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Quelles règles pour les influenceurs officinaux ?
De MyBabyPharm aux Conseils pharma de Léa, des influenceurs issus de l’officine ont investi les réseaux sociaux pour partager avis, conseils et routines. Mais des règles sont à respecter.
Qui sont ces influenceurs ?
Un influenceur est une « personne qui influence l’opinion, la consommation par son audience sur les réseaux sociaux », indique le dictionnaire Le Robert. Des pharmaciennes, identifiées comme telles sur leurs pages personnelles, ont investi les réseaux sociaux, Instagram notamment, à titre privé. « La plupart des influenceurs officinaux optent pour des conseils sur l’hygiène – Comment nettoyer bébé ? –, des routines beauté, sportives ou culinaires – Dans quels aliments trouve-t-on des vitamines ? », constate Marie Turchi, responsable marketing et social media chez Itekpharma.
Docteure en pharmacie, formée en naturopathie, Laura Amar (MyBabyPharm) s’est emparée du créneau « maternité/bébé » avec succès et compte plus de 43 000 abonnés. Du « syndrome du biberon » à « la césarienne », en passant par « l’acide folique, quelle forme choisir ? », ses posts allient informations santé et conseils axés sur le naturel. Les Conseils pharma de Léa, pharmacienne, proposent, eux, informations et routines santé orientées micronutrition ou dermo-cosmétique : « Trois raisons de prendre des probiotiques », « Routine pour les peaux à tendance acnéique », etc. La page comptabilise plus de 60 000 abonnés.
Quelles sont les limites aux conseils ?
« Tu souffres de démangeaisons, de sensations de brûlure, au niveau de la vulve et du vagin ? Tu as des pertes anormales, d’un point de vue texture, couleur, abondance et odeur ? Tu souffres certainement d’une vaginite ». Les Conseils pharma de Léa orienteront ici vers le produit conseil d’une marque qui la rémunère, après un questionnement reflétant celui d’un pharmacien au comptoir. Son conseil n’excédant pas sa fonction, donc. « Préparateurs et pharmaciens doivent veiller à ne pas faire de diagnostic, ou ils pourraient tomber dans l’exercice illégal de la médecine », souligne Marie Turchi.
Peut-on recommander des produits ?
Sur les produits qui peuvent être vendus ailleurs qu’en pharmacie, comme les compléments alimentaires, des huiles essentielles ou des cosmétiques, la publicité est autorisée mais les informations délivrées doivent être véridiques, loyales, non trompeuses et formulées avec tact et mesure. « On proscrit les fausses promesses : “– 5 kg en un mois” sur les produits minceur, “Disparition des rides en une semaine” sur les crèmes anti-âge », résume Marie Turchi. La prudence doit être de mise, car « sur les réseaux, le conseil n’est pas personnalisé, note Marie Mori, fondatrice de l’organisme de formation Adhocpharma. L’influenceur ignore par exemple si un traitement est en cours ». En cas de partenariat rémunéré, il doit être affiché et la marque doit être clairement identifiée : bandeau au début d’un live, mention « Partenariat rémunéré », etc.
Parler médicaments, c’est possible ?
Dans l’un de ses posts, MyBabyPharm parle d’Inexium. Tout pharmacien qui s’affiche comme tel doit respecter la déontologie de sa profession, et donc ne pas inciter à une consommation abusive de médicaments. La publicité est interdite sur les médicaments remboursables, sur prescription, ou si l’autorisation de mise sur le marché (AMM) comporte une interdiction ou une restriction particulière sur la publicité. En dehors de ces cas, la pub d’un médicament conseil est autorisée sous couvert d’une demande de visa publicitaire. Mais parler d’un médicament sur son profil, est-ce déjà lui faire de la publicité ? Celle-ci est définie par le code de la santé publique comme « toute forme d’information […] ou d’incitation qui vise à promouvoir […] la consommation de ces médicaments ». Concrètement, « MyBabyPharm reprend seulement les termes de la notice et n’incite pas à consommer, analyse Marie Turchi. Son post est explicatif et assorti de mentions appropriées : “Ce post ne remplace pas une consultation avec un professionnel de santé” », etc.
Quel est le bon créneau ?
En l’absence de règles précises, parler de médicaments reste périlleux. Selon Marie Turchi, « la prévention est un bon créneau, qui peut inclure des campagnes de dépistage du cancer, les gestes pour se palper la poitrine, ou encore la lutte contre le tabagisme ». Les médicaments destinés au sevrage tabagique font d’ailleurs figure d’exception : ils peuvent faire l’objet de campagnes de prévention !
NOS EXPERTES INTERROGÉES
→ Marie Turchi, responsable marketing et social media chez Itekpharma, solutions digitales pour les officines.
→ Marie Mori, fondatrice de l’organisme de formation Adhocpharma.
Repères
→ Années 2000 : apparition des premières blogueuses à succès, comme Garance Doré (mode).
→ 2004 : création de Facebook.
→ 2005 : création de YouTube.
→ 2010 : création d’Instagram.
Législation : articles L. 5122-1, R. 4235-30, R. 4235-58 et R. 4235-59 du code de la santé publique sur la communication et la publicité, articles R. 4235-22, R. 4235-63 et R. 4235-64 sur la déontologie du pharmacien, loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, article L. 121-3 du code de la consommation sur les partenariats avec les marques.
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