RSE

La Brosserie Française

Réservé aux abonnés
Publié le 1 juillet 2022
Par Fabienne Colin
Mettre en favori

L’entreprise centenaire La Brosserie Française a, depuis 2013, rapatrié sa production en France et revu son offre dans le cadre d’une stratégie écoresponsable. Et ça décoiffe !

Signe de bonne santé, La Brosserie Française, à 175 ans passés, recommence à acheter des machines pour fabriquer des brosses à dents. « Nous sommes dans une démarche de renouvellement de l’outil de production. Cela faisait vingt ans qu’une telle machine neuve n’était pas arrivée en France », explique fièrement Olivier Remoissonnet, dg de l’entreprise basée à Beauvais (Oise). Depuis 2021, l’usine, la plus vieille de France en matière d’articles de brosserie et qui fabrique notamment les produits de sa marque historique Bioseptyl, modernise son parc industriel avec des machines « moins énergivores, plus productives et plus polyvalentes (bois, plastique), ce qui permet davantage de réactivité », précise-t-il. En 2022, les investissements continuent. « Il s’agit d’automatiser davantage le conditionnement », poursuit celui qui vise un chiffre d’affaires de 6,5 M€ en 2022.

Une production relocalisée.

Pour en arriver là, la stratégie est à la fois audacieuse et très moderne… En 2012, quand l’entreprise, née en 1845 sous le nom de “Fabrique de brosses à dents”, est placée en redressement judiciaire, elle est reprise par trois salariés, qui font le pari de rapatrier la production en France alors que l’essentiel était fabriqué en Chine. A l’époque, la marque Bioseptyl était vendue en grandes surfaces. « Elle a pesé jusqu’à 12 % de parts de marché dans les années 90 », rappelle Olivier Remoissonnet. De quoi imprimer l’inconscient collectif des Français ! Pour réussir la relocalisation, l’entreprise met fin à son modèle calé sur celui de la GMS centré sur les volumes et les prix bas. A la place, le trio de dirigeants entend démontrer « qu’un produit de grande consommation comme une brosse à dents peut être non seulement “made in France”, mais aussi adossé à des valeurs écocitoyennes fortes, sans compromis sur l’expertise et la technicité revendiquée depuis plus de 170 ans », argumente Olivier Remoissonnet. Fort de ces convictions, la production revient à Beauvais et l’entreprise décroche le label “Origine France Garantie”.

Des valeurs écoresponsables.

Aujourd’hui, toute l’usine est alimentée en énergie verte, via une électricité issue de parcs éoliens et hydroliens. « Nous recyclons la chaleur des moteurs des machines pour contribuer au chauffage de l’atelier l’hiver, nous recyclons nos cartons avec nos fournisseurs… Toutes nos brosses à dents sont à base de plastique recyclé ou de bioplastiques, issus, par exemple, de la coquille Saint-Jacques (NdlR, mais aussi de lin ou de liège, ou de bois déclassé dans les scieries) », égrène le dirigeant, dont la société adhère aussi à la démarche EnVol (Engagement Volontaire de l’entreprise pour l’environnement), qui garantit un programme d’amélioration continue. Dans cette même logique, Bioseptyl a financé l’analyse de son bilan carbone par une experte agréée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). « Et le résultat porte la démonstration que le “made in France” écocitoyen peut réduire par quatre les émissions de carbone sur un produit qu’on a tous les jours entre les mains », se réjouit Olivier Remoissonnet.Pour accompagner la transition écologique des consommateurs, Bioseptyl s’est doté de trois lignes : “La Recyclette” en plastique recyclé à premier prix, “Dubois” à base de bois issu de forêts écogérées en France en milieu de gamme, et enfin la plus chère, “Edith”, avec une tête interchangeable en plastique recyclé et au manche en bioplastique. Tous ces produits sont en étui de carton. Exit le plastique. Plus récemment, la société a créé une marque de brosses à cheveux (bois de hêtre et poils de sanglier), baptisée “1845”, et une de brosserie pour animaux, “Empreinte”.

Une distribution plus sélective.

Au-delà de la production, la stratégie commerciale a été remise à plat. Terminé les ventes en GMS, Bioseptyl “nouvelle génération” a d’abord été vendue en ligne et sur abonnement. Ensuite, la marque a élargi sa présence vers des boutiques plus à même d’expliquer le savoir-faire et de véhiculer son image comme les magasins bio (1600 portes), et depuis 2021 en officines, où elle est désormais distribuée par des agents indépendants (et non plus par le réseau Terra Medical). Mais, surtout, Bioseptyl propose à ses quelque 250 pharmacies clientes d’offrir aux patients une solution concernant la fin de vie des produits. Un collecteur permet aux consommateurs de rapporter toutes leurs brosses usagées (même celles des autres marques) afin que le recyclage soit piloté par le fabricant. Un engagement citoyen ! « Nos produits doivent faire du bien au consommateur, mais aussi aux équipes qui travaillent à l’environnement », insiste le dirigeant. « Un ESAT (établissement et service d’aide par le travail) d’une dizaine de personnes partage déjà notre vie dans l’usine, les salles de pauses, les vestiaires […] dans une démarche visant à accompagner les personnes dans un retour au travail ordinaire », ajoute Olivier Remoissonnet qui est, par ailleurs, président du Club des entreprises inclusives dans l’Oise. Autour de l’usine, le site est entretenu par un système d’éco-pâturage et héberge cinq ruches. On l’aura compris, ce n’est pas seulement pour le buzz et la brosse à reluire !

Publicité

+ de 8 millions

C’est la quantité que la Brosserie Française prévoit de produire en 2022.