être variée. Les restrictions sur la consommation en eau et sur les apports en potassium et phosphore sont levées.
En raison de l’instauration des immunosuppresseurs visant à prévenir le rejet du greffon, les fruits et les légumes doivent être lavés correctement et la consommation en graisses saturées et sucres rapides doit être restreinte.
En pratique : augmenter la consommation en fruits et légumes, limiter la consommation de charcuterie, de fromages et de pâtisseries et éviter les agrumes.

INFOS CLÉS

infos clés

• La surveillance de l’état nutritionnel est indispensable afin de dépister une dénutrition.

• L’alimentation est adaptée en fonction du stade de la maladie, des résultats biologiques et des habitudes de chaque patient.

• En cas de dialyse, les besoins nutritionnels du patient sont augmentés, notamment en calories et en protéines. L’apport en eau doit être surveillé.

VRAI/FAUX

vrai/faux
Mme D., diagnostiquée d’une maladie rénale à un stade précoce, doit boire le moins possible.
Réponse : Faux. En effet, Mme D. doit maîtriser mais ne doit pas restreindre ses apports en eau. En pratique, Mme D. doit boire à sa soif, sans se forcer, en fractionnant ses boissons sur l’ensemble de la journée. Attention au choix de l’eau qui doit être minérale ou du robinet (pas d’eau de source), de bonne qualité chimique et bactériologique et pauvre en sel (< 50 mg/L).

LES DIFFÉRENTS STADES DE LA MALADIE RÉNALE CHRONIQUE (MRC)

Les différents stades de la maladie rénale chronique (MRC)

MRC

MRC

IRC LÉGÈRE À SÉVÈRE

IRC SÉVÈRE

IRC TERMINALE

STADE 1

STADE 2

STADE 3

STADE 4

STADE 5

STADE 5 D

DFG (en ml/min/1,73 m2)
Plus de 90
60 à 89
30 à 59
15 à 29
Moins de 15
Entre 10 et 5
Symptômes cliniques
Pas de symptôme
Pas de symptôme
Fatigue, perte d’appétit, démangeaisons
Fatigue, perte d’appétit, démangeaisons
Insomnie, gêne respiratoire, démangeaisons et vomissements
L’épuration extrarénale par dialyse permet de diminuer les signes cliniques présents
* Le critère de décision du début de la dialyse prend à la fois en compte les résultats biologiques et les résultats cliniques (dont le DFG).

ALIMENTS À FORTE TENEUR EN PHOSPHORE OU POTASSIUM

Aliments à forte teneur en phosphore ou potassium

PHOSPHORE

POTASSIUM

Fromages à pâte dure : parmesan, chèvre sec (+ sel)
Viandes et abats (+ protéines), viande séchée (+ sel)
Charcuteries : pâté, saucisse (+ sel)
Poissons et fruits de mer : bar, saumon fumé, sardine à l’huile, crabe, seiche (+ sel)
Aliments transformés (+ sel)
Certains fruits : banane, fruits secs, kiwi, raisin noir
Certains légumes : artichaut, épinard cuit, courge, tomate
Les aliments complets : pâtes, pain, céréales
Légumineuses, pomme de terre et chocolat
Aromates déshydratés et sels diététiques

TROUBLES DE L’HUMEUR 

Magali, à la suite d’une rupture sentimentale, n’a pas le moral et se demande si un changement d’alimentation, en parallèle de la rhodiole qu’elle prend déjà, pourrait l’aider à aller mieux.–Il paraît qu’une alimentation méditerranéenne riche en fruits et légumes pourrait améliorer mon moral. Est-ce vrai ? – En effet, des études récentes ont montré que l’alimentation de type méditerranéenne jouerait un rôle protecteur vis-à-vis des troubles de l’humeur tels que des symptômes dépressifs. Un nombre conséquent de facteurs biopsychosociaux et de modes de vie influent sur les pathologies psychiques, au sein desquels l’exercice physique, le sommeil et l’alimentation occupent des places importantes. Des études observationnelles et des méta-analyses ont montré un lien étroit entre l’alimentation de type méditerranéen et la protection contre la survenue de troubles dépressifs et anxieux.

L’HYPOTHÈSE INFLAMMATOIRE

De plus en plus soulevée par les chercheurs, l’hypothèse inflammatoire suppose qu’un état inflammatoire de bas grade et persistant entraînerait des troubles neuropsychiatriques. Une alimentation dite « anti-inflammatoire » pourrait ainsi prévenir certains troubles de l’humeur ou être associée aux traitements antidépresseurs. Elle est proche de l’alimentation méditerranéenne. Ainsi, céréales complètes, fruits et légumes frais, noix et produits laitiers faibles en graisses saturées feraient partie des aliments anti-inflammatoires et seraient donc protecteurs. A contrario, une alimentation riche en produits transformés (plats préparés, fritures, pâtisseries et sodas), en acides gras saturés (huiles de palme et de coco ou beurre) et sucres simples (bonbons, barres de céréales) engendrerait une inflammation chronique silencieuse au niveau intestinal et, par la suite, une inflammation cérébrale.

LES MICRONUTRIMENTS

SUR UNE APPROCHE MICRO-NUTRIONNELLE, DEVRAIENT AINSI ÊTRE PRIVILÉGIÉS :

– Les acides gras polyinsaturés et, en particulier, les oméga 3 car ils contribuent à la synthèse de molécules anti-inflammatoires. Ils se trouvent dans les huiles d’olive et de colza pressées à froid, la sardine et le maquereau en conserve, les noix, les noisettes ou encore les légumes à feuilles.
– La vitamine D car elle joue un rôle régulateur de l’inflammation. Elle se trouve dans la truite, le saumon, le hareng, les maquereaux et, dans une moindre mesure, le lait entier, les œufs et le chocolat noir à 70 %.
– La vitamine B12 (présente dans les œufs, la volaille, les huîtres, le lait et les graines entières) et la vitamine B9 ou acide folique (en majorité dans les légumes à feuilles vertes) dont les déficits sont corrélés aux troubles de l’humeur. La vitamine B9 améliore la synthèse de la sérotonine. Une carence peut entraîner une réponse moindre aux traitements antidépresseurs.
– Le magnésium car il joue un rôle essentiel dans la régulation nerveuse. Il est présent notamment dans les légumineuses, les pois chiches, les bananes et les amandes. Une supplémentation est souvent recommandée en cas d’anxiété pathologique.
– Le zinc car c’est un antioxydant qui va limiter l’inflammation. Il est essentiellement retrouvé dans les aliments riches en protéines (coquillages, crustacés, mollusques, volaille, œufs, etc.).
– Les polyphénols du fait de leurs propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Ils sont essentiellement présents dans les fruits, les noix, les noisettes, les amandes, les lentilles, les haricots rouges, le thé vert et le café.

LE RÔLE POTENTIEL DU MICROBIOTE INTESTINAL

Le rôle potentiel du microbiote intestinal
200 millions de neurones tapissent les parois de notre intestin. Ce système nerveux entérique communique de manière étroite avec le système nerveux central. Des arguments indirects suggèrent ainsi que l’écosystème intestinal (microbiote, mucus et barrière intestinale) influence l’anxiété, l’humeur et les troubles psychotiques. Or l’alimentation est l’un des facteurs clés pouvant exercer une action sur la composition du microbiote intestinal. Les psychobiotiques (dont les probiotiques et les polyphénols) représentent une nouvelle classe de micronutriments de plus en plus étudiés qui vont rétablir l’écosystème intestinal et donc potentiellement influencer la réponse comportementale de l’individu.

INFO CLÉ

info clé

• Privilégier une alimentation anti-inflammatoire et rééquilibrer le microbiote intestinal pourraient prévenir et améliorer les troubles anxieux et dépressifs.

INTERVIEW 

Le jeûne peut-il être proposé à des fins thérapeutiques dans certaines pathologies chroniques ?
Le jeûne est déjà proposé dans certaines pathologies inflammatoires ou encore dans le diabète dans certains pays comme l’Allemagne, la Suisse, les pays scandinaves ou encore le Japon. Il n’est en revanche pas proposé actuellement en France. Les études menées en France n’ont en effet, pour le moment, pas montré de résultats probants. En 2014, l’Inserm a publié le rapport « L’évaluation de l’efficacité de la pratique du jeûne comme pratique à visée préventive ou thérapeutique » et il n’en ressortait pas de guérison durable même si des améliorations temporaires ont pu être observées, notamment pour des pathologies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde. Certaines études ont même montré un effet délétère du jeûne. C’est le cas des conclusions de la synthèse réalisée en 2017 par le réseau National alimentation cancer recherche (NACRe) soutenu par l’Institut national du cancer (INCa). Pour le moment, le jeûne apparaît surtout comme dangereux, notamment chez des patients pour lesquels un changement d’alimentation peut entraîner un déséquilibre de leur maladie comme dans le diabète ou un affaiblissement de l’état général comme en cas de cancer. En effet, dans cette dernière situation, le jeûne peut entraîner une sous-nutrition, voire une dénutrition, ainsi qu’une diminution du système immunitaire et une dégradation de l’état musculaire.

Pensez-vous que le jeûne puisse tout de même avoir un avenir dans les pathologies chroniques en France ?
C’est possible mais il faudra encore mener des études. Il ne faut pas oublier qu’initialement, le jeûne n’a pas de vocation thérapeutique mais une vocation spirituelle et qu’il peut être complet ou partiel. Lorsqu’il est à vocation spirituelle, un jeûne de 48 à 72 heures chez un sujet jeune et en bonne santé n’a a priori pas d’effet délétère sur le long terme. Il faut en revanche se méfier des jeûnes plus longs et de certains jeûnes partiels qui peuvent entraîner des carences. Il est également déconseillé au-delà de 24 heures chez le sujet âgé de plus de 65-70 ans. Finalement, je pense que le message à faire passer est que, pour un maintien en bonne santé, l’important est surtout d’apprendre à bien manger et sans excès plutôt que d’apprendre à jeûner.
D r Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques, chef du service nutrition et activité physique de l’Institut Pasteur de Lille (Nord)