CA, taux de marge, ralentisse ment sur toute la ligne

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Publié le 28 juin 2003
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En 2002, le chiffre d’affaires des officines a moins progressé qu’en 2001. Mais consolation, dans le même temps, le taux de marge s’est érodé un peu moins vite. Et si les charges de personnel croissent moins vite que l’on pouvait le craindre (35 heures, pénurie…), le résultat net continue de se dégrader.

Typologie moyenne du compte de résultat 2002 Structure à l’impôt sur le revenuMalgré les 35 heures, les frais de personnel ont peu augmenté. Une «performance» sans doute due à la pénurie de personnel et à la recherche de gain de productivité.

Sur le plan économique, d’une année sur l’autre, les bilans des officines font ressortir la même double tendance : une hausse de l’activité et un tassement de la marge commerciale. La dernière année écoulée s’inscrit dans cette logique, comme le montre l’étude statistique de KPMG Entreprises, qui porte sur un panel de 508 officines représentatives ayant clôturé leurs comptes en 2002.

Concernant le premier indicateur, le résultat est honorable. La progression du chiffre d’affaires HT en 2002 a été de 4,31 % en moyenne, soit un peu en dessous des réalisations de l’année 2001 qui avaient enregistré une progression de 6,04 %. Comme chacun le sait, cela n’entraîne pas un meilleur taux de rentabilité. Le taux de marge global a diminué de façon générale de 0,15 point, mais comme en 2001, l’affaiblissement de ce ratio s’émousse. Un tendance amorcée depuis l’exercice 2000. « Le développement des génériques est sans doute en partie à l’origine de cette pause », analyse Olivier Delétoille, expert-comptable, directeur associé de KPMG Entreprises. Le responsable de cette étude note que les officines les plus importantes, réalisant plus de 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires, ont un taux de marge de 28,65 %, et celles qui réalisent moins, un taux de 28,44 %, soit un écart relativement faible. D’une manière générale, il est étonné cette année par les faibles écarts de moyennes entre les différentes catégories d’officines, quelles que soient leur typologie et leur taille.

Autre constante, résultant de la conjugaison de la hausse du CA et de la baisse du taux de marge : la marge en valeur progresse toujours mais moins qu’avant, à 3,76 %, soit 9 399 Euro(s) en moyenne par officine (+ 14 577 Euro(s)en 2001).

Évolution du taux de margeLe nouveau système de marge et le développement des génériques font que le taux de marge s’érode moins vite depuis 2000.

Charges : l’officine se fait grignoter.

En 2002, les charges externes (électricité, loyer, assurances, honoraires, frais postaux et télécommunication, services bancaires…) avaient baissé en proportion du chiffre d’affaires. En 2002, elles ont augmenté pour se situer en moyenne à 4,22 % du CA (contre un peu plus de 4 % en 2001). La hausse est plus sensible pour les officines réalisant moins de 1,5 million d’euros de CA (4,41 % contre 3,54 % seulement pour celles au-delà de ce seuil).

Les frais de personnel (salaires bruts et charges sociales), eux aussi, ont légèrement augmenté en proportion du chiffre d’affaires, à 9,74 % en 2002 contre 9,61 % en 2001. Là encore, Olivier Delétoille se déclare un peu surpris par ces chiffres : « On pouvait s’attendre à une progression beaucoup plus significative du poids des frais de personnel avec l’impact du passage aux 37 puis aux 35 heures. Sans doute, la pénurie de personnel qui a nécessité une implication encore plus forte des titulaires et la recherche de gains de productivité expliquent cette « relative » bonne performance. » Pour 2002, une personne affectée à la vente génère quasiment un CA de 300 000 Euro(s), soit 12 000 Euro(s) de plus qu’en 2001.

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S’agissant maintenant du ratio de performance commerciale et de gestion (PCG)*, que l’on peut considérer comme un indicateur encore plus pertinent de la santé de l’officine que l’EBE, celui-ci a diminué de manière significative, de 15,16 % du CA en 2001 à 14,76 % en 2002, traduisant véritablement une baisse de rentabilité. « La progression moyenne en valeur de la PCG a été limitée à + 1,56 % en 2002 par rapport à 2001, ajoute Olivier Delétoille. La moyenne des officines les plus performantes atteint un taux de 17,46 %, alors que les moins performantes sont à 12,18 %. »

Dans ce contexte, 2002, comme les années précédentes, marque une nouvelle dégradation du résultat net (- 0,30 point à 9,33 % du CA) et compromet un peu plus les capacités d’investissement des pharmacies. Pour preuve, le poids des frais financiers reste faible quelle que soit la typologie des officines à 0,37 % du chiffre d’affaires (même si cette information doit être prise avec prudence, car l’endettement professionnel ne figure pas toujours en compte, notamment dans le cadre de rachats de parts de SNC).

BFR en baisse, autonomie financière maintenue.

L’analyse des comptes de bilans des officines laisse, elle, transparaître, comme en 2001, une baisse du Besoin en fonds de roulement (BFR). Celui-ci varie selon les officines entre 0 et 8 jours de CA TTC, exception faite des pharmacies les plus importantes qui disposent d’un Excédent de financement d’exploitation (EFE) de quelques jours. Afin de bien distinguer ces deux notions comptables, il est peut-être utile de rappeler que le montant des sommes utilisées pour financer les stocks, et le crédit accordé aux clients (sous forme de tiers payant) constituent des besoins de financement issus du cycle d’exploitation. Si le crédit obtenu des fournisseurs ne permet de les financer qu’en partie, l’officine se crée au contraire un besoin net, le BFR. Si le crédit fournisseurs couvre le crédit clients en totalité, l’officine se crée un EFE. Le niveau du BFR est souvent fonction du choix opéré par le pharmacien de régler plus ou moins rapidement ses fournisseurs en fonction des conditions obtenues et du volume traité, ce qui est confirmé dans les pharmacies importantes. La tendance générale depuis de nombreuses années est à la baisse du BFR.

Parallèlement, l’autonomie financière des officines qui s’accroît régulièrement d’année en année n’a pas fait mieux que se maintenir en 2002. « Les fonds propres se situent exactement au même niveau qu’en 2001, constate le directeur associé de KPMG Entreprises. Les fonds propres représentent 85 % des capitaux détenus sur une longue période, soit une augmentation de 14 points en neuf ans ! » Ce désendettement concerne l’ensemble du secteur et touche aussi bien les officines les plus endettées que les plus autonomes.

Dernier constat que l’on peut réitérer : comme en 2001, les officines peinent à assurer leur équilibre financier. Les financements stables (fonds propres et emprunts à long terme) sont inférieurs en moyenne de 10 % aux biens stables (immobilisations corporelles, incorporelles et financières). En principe, les pharmacies devraient avoir un fonds de roulement positif, représentant l’excédent des financements par rapport aux biens stables. Ce n’est nullement le cas ici, ce qui signifie que les pharmacies n’ont pas de marge de sécurité financière en cas de difficultés.

(*) ratio PCG = [CA HT – achats consommés – charges externes – impôts et taxes – frais de personnel (salaires et charges sociales)]/CA HT x 100.