Méthadone et risques d’overdoses : n’oubliez pas la naloxone

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Méthadone et risques d’overdoses : n’oubliez pas la naloxone

Publié le 16 juillet 2020
Par Anne-Hélène Collin
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La méthadone est, depuis 10 ans, la substance la plus impliquée dans les décès chez les usagers de drogues avec plus de 1 100 morts sur 10 ans, et un taux de décès estimé à 2,7 pour 1 000 patients exposés. C’est 8 fois plus que pour la buprénorphine (et 4,5 fois plus que pour l’héroïne), rapportent l’étude DRAMES (pour Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances) de 2018 et le compte-rendu du Comité permanent des stupéfiants, psychotropes et des addictions, publiés ce 16 juillet par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Par ailleurs, entre 2000 et 2007, les hospitalisations liées à la méthadone en France ont été multipliées par 5,4 (données du Programme de médicalisation des systèmes d’information).

En parallèle d’une augmentation de la morbi-mortalité liée à la méthadone, le compte-rendu de l’ASNM met en avant une augmentation du nombre de patients traités par méthadone, mais aussi une augmentation de son obtention illégale. Pour preuve, le recours simultané à des prescripteurs différents sur une même période pour obtenir des quantités plus importantes de médicament (comportement de « Doctor-shopping ») est en hausse pour la forme gélule (x7 entre 2009 et 2015), malgré une légère baisse pour la forme sirop.

« Actuellement, c’est la véritable urgence, s’inquiétait Joëlle Micallef, présidente du réseau français d’addictovigilance, dans l’enquête du Moniteur des pharmacies « Délivrance du tramadol limitée à trois mois : et le prochain est… » publiée le 20 juin dernier.

Aujourd’hui, l’ANSM rappelle aux professionnels de santé de s’assurer que les patients, les usagers et leur entourage, connaissent les risques d’overdose et de décès liés à la méthadone. « Ce risque est plus important chez un sujet ne consommant pas ou peu d’opioïdes (dose létale 1 mg/kg), à l’initiation du traitement, après un arrêt même court ou une diminution des doses (sortie de prison, sortie de sevrage) », explique l’Agence, qui précise à nouveau l’importance de disposer de naloxone, antidote aux overdoses aux opioïdes.

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Pour rappel, la naloxone est disponible sous forme de kit prêt à l’emploi facilement utilisable par les usagers ou leur entourage en l’absence d’un professionnel de santé. Tout médecin peut prescrire et toute pharmacie peut délivrer Prenoxad (forme injectable intramusculaire), même sans ordonnance.