Endettement et rentabilité : un équilibre à respecter

Réservé aux abonnés
Publié le 23 mai 2020
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Dans le cadre d’un projet d’installation, l’acheteur doit s’interroger sur le juste prix, son apport et la rémunération attendue. Les écarts de prix « économique » du fonds sont importants en fonction de la taille de l’affaire.

Si l’apport personnel augmente en valeur absolue avec la taille de l’officine à acquérir, il diminue en valeur relative pour une grande pharmacie en raison de sa meilleure rentabilité. Ainsi, plus l’officine est importante et rentable, plus l’acquéreur peut se permettre de payer un prix élevé. Le marché a depuis longtemps intégré dans les prix de cession la notion de « taille » des officines, mais il est indispensable que les acquéreurs tiennent compte des critères de rentabilité.

Dans un processus d’acquisition, il est nécessaire de privilégier le revenu et d’adapter le projet en fonction de l’apport. Autrement dit, de s’orienter vers une taille de pharmacie en adéquation avec le montant de son apport. L’attention doit aussi être portée sur le rapport entre l’endettement et la rentabilité : si le niveau d’endettement devient trop élevé au regard de la rentabilité, la variable d’ajustement sera inévitablement le prix d’acquisition.

Capacités de remboursement et d’endettement vont de pair

Le réseau CGP a mené des analyses comparatives sur trois officines aux chiffres d’affaires (CA) différents. Les rentabilités sont en adéquation avec leur taille (voir tableau). CGP met ainsi en lumière l’équilibre à respecter entre endettement et rentabilité.

La rémunération du pharmacien titulaire est fixée à :

Publicité

– cas n° 1 : 800 k€ de CA pour 66 k€ de rémunération ;

– cas n° 2 : 1,6 M€ de CA pour 72 k€ de rémunération ;

– cas n° 3 : 2,4 M€ de CA pour 84 k€ de rémunération.

L’effet « taille » joue à plein et, du fait de la rentabilité dégagée, l’officine de 2,4 M€ de CA absorbe facilement les 84 k€ de rémunération, tout en ménageant une capacité de remboursement maximum de 219 400 € par an après impôts (contre 133 288 € dans le cas n° 2 et 39 976 € dans le cas n° 1). Plus la capacité de remboursement est importante, plus la capacité d’endettement est élevée. Elle est de 82 % du CA HT dans la grande officine, de 74 % dans la moyenne et de 44 % dans la plus petite. En croisant endettement et rentabilité, il est observé que la pharmacie de 2,4 M€ est financée à hauteur de 6,74 fois l’excédent brut d’exploitation (EBE) retraité (après rémunération du titulaire), contre 6,97 fois pour l’officine moyenne et 7,18 fois pour la petite officine. Au-delà de ces trois valeurs, la rémunération souhaitée par l’acquéreur ne sera plus garantie.