Substituer un princeps par un générique malgré la mention « ? non substituable ? »

Denis Colas, Barr (Bas-Rhin)

En général, je respecte la mention « non substituable » portée en face du médicament prescrit, mais si le client est d’accord, ce qui arrive de temps en temps, je lui délivre le générique. Mais j’évite de trop le faire car, en cas de pépin, ma responsabilité est engagée. Dans la majorité des cas, c’est à sa demande que le médecin appose cette mention. J’ai déjà adressé à la sécurité sociale plus de 200 photocopies d’ordonnances avec un « NS » détourné de son utilisation dans un but purement de clientélisme. Dans mon officine, 15 % des ordonnances ont cette mention, les médecins n’étant pas concernés par les économies.

Christophe Wilcke, Spincourt (Meuse)

Les revirements de certains médecins sont surprenants. Pendant des années, ils ont soigné leurs patients avec des génériques et reviennent au princeps sans explication. Dans ce cas, je continue de délivrer le traitement antérieurement prescrit avec l’accord du patient. Il s’agit souvent d’une réaction du médecin pour marquer son désaccord par rapport à la convention médicale. L’accord « tiers payant contre génériques » va s’essouffler en termes de résultats. La solution viendra d’une communication interprofessionnelle sur le générique relayée par l’Etat, et de l’accord tripartite entre syndicats professionnels et assurance maladie.

Elisabeth Troisgros, Cap d’Ail (Alpes-Maritimes)

C’est très dangereux de délivrer un médicament générique au mépris de la mention « non substituable » car notre responsabilité est engagée. Je m’y refuse, sauf dans le cas d’un accord express du médecin. En effet, cette mention ne figure sur les ordonnances que pour faire plaisir au patient. Si en application de la mesure « tiers payant contre génériques », ce dernier accepte le générique parce qu’il ne veut pas mettre la main au porte-monnaie, j’appelle alors le médecin pour faire annuler la mention NS et je rajoute sur l’ordonnance que le générique a été délivré avec son accord.