Cooper gagne contre une SRA

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Publié le 20 avril 2013
Par Francois Pouzaud
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Des pharmaciens d’officine organisés en une structure de regroupement à l’achat (SRA) viennent d’être condamnés à verser des dommages et intérêts au laboratoire Cooper qui les a attaqués pour rétrocession et concurrence déloyale.

Censées ouvrir de nouvelles perspectives d’achats groupés pour les pharmaciens sur les médicaments non remboursables et le hors-AMM, les centrales d’achats pharmaceutiques (CAP) et les SRA n’ont pas réglé le problème des officinaux auprès des laboratoires. Faute de pouvoir obtenir avec ces derniers des conditions commerciales attractives, les SRA de pharmaciens n’ont pas d’autre choix que de se livrer à la pratique interdite de la rétrocession. Cela vient de coûter cher à la SRA Pyxis Pharma, créée en 2009 par Thomas Brunet, titulaire à l’Ile-Bouchard (Indre-et-Loire) avec d’autres confrères et adossée à une CAP pour assurer la traçabilité des produits.

« Le tribunal de grande instance de Paris a jugé le 28 mars 2013 que la mise en vente des produits Cooper sur le site www.lacentralepharma.com de la SRA Pyxis Pharma constitue un acte de concurrence déloyale », livre sans plus de commentaires Marie-Laure Demiere, avocate de la Cooper.

La SRA a été condamnée à 27 000 € de dommages et intérêts et à retirer sous astreinte les produits du site Internet. Ses adhérents se posent davantage en victimes qu’en accusés et ne baissent pas pavillon : « Nous avons décidé de faire appel de cette décision, annonce Thomas Brunet. Nous voulons faire bouger les lignes et adapter nos méthodes de travail aux contraintes actuelles. Si nous ne persistons pas, le décret qui a créé les SRA et les CAP n’aura servi à rien et nous continuerons à acheter individuellement comme il y a 20 ans. C’est du pain béni pour Leclerc ! »

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Des remises limitées à 14,75 %

Les pharmaciens reprochent à Cooper d’assimiler la SRA à un grossiste et de prétendre abusivement la soumettre aux conditions de vente proposées aux grossistes. « Cooper propose 14,75 % de remise à la SRA, quelles que soient les quantités commandées, alors que le pharmacien individuel peut obtenir isolément jusqu’à 50 % de remise en commandant jusqu’à 1 200 unités », explique Thomas Brunet. Il dénonce les conditions catégorielles de vente proposées à la SRA et à la CAP qui assure le stockage et la distribution des produits. « Quelques laboratoires ont compris l’intérêt pour leurs clients de s’organiser en SRA. Les plus anciens et les plus gros ont du mal à intégrer la portée d’une telle réforme », déplore Thomas Brunet.

Cooper mais aussi d’autres laboratoires ne voient pas l’intérêt d’aller sur de telles plates-formes, dès lors que leurs forces de vente visitent les 22 000 pharmacies et les livrent sous 48 heures. « Sans pression sur les stocks des officines, les produits sortent beaucoup moins ; en même temps que la prise de commandes, nos délégués forment les équipes au conseil et à la mise en avant des produits ? En passant par une SRA, nous n’avons aucune maîtrise de nos volumes », explique un laboratoire.

Une autre SRA dans le collimateur

La SRA Pharmaccess d’Alexis Maes, titulaire dans l’Aisne, est dans la même situation, sauf qu’elle continue la rétrocession. « J’ai reçu dernièrement la visite de la police judiciaire qui m’a adressé une mise en garde sans frais », témoigne Alexis Maes. Ce pharmacien dénonce, en outre, le double jeu de certains laboratoires qui sont à l’initiative de la mise en place de système de rétrocessions illicites qu’ils contestent par ailleurs. « Certains commerciaux nous donnent du matériel (tableaux Excel…) pour faire de la rétrocession, mais ce n’est rien d’autre qu’un bâton pour se faire battre », conclut Alexis Maes.