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La mobilité s’arrête à la périphérie des villes
Des assistants disponibles à foison en ville. Quasiment aucun en dehors des centres urbains. Officinaux des villes et pharmaciens des champs vivent des situations diamétralement opposées.
François Mange, titulaire de la pharmacie des Deux Palmiers à Rouen se considère comme privilégié. Il estime que les officines du centre-ville sont peu sensibles aux problèmes de personnel. « De plus, la proximité de la faculté facilite bien des choses. Cela dit, j’ai constamment des copains qui m’appellent pour me demander si je ne connais pas un assistant disponible. » Toujours à Rouen, la Grande Pharmacie du centre trône à quelques centaines de mètres de la cathédrale. Son nouveau titulaire, Denis Fresquet, n’a aucun problème de recrutement. « Quand je suis arrivé, j’ai reçu au moins une quinzaine de candidatures d’assistants et de préparateurs qui voulaient quitter leur emploi pour venir travailler ici… » Cette réponse n’est pas surprenante. L’outil de travail moderne est idéalement situé au coeur du quartier monumental de la ville. « En outre, nous proposons à nos collaborateurs un véritable projet professionnel », ajoute Denis Fresquet. Le pharmacien rouennais est en revanche beaucoup plus circonspect sur les préparateurs : « La formation en deux ans m’inquiète. Même avec un baccalauréat, on ne peut pas demander à un préparateur d’être compétent à la délivrance au bout de deux ans… J’ai peur que certains ne soient pourtant lâchés au comptoir au bout de cette période par des confrères qui prendront alors de grands risques… »
François Mange partage cette inquiétude et y joint un constat pragmatique : « La nouvelle organisation ne nous permet plus de former des apprentis. Dans nos « boutiques », on ne peut pas se permettre d’avoir du personnel qui est présent à mi-temps et en formation le reste. »
Le désert rural
Dans ce bourg de l’Orne, loin des villes et des facultés, l’analyse de ce couple de jeunes pharmaciens est bien éloignée de celle de leurs confrères de la ville : « Ici nous ne nous posons pas de question. Cela fait un an que nous recherchons un assistant et personne n’est venu nous voir… » Ils se disent résignés. « Nous sommes deux pharmacies dans le bourg. Cela veut dire que nous sommes de garde un jour sur deux. Et puis l’officine est ouverte du lundi matin au dimanche midi… » Ce jeune couple qui adore l’univers semi-rural comprend fort bien que ce style de vie puisse ne pas séduire un jeune diplômé. « Ici il ne faut pas se contenter d’être derrière le comptoir. Il y a des responsabilités, des contraintes. »
Les titulaires sont persuadés que ce phénomène de désaffection ne va pas s’arranger dans l’immédiat. « De plus en plus d’étudiants se dirigent vers l’industrie car ils savent que s’installer est de plus en plus difficile. Il n’y a aucune reconnaissance du statut d’assistant. Celui-ci apparaît de plus en plus, comme une fonction de superpréparateur… »
« Même 25 % plus cher qu’en ville »
A Sarlat-la-Canéda (Dordogne), Jean-Paul Cochet, l’officinal qui travaille avec 2,5 assistants et 5 préparatrices, déplore d’abord le manque d’attraction de son bourg. « Même en les payant 25 % plus cher qu’en ville, je n’arrive pas à trouver d’assistants. J’en ai une qui est partie s’installer à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, malgré une perte de 25 % de salaire. » D’une façon plus générale, Jean-Paul Cochet estime que la profession vit dangereusement au niveau financier : « Les assistants quittent la profession à cause de salaires insuffisants. Mais c’est souvent pareil pour les officinaux. Devenir esclave d’un métier qui rapporte peu n’est pas très motivant. Si la profession ne s’organise pas pour retrouver de meilleures marges, on finira par ne plus trouver personne pour faire ce travail. » J.-P.S.
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