Rémunération de l’officine : + 45 %, comment est-ce possible ?

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Rémunération de l’officine : + 45 %, comment est-ce possible ?

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Publié le 7 juillet 2022
Par Francois Pouzaud
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Le Covid-19 est-il une machine à cash pour la pharmacie ? Cela en a tout l’air au vu des chiffres présentés par l’observatoire du suivi de la rémunération officinale qui tenait, jeudi 7 juillet, sa première réunion de l’année 2022. Et la pandémie n’est pas le seul facteur contributif.

Sur l’année 2021, le chiffre d’affaires (CA) global des officines a progressé en moyenne de 11 %. Les actes liés au Covid-19 ont fait grimper l’enveloppe globale des rémunérations financées par l’Assurance maladie à 8,1 Md€ en 2021.Si on se retire les effets catalyseurs du Covid-19, la hausse de la rémunération n’est que de 1,5 % par rapport à 2020, ce qui ne compense pas l’inflation.

La dynamique sous l’effet de la pandémie s’est accélérée sur le premier trimestre 2022 versus le premier trimestre 2021 (+ 21 % d’augmentation du CA global). Le coup d’accélérateur est encore plus franc sur le volet remboursable : 2,6 Md€ versés par l’Assurance maladie au réseau officinal contre 1,8 Md€ au premier trimestre 2021 (+ 44,44 %, contre + 4,9 % hors activités Covid-19). La rémunération « Covid » a représenté 36 % de la rémunération sur le champ du remboursable, contre 18 % sur le premier trimestre en 2021.

Le poids de la ligne « marge + honoraires de dispensation » est passé de 1,294 Md€ au premier trimestre 2021 à 1,358 Md€ au premier trimestre 2022 (+ 4,95 %), ce qui traduit à la fois une augmentation de la fréquentation des officines, des ordonnances et des volumes prescrits.

Le montant des remises commerciales a fait également bonne figure l’an dernier, il serait de 1,125 Md€ selon les extrapolations de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et de 1,131 Md€ selon l’observatoire économique de l’Assurance maladie.

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Travailler plus pour gagner plus

Au vu de cette croissance, les syndicats pharmaceutiques peuvent difficilement faire la moue. Toutefois, « ces performances n’ont pas été acquises à périmètre constant mais grâce au travail supplémentaire réalisé par les officines, fait remarquer Philippe Besset, président de la FSPF. La question que l’on doit se poser maintenant est de savoir si cette hausse d’activité est suffisante pour faire tourner nos entreprises, on le verra prochainement dans les bilans. »

Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), relativise aussi ces premières données de l’observatoire : « Il faut mettre ces hausses de rémunération en perspective des 6 % d’augmentation de la masse salariale. »

Dans ce contexte particulier, une revalorisation des rémunérations à périmètre constant en 2023 semble pour l’instant compromise, la seule façon pour les pharmacies de gagner plus étant de travailler plus.