Pierre-Edouard Poiré fait faceaux difficultés de trésorerie

Comme pour une installation, la trésorerie de l’officine doit être suivie avec beaucoup d’attention après un transfert. La marge de manœuvre est étroite pour Pierre-Edouard Poiré pour préserver l’équilibre financier de son officine pendant la première année. « L’augmentation des stocks consécutive à la montée en charge de l’activité exerce une ponction permanente sur la trésorerie, explique ce titulaire A cela s’ajoutent des charges supplémentaires de fonctionnement du fait des deux loyers à payer pendant huit mois sur l’ancien et le nouveau local de la pharmacie. » A chaque fin de trimestre, qui coïncide avec le paiement des charges sociales de l’entreprise et le prélèvement des loyers, le compte courant est à découvert.

Aucun soutien de la partde la banque

Pourtant, Pierre-Edouard Poiré avait anticipé ces difficultés prévisibles en démarrage d’activité, en faisant financer une partie du stock par l’emprunt, en obtenant un crédit-découpage (achat auprès d’un fournisseur financé sur douze mois) auprès du grossiste pour le premier mois d’achats (30 000 €) et en négociant avec sa banque de proximité un découvert autorisé de 10 000 €. Mais ces dispositions n’ont pas suffi. « J’ai dû apporter 100 000 € supplémentaires en compte courant pour faire face aux besoins de financement », précise le titulaire. Dans cette période critique, la banque qui gère son compte courant n’a été d’aucun soutien. « A la clôture de l’exercice 2011/2012 comprenant quatre mois de faible activité et après déduction de tous les frais de transfert, le résultat comptable était négatif, explique-t-il. La banque a rejeté ma demande d’augmentation de découvert autorisé et m’a confisqué la ligne de crédit existante. »

L’établissement bancaire qui a financé son transfert s’est montré moins frileux en lui accordant un découvert de 30 000 €. « Il a fallu néanmoins montrer patte blanche. Cette seconde banque est venue sur place pour se rendre compte que mon officine n’était pas en train de péricliter mais était en forte évolution, notamment au travers de l’analyse des indicateurs clés du tableau de bord », poursuit Pierre-Edouard Poiré.

Pédale douce sur la parapharmacie

Même avec ce matelas de sécurité, le titulaire reste prudent sur le référencement de nouvelles gammes en parapharmacie qui coûtent cher en immobilisations financières. « La valeur du stock était de 60 000 € un ou deux mois avant le transfert, puis elle est passée très rapidement après le transfert à 140 000 € pour s’établir aujourd’hui à 200 000 € », précise-t-il. En tant que pharmacie de centre commercial, il se doit de proposer une offre pertinente et large, panachant des gammes de parapharmacie bon marché (en hygiène corporelle), des gammes médicales (Avène, La Roche-Posay…), des gammes techniques (Bioderma…) et des gammes plaisir (Caudalie…). « Les remontées clients incitent à implanter de nouvelles gammes mais je suis obligé de reporter ce type d’investissements compte tenu du niveau actuel de la trésorerie », explique le titulaire. Pierre-Edouard Poiré doit prendre son mal en patience. C’est aussi pour la même raison qu’il diffère l’installation d’un automate dans sa pharmacie car il sait bien que, tant qu’il ne disposera pas d’une trésorerie plus confortable, les banques refuseront de financer ses nouveaux projets.

Près d’un an après son transfert, l’officine réalise un chiffre d’affaires de 1,5 M€. Si la progression de son activité est conforme à ses prévisions et ses espérances, la pharmacie pourrait réaliser jusqu’à 2,5 M € de chiffre d’affaires d’ici 3-4 ans. Concernant la trésorerie, il a bon espoir de passer le cap des difficultés dans le courant de l’année 2013.