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« LES QUOTAS SALISSENT NOTRE RÉPUTATION »
LE MONITEUR : Depuis début 2010, de plus en plus de médicaments sont en ruptures d’approvisionnement dans les officines. Quelle en est l’origine ?
CLAUDE CASTELLS : Précisons d’abord que ces ruptures, pour autant qu’elles pénalisent les officines et leurs patients, ne sont pas plus nombreuses aujourd’hui. Elles restent marginales, portant sur un volume de quelques centaines de boîtes par mois. Ces ruptures ont plusieurs origines. Elles peuvent être liées à des difficultés de production, notamment du fait d’une pénurie des matières premières. A cela s’ajoute le rationnement exercé par les laboratoires à travers l’application de quotas sur les stocks de médicaments alloués aux répartiteurs. Troisième raison, la multiplication de shorts liners, dont la finalité première n’est pas l’approvisionnement du marché français.
Les quotas, que vous mettez en cause, ne sont-ils pas destinés à contrer le commerce parallèle des répartiteurs ?
Ils ont pour objectif de préserver les marges des laboratoires en empêchant, en effet, le commerce intracommunautaire de médicaments, qui est tout à fait conforme au traité de Rome. Il ne s’agit pas là de ventes clandestines, comme on voudrait le laisser entendre. La stratégie des quotas pénalise notre activité et salit gravement notre réputation. En réalité, les médicaments sont bel et bien disponibles sur le marché français, mais ils ne sont pas mis à notre disposition. Les officinaux en sont privés, sauf s’ils font directement appel aux fabricants. Début 2010, la pénurie a été organisée par le biais des quotas. Ces ruptures ont alors justifié une politique de distribution permettant à un laboratoire (Roche, NDLR) de choisir un répartiteur et pourquoi pas, in fine, de s’adresser directement aux patients.
Quelle est la part de ce commerce parallèle dans les activités d’un répartiteur ?
Je ne dispose pas d’éléments chiffrés.
Que préconisez-vous pour limiter, voire pour mettre fin à ce problème ?
Supprimons les quotas et vous verrez que ce problème n’existera plus. Il revient aux pouvoirs publics de se saisir de cette question. Ils s’insurgent, mais ne proposent aucune solution. Comment expliquer le laisser-aller coupable des autorités à l’égard des shorts liners ?
Que pensez-vous de la fixation d’un double prix pour les médicaments en Europe ?
Ce dispositif déjà expérimenté dans certains pays ne fait qu’introduire la confusion.
Ces derniers mois, un répartiteur a été épinglé pour avoir privilégié ses meilleurs clients dans la livraison de produits soumis à quotas. Est-ce selon vous acceptable ?
Cette démarche pose problème. Elle contrevient aux obligations de service public qui imposent la mise à disposition des médicaments. On ne peut pas sélectionner ses clients de la sorte. Il est regrettable d’être contraint d’en arriver là.
Des officinaux disent payer très cher le dépannage d’un médicament lorsqu’ils s’adressent au grossiste qui n’est pas le leur habituellement…
Il faut comprendre que nous essayons d’amortir les coûts de livraisons de ces clients plus occasionnels. Nous appliquons alors une sorte de franco de port.
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