Pas de ruée sur les substituts nicotiniques

Réservé aux abonnés
Publié le 28 juin 2008
Mettre en favori

Le compte à rebours lancé sur 2007, précédant l’interdiction totale et définitive de fumer dans tous les lieux publics au 1er janvier 2008, n’aura pas suffi à stimuler le marché du sevrage tabagique. Pire, les ventes ont chuté l’an dernier de 2,7 % en unités et de 5,1 % en valeur. « Cette baisse doit être relativisée compte tenu du dynamisme du marché en 2006, tempère Pascal Voisin (IMS Health). Elle est ralentie par les extensions de gammes survenues l’an dernier, par la présentation de nouvelles formes et de nouveaux goûts. »

Accusé Champix levez-vous !

Le marché attend donc avec impatience l’impact de la nouvelle réglementation applicable depuis le début de l’année, mais les premiers indices ne sont pas bons. « Sur janvier et février 2008, le marché accuse une baisse de 24 % en unités par rapport à la même période de 2007, essentiellement sur les chewing-gums et les patchs », précise-t-il.

La remédicalisation accrue du sevrage tabagique, palpable à travers les ventes, en hausse, de Champix, est une des explications possibles. Lancé le 12 février 2007, ce nouveau médicament pour le sevrage tabagique de l’adulte a concurrencé les substituts nicotiniques. Utilisé pas près de 450 000 fumeurs en France, il se hisse rapidement à 28 % de parts de marché, précipitant ainsi la chute plus qu’amorcée de Zyban (2 % de parts de marché) qui avait révolutionné le marché en 2001. Délivré sur prescription médicale, Champix a un mécanisme d’action différent de celui des autres produits de sevrage puisqu’il ne délivre pas de nicotine à l’organisme. Cet agoniste partiel des récepteurs nicotiniques, qui permet de réduire le besoin impérieux de fumer, les symptômes de sevrage ainsi que le plaisir associé au tabac, fait de l’ombre aux substituts nicotiniques qui doivent aujourd’hui se contenter de 70 % du marché.

Analysant l’évolution du marché sur les trois dernières années, le Dr Etienne André, tabacologue et conseiller en santé publique chez Pierre Fabre, constate qu’il est totalement sous l’influence de la politique de santé publique du gouvernement. « Toutes actions de sa part contribuent à accélérer la prise de décision d’arrêter de fumer. L’interdiction totale de fumer dans les lieux publics et la mise en place d’un forfait de remboursement de 50 Euro(s) par an n’ont fait que rendre plus précoces les décisions d’arrêter de fumer chez des fumeurs moyennement dépendants à la nicotine. » Il y a bien eu une impulsion immédiate sur la dynamique du marché en début d’année 2007, mais qui s’est ensuite épuisée rapidement. « Le marché est confronté à une réduction de la demande d’arrêt du tabac, les fumeurs qui restent à traiter sont les plus difficiles à sevrer car ils sont fortement dépendants psychologiquement et physiquement et ont donc besoin d’un soutien médical prolongé. »

Publicité

Du fait de l’anticipation de l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics, l’entrée en vigueur de cette mesure a été un non-événement. Et, depuis début 2008, rien n’est venu relancer la dynamique en panne. Pas de campagne nationale percutante, absence d’augmentation du prix du tabac, absence de promotion sur le forfait de 50 Euro(s) qui reste sous-utilisé. « En cumul fixe sur les quatre premiers mois de l’année, le marché des patchs, en concurrence frontale avec Champix, s’est effondré de 40 % en unités (données GERS) et celui des formes orales a diminué de plus de 10 % », indique Etienne André.

Pour endiguer cette perte de vitesse et remettre le marché sur la voie de la croissance, les pharmaciens vont devoir, selon lui, travailler sur trois axes majeurs : « Les fumeurs ne peuvent plus se contenter de traitements standard, il leur faut des traitements sur mesure, associant patch et formes orales, pour éviter les sous-dosages à l’origine des rechutes. Avec les gros fumeurs qui connaissent d’énormes difficultés à arrêter, il faut envisager deux approches, celle de l’arrêt temporaire de la cigarette et celle de la réduction progressive du nombre de cigarettes dans l’objectif d’arrêter définitivement. »

Pierre Fabre toujours leader

Malgré le revers cinglant des patchs, Pierre Fabre s’en tire bien. Ce laboratoire renforce sa place de leader de ce segment (gain de 7 % de parts de marché à 52 %), tout simplement parce que la baisse des ventes de Nicopatch est inférieure à celle de ses concurrents. Sur les gommes, Nicorette continue à dominer les débats, même si Nicopass, la seule pastille du marché, progresse dans un marché à la peine. « Cette forme, explique Etienne André, pratique d’emploi puisqu’il n’y a pas à mâcher, permet une diffusion plus stable de la nicotine que les gommes sur une durée de 30 minutes environ. »

LES MEILLEURES VENTES

Sevrage tabagique

1 Nicopatch 21 mg//24 h (28)

2 Nicotinell TTS 21 mg/24 h

3 Nicopatch 14 mg/24 h (28)