Une reprise d’officine pas comme les autres

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Publié le 11 décembre 2021
Par Francois Pouzaud
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Gilles Bonnefond, figure syndicale de la profession, a cédé sa pharmacie de Montélimar (Drôme) à ses deux anciens adjoints. Une transmission réussie dans tous les sens du terme.

Je n’ai pas seulement transmis mon officine à deux jeunes diplômés, je leur ai transmis également la fibre militante », sourit Gilles Bonnefond, ancien titulaire de la pharmacie Sainte-Croix à Montélimar (Drôme) et désormais jeune retraité après 35 ans de titulariat dans cette officine. Ayant été à bonne école syndicale, Louis Bosson (26 ans) et Lionel Aumont (27 ans), tous deux adjoints dans cette pharmacie, partagent les mêmes valeurs et la même vision du métier que Gilles Bonnefond, ex-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui a également passé la main en mai 2021. Les responsabilités syndicales n’attendent pas le nombre des années lorsque vous avez à vos côtés un président impétueux qui vous aide, là aussi, à mettre le pied à l’étrier. Louis est président de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de la région de Montélimar et Lionel, membre du bureau du syndicat des pharmaciens de la Drôme.

« Quand je suis arrivé en 2018 à la pharmacie Sainte-Croix, dès l’entretien d’embauche, Gilles Bonnefond m’avait déjà soumis l’idée de la reprise de son fonds de commerce », se souvient Louis. Il a eu la même démarche et la même attention avec Lionel lorsqu’il a rejoint l’équipe au printemps 2020 pour lui prêter main-forte avec la pandémie. « A l’époque, je préparais ma thèse et j’étais rentré à Montélimar pour me confiner au domicile familial », raconte-t-il.

Point commun entre Louis et Lionel : ces deux jeunes diplômés ont été sur le même banc de la faculté de pharmacie de Grenoble (Isère) dont la filière officinale est très orientée sur la pharmacie clinique et les services. « Nous avons été la première promotion à sortir avec une équivalence de diplôme d’éducateur thérapeutique en poche et des compétences vaccinales », souffle Lionel, également titulaire d’un master management et administration des entreprises de l’institut d’administration des entreprises (IAE) de Grenoble.

Une pharmacie façonnée à leur guise

Ces deux pharmaciens aspirent à développer « tous azimuts » les services et nouvelles missions et à exercer leur rôle de conseiller, d’accompagnateur et d’expert dans tout ce qui a trait au médicament. « Gilles Bonnefond a été facilitateur, car il nous a laissé les rênes de sa pharmacie pour mettre en place toutes les nouvelles orientations du métier », reprend et apprécie Louis qui, après la cession de la pharmacie Sainte-Croix, se voyait bien poursuivre une carrière d’adjoint, ailleurs.

Ce qui n’était pas le cas de Lionel qui, avec son âme d’entrepreneur, voulait s’installer rapidement. Façonner pendant deux ans la pharmacie à leur image et à leurs envies a été une expérience déterminante dans leur décision de reprise et de poursuite de l’aventure ensemble.

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Malgré sa taille moyenne et la présence de six préparateurs, cette affaire est viable pour deux cotitulaires qui se rémunèrent un peu plus que leur ancien salaire d’adjoint. « Nous n’effectuons pas de grosses dépenses car nous n’avons pas à subvenir aux besoins d’une famille », ajoute Louis. « Je n’ai pas cherché à optimiser la vente de ma pharmacie en trouvant la meilleure offre, c’est très confortable de céder une affaire dans ces conditions, à des jeunes qui rentrent dans le métier, s’investissent et connaissent bien la clientèle de la pharmacie », confie Gilles Bonnefond. Le business plan de Louis et Lionel table davantage sur une croissance de l’excédent brut d’exploitation (EBE) que du chiffre d’affaires.