Il était urgent de se pencher sur les premiers secours

Réservé aux abonnés
Publié le 31 janvier 2009
Mettre en favori

La direction régionale et départementale des Affaires sanitaires et sociale de la région a mesuré l’implication des officinaux en matière de premiers secours. Mais aussi leurs craintes.

Comment les officinaux font-ils face aux cas d’urgence ? Sont-ils bien formés et bien équipés ? Pour le savoir, la Direction régionale et départementale des affaires sanitaires et sociales de Champagne-Ardenne et de la Marne a adressé un questionnaire aux 474 officines de la région (avec un taux de réponse de 93 %)*. Il n’y avait jamais eu d’enquête sur le sujet depuis celle menée dans les années 90 par un pharmacien d’Ile-de-France durant trois ans au sein de sa propre officine !

Problème d’actualisation des connaissances

Premier enseignement : dans la majorité des cas les pharmaciens font face à des cas de brûlures, de plaies ou de malaises. Quand il faut gérer une urgence (hémorragie importante, étouffement, arrêt respiratoire…), 9 sur 10 estiment que cela entre dans leur rôle de professionnel de santé. Avec une attente forte du public selon 93 % des répondants. Cela ne les empêche pas d’exprimer certaines inquiétudes : à 56 %, ils craignent d’engager leur responsabilité professionnelle et à 53 % d’exercer illégalement la médecine. « Ces chiffres révèlent surtout leur crainte de ne pas savoir réagir efficacement, analyse Aissam Aimeur, pharmacien inspecteur de santé publique. Ils peuvent être alors tentés de ne rien faire. Porter assistance à une personne en péril est pourtant une obligation déontologique, inscrite dans le CSP. »

Dans 83 % des officines, au moins un pharmacien déclare avoir bénéficié d’une formation initiale. Mais seules 17 % des officines comptent un pharmacien qui a réactualisé ses connaissances depuis moins de 5 ans. Il faudrait ainsi, face à un problème grave, songer plus fréquemment à appeler le SAMU. « Un urgentiste y est présent en permanence pour donner les premiers conseils par téléphone, définir la gravité du cas, y compris pour les intoxications. » ajoute le pharmacien inspecteur.

Mettre en place des procédures écrites

Côté équipements, 86 % des officines disposent d’un tiroir d’urgence (gants à usage unique, tensiomètre, lecteur de glycémie, sucres en morceaux…). Mais elles sont quasi dépourvues face à une urgence vitale telle qu’une détresse respiratoire ou un arrêt cardiaque : seules 2 % sont équipées d’oxygène médical avec dispositif d’administration et 0,5 % possèdent un défibrillateur automatisé externe.

Les auteurs de l’étude recommandent la mise en place de procédures écrites et la traçabilité systématique des interventions réalisées par les officines. Cela permettrait de compléter la formation du personnel, de conserver une trace dans l’intérêt de la victime et de faire évoluer le contenu du tiroir d’urgence voire de la trousse mobile d’intervention s’il en existe une. Et de mieux quantifier les services rendus par les pharmaciens.

Publicité

* La synthèse de l’enquête est sur http://champagne-ardenne.sante.gouv. fr/ddass/fr/drass/sante/page/pharma/dossiers/premiers_secours_off/stru/index.html