Des aides auditives vendues en officine sans diplôme requis
Un assistant d’écoute est en vente libre dans les officines depuis janvier 2011. Pour les réseaux spécialisés d’audioprothèse, la démarche est illégale. Le point sur ce marché, à quelques jours de la Journée nationale de l’audition qui aura lieu le 8 mars.
Jusqu’ici, le marché des aides auditives était la chasse gardée des distributeurs spécialisés d’audioprothèse. L’arrivée d’un nouvel acteur bouleverse le jeu. Depuis janvier 2011, Sonalto distribue dans les pharmacies un assistant d’écoute (baptisé Octave) sans ordonnance au prix de 300 euros, alors qu’une prothèse auditive coûte 1 500 euros en moyenne chez les leaders du secteur.
« Nous avons voulu faire dans l’audition ce qui se pratique déjà dans l’optique avec les lunettes-loupes vendues sans prescription », explique Louis Blohorn, cofondateur avec Maxence Petit de Sonalto. Pour eux, Octave, prêt à l’emploi sans aucun réglage, ne fait pas d’ombre aux prothèses auditives sur mesure conçues par les spécialistes comme Audika ou Amplifon. « Nous ciblons les personnes qui souffrent de presbyacousies, c’est-à-dire les gênes auditives légères liées à un vieillissement naturel de l’oreille, généralement à partir de 55 ans. Or, l’âge moyen du port de prothèse auditive est de 73 ans. Nous ne marchons donc pas sur les plates-bandes des acteurs existants de la correction auditive, mais nous voulons faciliter la démarche d’appareillage d’utilisateurs plus jeunes, susceptibles de se diriger par la suite vers des prothèses sur mesure », explique Maxence Petit.
Déjà 8 000 Octave vendus en officine
Audika et Amplifon, qui disposent de leur réseau de vente propre (respectivement 440 et 350 points de vente), ont vu rouge à l’arrivée de cet assistant d’écoute dans les pharmacies. « Si un tel produit était efficace, nous le vendrions, réagit Richard Darmon, P-DG d’Amplifon. Or nous pensons que ce n’est pas le cas. Le diagnostic d’un ORL et l’accompagnement d’un audioprothésiste restent indispensables. » Même son de cloche chez Audika : « Non seulement la démarche est illégale, mais la déception créée chez les utilisateurs risque de nuire à l’ensemble du marché », décrète Alain Tonnard, coprésident.
Une procédure d’assignation au tribunal de grande instance de Paris, à l’initiative des syndicats d’audioprothésistes, est en cours. Pas de quoi décourager les dirigeants de Sonalto : « La distribution de notre produit est tout à fait légale. L’assistant d’écoute n’est pas un dispositif médical, ce que l’Afssaps nous a confirmé. Il fait partie des matériels et accessoires nécessaires au maintien à domicile des personnes âgées pouvant être commercialisés dans les pharmacies », se défend Maxence Petit.
L’entreprise, soutenue par le président de l’association France Presbyacousie, a déjà vendu plus de 8 000 assistants d’écoute dans 2 500 pharmacies. Jean-Marc Selve, titulaire de la Pharmacie de l’Odéon à Paris, distribue Octave. « Je vends trois à quatre assistants d’écoute par mois, mais face à un client atteint de déficience auditive, je joue mon rôle de conseil et j’oriente vers un ORL », explique-t-il.
Un marché à fort potentiel
Après une hausse de 7 % par an en volume entre 2000 et 2010, les ventes des aides auditives devraient progresser à un rythme annuel de 9 % entre 2012 et 2015, d’après une étude du cabinet Xerfi parue en février dernier. « Le facteur démographique est le principal moteur de croissance du marché », indique Xerfi. Or, sur six millions de personnes malentendantes en France, seules 17 % sont appareillées, selon une étude OpinionWay de novembre 2011. Une belle marge de progression en perspective.
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