- Accueil ›
- Business ›
- Retail ›
- E-commerce ›
- Pierre Fabre veut un pharmacien en dur
Pierre Fabre veut un pharmacien en dur
Le Conseil de la concurrence a adressé à Pierre Fabre des injonctions pour qu’il autorise la vente en ligne de ses produits assortie d’une amende de 17 000 Euro(s). Mais le laboratoire continue à exiger la présence physique d’un diplômé en pharmacie. Jusqu’à quand ?
Pierre Fabre mis au piquet par le Conseil de la concurrence ! Dans une décision du 29 octobre dernier, l’autorité administrative lui reproche « d’interdire à ses distributeurs agréés qui disposent de points de vente physique, avec la présence obligatoire d’un pharmacien, de développer la vente de leurs produits par Internet ». Et de faire obstacle à la libre concurrence. « Pierre Fabre estime que le conseil du pharmacien est indispensable pour vendre ses produits cosmétiques et d’hygiène corporelle ». Or, cette décision, « rappelle que les produits de parapharmacie ne sont pas des médicaments et que l’e-commerce est dans ce cas un moyen de distribution valable », explique le porte-parole du Conseil de la concurrence. Pour celui-ci, le groupe « limite d’emblée la liberté commerciale de ses distributeurs […] et restreint le choix des consommateurs désireux d’acheter par Internet ». Face à cette décision, le laboratoire est donc contraint de modifier ses contrats de distribution sélective pour ses produits de cosmétique et d’hygiène corporelle (Avène, Klorane, Galénic et Ducray) dans les trois mois (à compter de la notification de la décision), mais aussi de payer une amende de 17 000 euros.
Pierre Fabre se réserve le droit de faire appel
Mais Pierre Fabre n’entend pourtant pas se résigner à la vente en ligne. Dans un communiqué diffusé le 4 novembre, le groupe affirme qu’il « prend acte de la décision du Conseil de la concurrence », sans pour autant changer d’un iota sa ligne de conduite : « Les laboratoires Pierre Fabre demeurent opposés à la vente sur Internet comme à toute vente à distance de leurs produits dermocosmétiques […] et maintiennent que seule la présence physique d’un diplômé en pharmacie garantit au consommateur d’être conseillé de manière optimale. » Fidèle à ses principes, le groupe « se réserve le droit de faire appel » dans un délai d’un mois. Le Conseil de la concurrence, lui, n’entend pas lâcher le morceau. « Si Pierre Fabre ne se conforme pas, dans les délais impartis, à la décision, il pourrait alors être poursuivi pour non-respect des injonctions et s’exposerait alors à de nouvelles sanctions pécuniaires », précise le porte-parole de l’autorité.
Mais qu’est-ce qui pousse Pierre Fabre à tourner obstinément le dos à Internet? « Nos produits répondent à des problématiques de peau particulières. Nous considérons de ce fait que la vente sur Internet ne répondrait pas aux attentes des consommateurs et des professionnels de santé sur nos produits », avait justifié les représentants de Pierre Fabre Dermo-Cosmétique lors de leur audition par le Conseil de la concurrence. Ce qui n’est pas de l’avis de certains pharmaciens « webophiles » – distributeurs agréés de Pierre Fabre. « Ce n’est qu’une façon différente, moderne, d’entrer dans mon officine », confiait l’un d’eux au Conseil de la concurrence.
L’interdiction de Pierre Fabre contournée
D’ailleurs, certains n’hésitent pas à outrepasser carrément l’interdiction du laboratoire. Sur des sites comme Parasolder, Monguidesanté ou encore Parapharmadirect (voir Le Moniteur n° 2746), il suffit de quelques clics pour acheter des crèmes Avène ou des laits de toilette Klorane. Il faut dire que l’essor de l’e-commerce est considérable : un chiffre d’affaires 2007 (tous produits confondus) de 16 milliards d’euros en France, en hausse de 35 %, 180 millions de transactions et un panier annuel moyen de 800 euros
Le dernier des Mohicans
Le conflit qui oppose Pierre Fabre au Conseil de la concurrence date de deux ans. A l’époque, le groupe n’était pas le seul à faire obstacle à la libre concurrence. Dix autres laboratoires (Bioderma, Caudalie, Cosmetique Active France, Expanscience, Johnson & Johnson Consumer France, Lierac, Nuxe, OEnobiol, Rogé Cavaillès et Uriage) refusaient également que leurs distributeurs agréés vendent leurs produits en ligne. Montrés du doigt par le Conseil de la concurrence en 2006, ils ont alors consenti, en mars 2007, à autoriser la distribution de leurs produits sur la Toile sous certaines conditions : que le site soit rattaché à un point de vente physique et qu’une hotline soit créée. Pierre Fabre, lui, n’avait pas changé le contenu des contrats de distribution sélective qui précisaient que ses distributeurs devaient « s’engager à ne délivrer les produits […] que dans un point de vente matérialisé et individualisé ». Des contrats qui excluent donc de facto la vente en ligne de ses produits.
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
