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La hausse des taux s’emballe…
En août, les taux des emprunts bancaires ont commencé à augmenter et cette tendance devrait encore s’accélérer. En cas de vente, d’investissement ou de restructuration financière, mieux vaut tenir compte d’un tel contexte dans ses décisions.
MÊME SI LA CROISSANCE DES TAUX D’INTÉRÊT DEVRAIT SE POURSUIVRE DANS LES PROCHAINS MOIS, « jusqu’à 3 %, cela n’entraînera pas de risque économique systémique pour les PME », estime Germain Simoneau, président de la Commission financement des entreprises à la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Les taux historiquement bas, inférieurs à 1 %, que l’on a pu observer ces dernières années, représentaient une opportunité économique inédite, d’autant que la rentabilité de l’investissement d’une PME se situe d’ordinaire entre 8 et 10 %, ce qui permet d’absorber largement le coût du crédit… Même discours rassurant du côté des experts-comptables de la pharmacie. « La hausse des taux d’intérêt concerne moins les pharmaciens installés qui continuent à bénéficier de taux avantageux pour leurs emprunts en cours, que les pharmaciens vendeurs », explique Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet AdequA. Un vendeur doit prendre conscience que les taux du marché ont un impact sur l’évaluation de son entreprise et qu’un futur acquéreur inclut désormais ce paramètre dans sa réflexion d’achat. « En obérant les cash-flows futurs, la capacité de remboursement des emprunts des acquéreurs ne peut être maintenue qu’en impactant à la baisse la valeur d’achat », ajoute-t-il.
Taux et prix : des vases communicants ?
Selon sa situation financière, un acquéreur voit sa capacité d’emprunt potentiellement réduite et, par conséquent, le prix qu’il est en mesure d’offrir ! « Par exemple, avec un taux d’intérêt de 2 % au lieu de 1 %, une officine qui aurait été valorisée normalement à 1,5 M€ doit être décotée de presque 4 %, à 1 445 000 €, soit une perte de 55 000 € pour le vendeur, afin de maintenir le business plan financier de l’acquéreur à l’équilibre », illustre-t-il. Pour le moment, le véritable enjeu n’est pas tant de ne pas obtenir le financement, mais plutôt d’en connaître le coût exact. « Avec le manque de visibilité sur l’évolution des taux, les banques consentent à financer le risque pris par l’acquéreur, mais ne s’engagent pas sur le niveau du taux du prêt au-delà de trois semaines. Si bien que nous déposons des dossiers à l’Ordre national des pharmaciens sans connaître le taux qui sera réellement appliqué », reconnaît Nicolas Plumecocq, transactionnaire et dirigeant du cabinet Plumecocq (groupe PSP Pharma). « Compte tenu de l’évolution prévisible des taux, le futur installé doit prévoir un taux maximum à la hausse avec une marge de sécurité plus importante au moment de la signature de la promesse de vente », recommande Jérôme Capon, directeur du réseau Interfimo, qui se veut, par ailleurs, rassurant : « Si le dossier d’acquisition d’une pharmacie est bon, un différentiel de taux de 0,5 point en plus ne remet pas en cause l’accord de la banque. La hausse du taux est plus un problème psychologique pour l’acquéreur ».
Des investissements freinés.
Avec les missions Covid, les pharmaciens installés ont engrangé de la trésorerie (+ 29 000 € en moyenne en 2021, par rapport à 2020, selon Fiducial), ce qui a contribué à augmenter leurs capacités d’investissement. « En 2021, 72 % des officines ont investi et ont dépensé en moyenne 22 019 €, soit 2 619 € de plus que l’année précédente », affirme Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial. Reste que pour financer de gros travaux (investissements supérieurs à 100 000 € dans un robot), restructurer l’endettement de la société et/ou, encore, racheter les titres d’un associé sortant, les pharmaciens installés peuvent avoir besoin de recourir à de lourds endettements. « Et là, la hausse des taux a un impact significatif, alerte Olivier Delétoille. Par exemple, un titulaire doit racheter les titres de son associé après six ans. La société d’exercice libérale (SEL) est valorisée à 1,5 M€. En plus du rachat des titres de l’associé sortant pour 750 000 €, le business plan incite de refinancer sur douze ans l’emprunt résiduel dans la SEL de 500 000 € souscrit au moment de l’installation au taux de 0,70 %. Le remboursement anticipé de l’emprunt de 500 000 € générera des pénalités (à 3 %, cela représente 15 000 €) et le titulaire devra abandonner des conditions de crédit avantageuses à 0,7 %, pour un taux plus proche de 2 %, soit un surcoût supplémentaire de 23 000 € sur cet endettement. » Au vu de cet exemple, certains titulaires seront tentés de conserver leur emprunt initial aux conditions avantageuses (500 000 €) et remboursables sur six ans et de ne souscrire qu’à un emprunt (de 750 000 €) sur douze ans pour le rachat des titres de l’associé sortant. Selon l’expert-comptable du cabinet AdequA, cumuler ainsi deux prêts à rembourser risque entre la troisième et la sixième année de précipiter l’entreprise dans des difficultés financières. « Mieux vaut réétaler l’emprunt initial et englober dans un prêt unique (à taux plus élevé) le capital restant dû et le montant du rachat des titres de son associé. » Il n’y a pas encore péril en la demeure, mais il importe de bien prévoir le financement de son projet pour que la variabilité des taux d’intérêt ne devienne pas un facteur de risque aggravant.
ÉCONOMIE DE L’OFFICINE : QUELLES ÉVOLUTIONS EN 2023 ?
Selon Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet AdequA, trois facteurs conjugués vont impacter significativement l’économie de l’officine en 2023. D’une part, la rentabilité, mesurée par la performance commerciale et de gestion (PCG) ou par l’excédent brut d’exploitation (EBE) avant rémunérations et charges des titulaires, va baisser en valeur. Parce que les activités liées au Covid-19 vont probablement s’amoindrir et que les marges vont se tasser. D’autre part, les frais, notamment de personnel, vont augmenter, dans un contexte inflationniste cumulé à une pénurie de main-d’œuvre. Enfin, les charges financières vont peser davantage dans les comptes de résultats.
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