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Quatre raisons de coacher ses patients
En tant qu’acteur de santé, un pharmacien peut très bien proposer des « rendez-vous » à ses patients afin de faire de la prévention par exemple. A condition de respecter le strict cadre réglementaire, ce « coaching pharmaceutique » revalorise la mission de conseil tout en permettant de doper les ventes.
1 Mieux prendre en charge les patients
Vous avez dit « consultation » ? Si ce terme est réservé aux professions médicales, rien n’empêche un pharmacien de proposer des « entretiens » à ses patients. Cette activité, encore peu pratiquée, peut renforcer le rôle de conseil de l’officinal. Surtout, la palette sur laquelle il peut intervenir est large (nutrition, homéopathie, aromathérapie, tabagisme, relation mère-enfant…).
Les maladies chroniques (asthme, diabète, pathologies hépatiques ou métaboliques…) représentent sans aucun doute le premier domaine d’intervention pour lequel le pharmacien peut faire du « coaching ». Il peut ainsi fixer des rendez-vous individuels à des patients, dans un espace confidentiel, afin de les suivre de près. Cela peut être l’occasion, par exemple, de les rassurer sur certains aspects de leur maladie qui les inquiètent.
Bref, il s’agit pour le pharmacien d’assumer à 100 % son rôle de relais du médecin. Ces entretiens peuvent être également l’occasion de mener des opérations de dépistage, institutionnelles ou non.
Le coaching des patients est une démarche qui est examinée sérieusement par les instances officinales, que ce soit les syndicats, l’ordre des pharmaciens ou encore le Collectif des groupements. « Nous réfléchissons à des nouvelles missions pour le pharmacien, explique Jean-Charles Tellier, président du conseil central A de l’ordre des pharmaciens. L’objectif est de faire des propositions précises au gouvernement dès le mois de juin 2008. »
2 Obtenir des honoraires
L’idée d’une « consultation pharmaceutique » rémunérée, dans un espace de confidentialité, est déjà formalisée. L’an dernier, la mutuelle MTRL, l’Assurance du Crédit mutuel, l’USPO et l’UNPF ont signé un accord visant à poursuivre un objectif commun de qualité dans la dispensation pharmaceutique des produits de santé, notamment grâce à un bilan personnalisé (évaluation des besoins, prévention, conseils de médication, suivi, redirection vers d’autres professionnels de santé). Pour cette prestation, le pharmacien signataire de l’accord perçoit une rémunération à hauteur de 21 euros par patient tous les deux ans, calculée à partir de la base de remboursement retenue par la Sécurité sociale pour la consultation d’un omnipraticien.
Un autre accord, entre l’USPO et Carte Blanche Partenaires (Swiss Life, GMC Gestion, Tranquillité Santé et Cegema), a établi le principe d’un « rendez-vous pharmaceutique » annuel pour 10 euros par patient.
3 Doper les ventes de certains produits
Certains pharmaciens n’ont pas attendu une rémunération dans un cadre légal pour proposer de tels rendez-vous. Un suivi attentif de la clientèle permet incontestablement de doper les ventes de certains produits.
Emmanuel Fardeau, installé à Montenay, en Mayenne, peut en témoigner. Après avoir suivi une formation en diététique, le pharmacien s’est lancé dans des « consultations nutritionnelles ». « Depuis 2005, nous proposons un coaching minceur à nos patientes désireuses de perdre du poids », explique Emmanuel Fardeau, qui utilise la méthode du Micro-Régime Expanscience. Il a mis au point une organisation méthodique : 45 à 60 minutes pour le premier rendez-vous pour faire un bilan diététique, 15 minutes de suivi hebdomadaire pendant deux semaines puis toutes les deux à trois semaines. L’objectif de la méthode est de perdre jusqu’à 14 kg en l’espace de 7 mois. Résultat : grâce à ce suivi, Emmanuel Fardeau a doublé ses ventes de produits minceur entre 2006 et 2007.
Ce n’est pas tout. Depuis 2004, le titulaire prend aussi en charge les fumeurs en leur proposant 45 minutes de consultation initiale puis un suivi hebdomadaire sur trois à quatre mois. Et il ne fait pas les choses à moitié. En effet, Emmanuel Fardeau utilise une batterie de tests permettant d’évaluer le risque psychiatrique (test HAD), notamment la sensibilité à la dépression liée à l’arrêt du tabac et la motivation de ses patients (test Richmond et Khinji). Résultat : 50 % de réussite, une belle image de marque et un chiffre d’affaires pour le sevrage tabagique en progression de 69 % entre 2005 et 2006.
4 Se démarquer de la concurrence
Un autre atout de ces consultations pharmaceutiques est de permettre au pharmacien de se spécialiser et, ainsi, de se différencier de la concurrence. Christian Courcelle, titulaire d’une officine Giphar à Barlin, dans le Pas-de-Calais, s’est ainsi fait connaître pour les rendez-vous qu’il organise sur l’homéopathie. Pendant plus d’une heure, il écoute chaque patient et lui propose un traitement homéopathique de 20 à 25 euros par mois. Cette spécificité attire jusqu’à quatre patients par semaine souffrant de polypathologies, de problèmes dermatologiques, de troubles alimentaires, de migraines, d’infections chroniques ou même de troubles psychiatriques (tocs, dépressions, hyperactivité…).
Les exemples de pharmaciens proposant ce type de rendez-vous à leurs patients ne sont pas si rares. A Castelnaudary, dans l’Aude, Jean-Yves et Hélène Pradier, époux et cotitulaires, se sont construit une notoriété grâce au dépistage et à la prévention de l’insuffisance veineuse. Depuis 2007, ils proposent une consultation de 20 minutes en moyenne. Selon la pathologie, ils orientent vers un spécialiste ou conseillent une prise en charge à l’officine. Germaine Vileman, orthopédiste à la Pharmacie Pradier, dépiste ainsi toute l’année, au rythme de 20 à 30 clients par mois, les risques de phlébite, d’ulcère et les problèmes circulatoires. Et les bas de contention qu’elle propose sont essayés par les patientes en toute confidentialité.
Pour amorcer une démarche de suivi thérapeutique, la consultante Lydia Boucher (Goodwill Santé) suggère aux pharmaciens de réserver une journée au diabète (bilan nutritionnel, validation des contrôles médicaux et des échéances, qualité du sommeil, exercice physique, bilan podologique et prescription conseil…), une autre à l’obésité de l’enfant et de l’adulte, à l’hypercholestérolémie ou encore à la ménopause… Une prise en charge multicentrique qui valorisera votre officine à long terme.
Eduquer les patients
Reconnue par la Haute Autorité de santé, qui a publié un guide méthodologique en novembre dernier, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) concerne le suivi des maladies chroniques (voir Le Moniteur n° 2702 du 24.11.2007). Dans ce cadre, le pharmacien peut réaliser certaines prestations au même titre que les autres professionnels de santé (médecins, infirmières, diététiciennes…). Il devra alors suivre un protocole : diagnostic, programme personnalisé d’ETP pour chaque patient, planning de séances d’apprentissage et évaluation des compétences acquises. Chaque séance peut durer de 30 à 45 minutes.
Consultations rémunérées en Grande-Bretagne
Dans les officines britanniques, le suivi thérapeutique est rémunéré. Le pharmacien peut faire des consultations sur le sevrage tabagique, le traitement des affections bénignes, les services médicaux aux maisons de retraite et la délivrance accompagnée des médicaments inscrits dans le tableau B (méthadone, buprénorphine…). Ils peuvent aussi revoir le schéma d’administration des médicaments des patients chroniques (compréhension de la prescription, bonne utilisation, gestes adéquats…).
Cette démarche implique une zone de confidentialité isolée dans l’officine, une durée moyenne de chaque consultation de 20 minutes ainsi qu’un module de formation précis. En respectant ces conditions, le pharmacien peut alors toucher une indemnité de 32 Û par consultation, dans une limite de 400 consultations par an.
Source : Richard King, pharmacien (cabinet Pharmacie Consulting)
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