Qui dit évolution du métier dit changement d’approche

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Publié le 18 décembre 2021
Par Francois Pouzaud
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Les missions qui s’élargissent sont une opportunité de développement, quel que soit l’âge ou le profil du pharmacien. Cette nouvelle dimension professionnelle n’est pas sans conséquence sur la façon de rechercher une officine et sur les projets de reprise.

Les jeunes générations de diplômés sont plus inspirées par ce nouveau champ professionnel qu’offrent les services car déjà formées à cette perspective », observe Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial. Ainsi, dans les critères de recherche d’une officine, la question de son organisation spatiale pour l’adapter aux nouvelles missions devient un sujet central. Par exemple, « l’accueil des patients est une préoccupation forte des acquéreurs qui ont décidé de s’investir dans les nouvelles missions et d’anticiper toutes les évolutions professionnelles », explique-t-il.

Cette stratégie révélée par la crise sanitaire a transformé le regard sur les pharmacies. « Les officinaux prennent conscience de points de faiblesse qu’ils ignoraient auparavant, car ils étaient centrés sur la dispensation », ajoute l’expert-comptable. Cette prise de conscience contribue à la tension sur les prix quand il s’agit de convoiter une affaire de plus de 2 M€ dont la surface va très souvent de pair avec la taille… y compris de celle des équipes officinales.

« Ce que l’on doit valoriser aujourd’hui dans une officine, ce sont les perspectives de croissance de la pharmacie à moyen et long termes, sa capacité à se diversifier et à élargir son offre, estime Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie-santé des Echos Etudes. L’acquéreur a-t-il la possibilité de racheter un espace attenant ou de procéder à un transfert vers une surface plus importante ? C’est l’une des grandes problématiques des nouveaux services et des nouvelles missions : une officine, même rentable, qui n’offre pas de potentiel de croissance, n’intéresse pas les pharmaciens investisseurs. Ou alors, il s’agit d’une officine destinée à une primo-installation ! »

« Acquérir une pharmacie est un projet nécessitant l’intégration, par le titulaire, d’un développement futur, ajoute Philippe Becker. De ce fait, le premier regard que l’on doit porter avant d’acheter vise les contraintes et opportunités d’accroître la surface à moindre coût. Il va de soi que le néotitulaire a intérêt à développer un bon relationnel avec son voisinage, on ne sait jamais ! »

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Plus de regroupements, de transferts et d’associations

Ce besoin accru de transformer l’outil de travail, de l’adapter aux nouvelles missions et orientations du métier se traduit notamment par une augmentation des regroupements de pharmacies. « Ils répondent à la recherche d’une certaine taille critique et à la nécessité de disposer de moyens supplémentaires pour élargir l’offre de produits (vers le hors monopole) et diversifier les services aux patients, continue Hélène Charrondière. Par ailleurs, on observe depuis plusieurs années une dynamique en faveur des mégapharmacies, ce qui intensifie la concurrence entre pharmacies et accélère cette tendance aux regroupements. »

La propension à transférer pour s’agrandir, parfois rapidement, dès les toutes premières années qui suivent l’installation, ou à s’associer est également de plus en plus prégnante. « Regroupements, transferts et associations ont le vent en poupe, car l’évolution du métier de pharmacien conduit à une diversification et à un élargissement de ses activités », appuie-t-elle. Les chiffres de l’Ordre en attestent : le nombre d’officines exploitées en association a connu une augmentation de 53 % entre 2008 et 2020.

« Le soutien des enseignes est clé, car elles aident à trouver les financements au travers de leurs boosters d’apport. Et elles apportent des conseils et des concepts clés en main », souligne Hélène Charrondière.