SEULEMENT 4,2 % DE « NON SUBSTITUABLE » !

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Publié le 9 juin 2012
Par Isabelle Guardiola
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Le « Non substituable » ne serait pas une pratique si répandue et permettrait d’atteindre des taux de génériques nous rapprochant de pays voisins bien placés en matière de substitution conclut une étude de la CNAM. Laquelle a également comparé, dans une autre étude, la simvastatine 20 mg princeps et ses génériques. Il n’y aurait aucune différence.

Le taux de mentions « Non substituable » s’élève à 4,2 % seulement. C’est le résultat de la première des deux études dévoilées par l’Assurance maladie mercredi 6 juin. L’étude, lancée en mars et très attendue, a été menée auprès de 100 caisses auxquelles il a été demandé de faire remonter un échantillon aléatoire de leurs ordonnances d’une journée de février 2012 – tirée au hasard – pour les examiner : 19 000 ordonnances (délivrées dans 8 200 pharmacies) ont ainsi été collectées. Parmi elles, 12 000 comportaient un médicament du Répertoire, l’échantillon intégrant plus de 240 molécules génériquées, soit 90 % du Répertoire actuel. « Nous nous sommes limités à des ordonnances à la date de délivrance proche dans le temps et nous n’avons donc pas pris en compte les renouvellements », explicite Dominique Polton, directrice de la stratégie, des études et des statistiques de l’Assurance maladie, en charge de l’étude. Le taux de NS à la ligne de produit s’élève à 4,2 %, il passe à 4,8 % pour le taux d’ordonnance ayant au moins une fois la mention NS. Le sous-ensemble d’ordonnances comportant sur toutes les lignes la mention NS atteint lui 2,6 %, « un ordre de grandeur assez limité », commente Dominique Polton.

Le clopidogrel et la Basse-Normandie leaders du NS

Ce taux varie selon les molécules (voir graphique ci-contre) et la CNAM a étudié plus précisément les 35 molécules les plus fréquemment utilisées dans l’échantillon d’ordonnances : le taux de NS est ainsi de 0,8 % pour l’ibuprofène mais de 12,6 % pour le clopidogrel. Trois autres molécules ont un taux supérieur à 8 % mais on tombe, dès la 7e molécule, à un taux inférieur à 6 %. « Pour la lévothyroxine, à marge thérapeutique étroite, on ne s’étonnera pas du taux assez élevé (11,7 %), pour d’autres cela peut tenir à la notoriété du princeps et à la stratégie commerciale », explicite Dominique Polton. Frédéric Van Roekeghem, directeur général de la CNAMTS, n’a pas non plus exclu une croissance du taux de NS, qui serait due à l’arrivée de nouvelles molécules dans le Répertoire. La CNAM envisage également une étude sur les prescripteurs qui pratiquent systématiquement le NS.

Le taux de NS varie aussi selon les régions de 1 à 8 % (voir carte ci-dessus), les bons élèves étant les Pays de Loire et la Bretagne, où la pratique est quasi inexistante, et la Basse-Normandie faisant figure de cancre. « On n’est pas tout à fait sûr que la Basse-Normandie soit à 8 %, commente Dominique Polton, mais nos chiffres sont assortis d’un intervalle de confiance de 95 %, méthode statistique nous permettant d’affirmer que le taux se situe entre 6 et 11 %. »

La preuve par la simvastatine

La seconde étude présentée par la CNAM repose sur une comparaison de l’efficacité des princeps de la simvastatine 20 mg et de ses génériques. Elle a été menée durant 2 ans et demi auprès de 96 408 patients âgés de 40 à 79 ans (54 % de femmes) et ayant débuté un traitement prescrit par un généraliste. Les résultats sont sans équivoque : pas plus de décès, d’infarctus et d’AVC sous générique que sous princeps. Le Pr Hubert Allemand, médecin-conseil national qui a piloté l’étude, a précisé que les effets secondaires n’ont pas été étudiés. « Nous avons l’intention de poursuivre ce type d’études comparatives, qui corroborent toutes celles réalisées sur le générique dans d’autres pays, sur la classe des hypotenseurs. »

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L’ESSENTIEL

• Les résultats de deux études de la CNAM ont été révélés mercredi 6 juin. L’une porte sur la mention NS dans les ordonnances, l’autre compare la simvastatine 20 mg en princeps et ses génériques.

• Sur 12 000 ordonnances comportant une prescription dans le Répertoire, le taux de NS à la ligne de produit s’élève à 4,2 %. 2,6 % des prescriptions ont du NS sur toutes les lignes.

• Le chiffre varie selon les régions (de 1 à 8 %) et les molécules (de 0,8 à 12,6 %).

• Un résultat qui ne corrobore pas les 22 % de NS annoncés le 4 juin par le Gemme à partir d’une étude réalisée auprès de 200 médecins.

• Princeps et génériques de la simvastatine 20 mg ne présentent aucune différence en termes d’efficacité. Ce sont les résultats de l’étude menée sur près de 100 000 patients pendant deux ans et demi.