Pharmequity : ce qui séduit les pharmaciens épargnants

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Publié le 7 novembre 2020
Par Francois Pouzaud
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Depuis sa mise en ligne en juillet, Pharmequity, première plateforme de financement participatif équitable réservée aux pharmaciens, compte plusieurs dizaines de titulaires investisseurs inscrits. Motivations.

David Thierry, titulaire à Pont-de-Chéruy dans l’Isère, fait partie des inscrits de la première heure. « J’ai participé à la préparation du projet Pharmequity, je suis donc un peu juge et partie », confie-t-il. Il vante le côté éthique de cette nouvelle forme de booster d’apport qui se distingue singulièrement des caractéristiques du business angel (investisseur de proximité, montants importants investis, implication personnelle, risque élevé du fait qu’il se porte caution auprès de la banque). « De plus, dans le modèle business angel, le pharmacien investisseur et le pharmacien exploitant ne sont pas toujours liés par un pacte d’associés qui organise la sortie de l’investisseur, alors que dans Pharmequity, la sortie du pharmacien épargnant est prévue entre la 8e et la 13e année, à la main du repreneur », détaille ce pharmacien qui, tout au long de sa carrière, a œuvré pour l’installation des jeunes diplômés. « J’attache beaucoup d’importance à être un acteur du renouvellement de la profession, 28 adjoints ont quitté ma pharmacie pour s’installer et j’ai actuellement trois participations dans des sociétés d’exercice libéral », signale-t-il. Un état d’esprit confraternel qui anime aussi Brice Lefèvre, titulaire à Bourg-en-Bresse dans l’Ain. Il a rejoint la plateforme d’Interfimo cet été. « Je suis également pour le respect de l’indépendance du repreneur, le maintien de la propriété de l’officine au pharmacien et la défense du monopole pharmaceutique, alors que pour moi, c’est tout le contraire avec les fonds d’investissement et les obligations convertibles en actions ! », souligne-t-il.

Ces deux pharmaciens mettent également en avant l’intérêt de cette plateforme pour les titulaires isolés qui peinent à trouver des associés sûrs et solvables pour faire de la croissance externe. « Tous les titulaires n’ont pas un adjoint à installer ou à qui transmettre, ni un réseau », fait ainsi remarquer David Thierry.

Un bon compromis entre rentabilité et risque

Le fait qu’un épargnant de la plateforme Pharmequity ne puisse pas investir à moins de 100 km de son officine, qu’il soit cantonné dans un rôle de sleeping partner et ne puisse toucher que la valeur de rendement de son placement (sans profiter à la sortie d’une éventuelle plus-value) n’est pas rédhibitoire. « J’ai également des participations au capital d’autres officines en tant qu’investisseur, l’être en tant qu’épargnant n’est pas la solution que je préfère, mais, comme dit l’adage, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier », explique Brice Lefèvre, séduit par ce moyen de diversification des risques. « Moins investir, moins gagner, c’est un bon compromis », estime-t-il. Mais avec un rendement de 13 %, la pharmacie reste un excellent placement. De plus, « l’épargnant ne risque pas plus que sa mise de départ », souligne Luc Fialletout, ex-directeur général d’Interfimo. Son seul contact avec le repreneur est au départ au travers de la diffusion d’une vidéo durant laquelle celui-ci présente son projet, puis, s’il devient associé (minoritaire), au moment de l’assemblée générale de la société.

A ce niveau de rentabilité et de sécurité de l’investissement dans une officine, David Thierry consulte la plateforme à raison d’une fois tous les 10 jours, mais vu la faiblesse (pour l’instant) du nombre de projets portés par les repreneurs, il n’a pas encore trouvé chaussure à son pied. Selon la qualité du projet, il se dit prêt à investir entre 10 k€ et 100 k€.

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Un autre élément est de nature à rassurer l’épargnant : lors de la création de son compte en ligne sur la plateforme et de la validation de son profil d’épargnant, la société de gestion Incit’financement vérifie sa surface financière et sa capacité d’investissement.

PUBLIÉ DANS LE N° 3331/3332 DU 29/08/20

« Baptême du feu pour Pharmequity »