Stupéfiant !

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Publié le 8 mai 2010
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Colère ou dérision ? Je ne sais plus. En quelques mots : comment un service peut-il se transformer en cauchemar ? La théorie de la destruction des stupéfiants m’avait paru, en son temps, inadaptée à notre logistique. Je me souviens avoir dit « On ne peut pas accepter cela ». Quant à la pratique, jugez plutôt :

1. Regrouper, classer, compter, relever numéros de lots et dates de péremption : comptez 3 bonnes heures et affûtez vos yeux (là, les myopes sont avantagés).

2. Acheter du plâtre : 2 bons kilos pour 5 cartons de stupéfiants bien rangés (80 % de retours patients, 20 % issus de l’officine accumulés depuis la dernière visite de l’inspecteur qui remonte à la deuxième partie du siècle dernier).

Mais le plus dur était à venir : de 9 heures à 14 heures, titulaire et adjointe se sont occupées à vérifier la concordance entre le listing et les spécialités à détruire, déconditionner, couper les patchs, broyer les dispositifs Actiq à l’aide d’une pince crocodile, extraire les liquides en utilisant une seringue, écraser les comprimés et, le pompon, ouvrir 2 345 gélules numéro 5, à en avoir chacune un hématome à chaque index, ceci sous le regard (non rémunéré et compatissant) du témoin « volontaire » de l’Ordre.

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La mixture finale dans le plâtre nous a fait éclater de rire. Jouions-nous à la dînette ou faisions-nous des pâtés comme à la plage ?

Bref, 15 heures de pharmaciens, qui auraient pu être utilisées plus judicieusement. Suis-je colère ou, tout bêtement, humiliée ? Stupéfiant, vous dis-je.

PS : Je ne critique jamais une mesure sans soumettre une solution : un minibroyeur réservé à la manipulation, confié au témoin de l’Ordre, ne serait-il pas déjà un soulagement en attendant une révision de cette procédure ?