Attention au CA volatil !
La pandémie grippale va-t-elle doper artificiellement le CA des pharmacies ? Si tel était le cas, une neutralisation du CA en question pourrait être négociée avec le vendeur.
Concernant l’hypothétique gonflement du chiffre d’affaires lié à la grippe A(H1N1), il faut rester mesuré car le traitement de la pandémie n’implique pas dans sa forme banale un traitement lourd », pondère Philippe Becker, de Fiducial Expertise. Selon quelques clients pharmaciens de ce cabinet, il n’y a pas pour le moment une ruée dans les officines. Ils ajoutent que si le dispositif de vaccination est efficace, on peut espérer rapidement une diminution du nombre de cas de grippe A. « Toutefois, ajoute-t-il, s’il apparaît une croissance forte des CA, il sera toujours possible d’identifier l’incidence de la pandémie en comparant avec des mois de référence normaux. » Bien évidemment, dans un tel scénario, les acquéreurs devront être vigilants et veiller à neutraliser l’effet pandémie dans leurs budgets prévisionnels.
Lionel Canesi, de C2C Pharma, tient le même discours : « L’effet grippe A(H1N1) doit être anticipé, sachant qu’il est facile de lisser trois mois de forte activité sur toute l’année. Ceci étant, l’expert-comptable se doit d’analyser en détail la composition des ventes et sortir le CA grippe du CA global. De la même façon que dans l’évaluation d’un fonds il faut extraire le CA des médicaments chers, le CA lié à la fourniture d’une maison de retraite, les rétrocessions. »
Retrait ou décote du CA, là est la question
A propos d’un CA extrêmement volatil comme celui des maisons de retraite, il y a deux façons de procéder : soit un retrait pur et simple du CA, soit l’application d’une décote significative sur le coefficient du CA annuel TTC pour tenir compte de l’incertitude concernant le maintien de la relation commerciale avec la collectivité. « Si le contrat est attaché à l’officine et transmissible, on peut appliquer une décote, sinon le retrait est la règle », précise Lionel Canesi. Concernant les médicaments chers, « si le CA est particulièrement élevé, il sera retiré ».
De la même façon, il faut soustraire du CA TTC les rétrocessions qui n’ont aucune valeur « commerciale ». « Les rédacteurs d’actes généralistes ne stipulent pas systématiquement l’existence de ce type de CA, dans ce cas, les acheteurs risquent de payer cher cet oubli au cours des premières années d’exploitation », met en garde Lionel Canesi.
Une fois ce type de CA isolé, l’acheteur peut négocier une décote ou un retrait. « Mais en ce qui concerne la grippe A, il n’est pas sûr que les vendeurs d’officines baissent leur prix de vente d’un montant correspondant à ce CA grippe ! », doute Philippe Becker. « C’est la loi du marché qui décide, précise Lionel Canesi. Certains acquéreurs sont prêts à acheter un CA particulier au même prix que le reste. » « Nous faisons confiance aux acteurs du marché (négociateurs, experts-comptables, rédacteurs…) et au bon sens des pharmaciens pour isoler cet éventuel CA exceptionnel dans les négociations », conclut Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo.
Un exemple de CA retraité
Soit un CA TTC de 1,888 MÛ et un CA HT de médicaments chers de 193 kÛ dégageant une marge de 12 kÛ. 12 kÛ, c’est aussi la marge correspondant à un CA HT de 40 kÛ, calculée à partir d’un taux de marge théorique de 29 %. Les médicaments chers créent donc un CA artificiel de 193 – 40 = 153 kÛ HT, soit 158 kÛ TTC (taux de TVA moyen de 3,46 %).
En conséquence, pour ne pas surévaluer le prix d’acquisition, il convient de retrancher 158 kÛ du CA TTC actuel, soit 1 888 – 158 = 1 730 kÛ qui constitueront la base de négociation du prix avec le vendeur.
(source : cabinet ArythmA)
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