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Publié le 28 juin 2008
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Bonne nouvelle ! Le marché vétérinaire à l’officine reprend du lustre. Une performance due en particulier aux antiparasitaires externes pour animaux de compagnie. Reste à monter en puissance sur le conseil pour consolider cette tendance positive.

Les investissements des pharmaciens sur le marché vétérinaire semblent porter leurs fruits. Paradoxalement, vous êtes moins nombreux que l’année dernière à penser qu’il s’est dévellopé.

Exceptionnelle. La progression du marché vétérinaire pour animaux de compagnie affichait deux chiffres fin 2007, soit + 10,3 % (en cumul annuel mobile à novembre 2007, source IMS Health). Ce qui représente un chiffre d’affaires de 173,48 millions. Chats et chiens se font donc de plus en plus dorloter en pharmacie. « Les propriétaires savent maintenant qu’ils peuvent trouver en officine des médicaments génériques équivalents à ceux qu’ils trouvent chez le vétérinaire mais moins chers », estime Valérie Crousse, chef de produit Biocanina. Mais cette seule explication ne suffit pas à justifier un tel regain. C’est en grande partie le réchauffement climatique qui s’est chargé de faire briller les résultats. « L’absence d’hiver rigoureux a favorisé le développement des larves et des cocons de puces dans l’environnement tout au long de l’année », constate Pierre-Yves Trochu, responsable de l’activité pharmacie chez Merial. La lutte antipuce s’est donc intensifiée et prolongée. Du coup, le segment majoritaire des antiparasitaires externes (APE), qui totalise 72,2 MEuro(s) (cumul annuel mobile à avril 2008, source fabricant), a connu une explosion sans précédent.

Sans surprise, la famille des spot-on et des sprays se taille la part du lion (92 % de parts de marché en valeur). A lui seul, son bond de 23,7 % (cumul annuel mobile à septembre 2007, source fabricant) résume le dynamisme du marché. Au royaume des APE, Merial est roi et s’octroie plus de 60 % des ventes en volume. Merci Frontline Combo ! Il s’en vend près de 820 000 boîtes par an. Le produit, qui traite à la fois les parasites et l’environnement, est ainsi devenu le numéro un du laboratoire en termes de chiffre d’affaires.

Tendance verte

« Les produits techniques se sont imposés grâce à leur efficacité et leur innocuité », avance Pierre-Yves Trochu. Peu importe leur prix, les Français sont prêts à débourser pour obtenir des résultats. Fait nouveau, la tendance « verte » émerge. « Les molécules anciennes, tels les insecticides organochlorés type lindane, jugées écologiquement incorrectes, sont progressivement retirées du marché. Le renouvellement des gammes se fait au profit de molécules plus récentes, moins toxiques mais aussi plus chères », indique Dominique Even, directeur général de Véto-Santé. Dans ce contexte, le lancement de la gamme antiparasitaire Véthéo Tiques & Puces (Phythea) tombe à pic ! La particularité de ces cinq références (quatre en pipettes et une en spray), c’est son actif composé d’extraits de chrysanthème. Son positionnement ? Sans pitié pour les petites bêtes, mais doux pour l’animal et l’environnement. Fidèle à sa stratégie de communication grand public massive, le numéro un des compléments alimentaires a concocté un plan média (presse et TV) à la hauteur de ses espérances sur les ventes. Une chose est sûre, Véthéo a pris la concurrence de cours.

Les lancements 2007, peu nombreux, ont cependant été marqués par celui de Profender (Bayer), le premier vermifuge pour chat en pipette et à large spectre. Citons aussi l’arrivée des spot-on Prac-Tic, signés Novartis, et d’Ascatryl Trio par Biocanina, soit le générique de l’antiparasitaire interne Drontal.

Clément-Thékan élargit son offre (86 références) avec les sprays « spécial comportement » Catitude et Doggytude, dont l’odeur calme l’animal en cas de stress. Les premiers du genre à l’officine. La marque du groupe Omega Pharma garde son leadership en volume avec 32 % de parts de marché (cumul annuel mobile à avril 2008, source fabricant). « Nous tenons à entretenir un partenariat avec les pharmaciens. Ainsi, notre équipe de 15 formateurs est à la disposition des équipes officinales et propose des formations en soirée », informe Leïla Baptista, chef de produit Clément-Thékan. L’autre acteur ayant donné l’exclusivité aux officines, Biocanina, se place second en termes d’unités vendues (21,7 % de parts de marché). Le laboratoire poursuit ses efforts sur la PLV, ses présentoirs venant de bénéficier d’un coup de jeune.

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Merial se classe troisième en volume (19,2 %) mais se réserve le titre de numéro un en valeur (31,3 %).

Bayer et Novartis entrent dans la course

Atout proximité oblige, la pharmacie attire désormais des partenaires historiques des vétérinaires. Ainsi, Bayer Santé animale investit sur le réseau officinal (PLV, leaflets d’informations) depuis deux ans en mettant en avant son expertise et la valeur ajoutée de ses produits : Advantage, Profender et Drontal. Le laboratoire a fini l’année 2007 avec une hausse de 35,4 % (cumul annuel mobile source fabricant) au compteur de ses ventes. Il talonne Novartis (respectivement 5,4 % de parts de marché contre 5,8 %), 4e intervenant du marché en valeur, qui profite de la notoriété de ses références phares : Program, Capstar et Lopatol.

Plus que jamais, la bataille se joue autour des APE et des vermifuges. Ces deux segments représentent la moitié du volume des ventes et ne connaissent pas la crise.

En revanche, les produits de la contraception et des organes des sens voient rouge. Pas de doute pour Leïla Baptista : « Le pharmacien a aujourd’hui intérêt à oser le conseil associé sur l’animal de compagnie pour développer ses ventes vétérinaires. Comme une mère avec son enfant, les propriétaires de chats et de chiens ont besoin d’écoute et attendent un accompagnement. »

Lueur d’espoir, les ventes de compléments alimentaires et de petfood (l’« alimentation enrichie ») sont prometteuses. Pour preuve l’envolée des ventes de la gamme Véthéo (+ 200 % en 2007).

Le secteur de l’alimentation santé (croquettes pour le pelage, la croissance…) progresse quant à lui de 30 % depuis deux ans. « Nous sommes entrés dans l’ère de la médecine vétérinaire préventive. De l’alimentation ménagère, nous sommes passés à l’alimentation premium qui évolue selon l’âge. Aujourd’hui, les gens sont prêts à dépenser pour que leur animal de compagnie vieillisse bien », informe Pierre-Yves Trochu.

Etant donné que plus d’un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie, le marché vétérinaire se prépare donc un fabuleux destin. « Et pourtant, son potentiel est largement sous-exploité par les officines », estime Dominique Even.

Reste donc aux équipes à faire valoir leur offre et leur expertise… au lieu de laisser les ventes ronronner au rythme des demandes.

+ 10,3 %

En 2007, le marché officinal pour animaux de compagnie a représenté un chiffre d’affaires de 173,5 millions d’euros (+ 10,3 % par rapport à 2006).

Paroles de clients…

Agatha, 48 ans, institutrice, un épagneul de 12 ans

« Mon chien devient vieux et, comme les humains, il a des douleurs articulaires et se fatigue vite. Mon véto m’a conseillé des comprimés à croquer pour les problèmes de rhumatisme. Il m’en vend pour 3 mois d’un coup et je suis tranquille. Pourquoi je ne vais pas en pharmacie ? Franchement, je n’y ai jamais pensé. Pour moi, le spécialiste des animaux, c’est la vétérinaire. »

Paulette, 83 ans, retraitée, une chienne de 3 ans

« J’ai adopté ma chienne l’année dernière. Elle était dans un sale état ! J’ai vu le vétérinaire pour les vaccins, mais pour le shampooing et les produits antipuces, je suis allée chez mon pharmacien. Il me conseille toujours bien. Et puis, si j’ai des questions, je n’hésite pas à aller le voir et à les lui poser. Avec le vétérinaire, les relations sont plus distantes. »

Valérie Crousse (Biocanina)

« Les propriétaires savent qu’ils peuvent maintenant trouver en officine des médicaments équivalents à ceux qu’ils trouvent chez le vétérinaire mais moins chers. »

La concurrence

Bonne compagnie

Le marché vétérinaire (tous circuits confondus) a connu en 2007 une progression de 7,61 %, contre 4,84 % en 2006. Le marché est estimé par l’AIEMV (Association interprofessionnelle d’étude du médicament vétérinaire) à 1,156 milliard d’euros (DOM-TOM compris). L’officine n’est pas le circuit qui retire le plus de fruits de cette croissance. En effet, les pharmaciens progressent moins vite (+ 6,51 % en valeur) que les vétérinaires libéraux (+ 9,58 %) et donc perdent des parts de marché (pharmacie : 6,87 %, vétérinaires : 75,44 %, tous segments confondus).

Le marché total des animaux de compagnie (plus le petfood) réalise un meilleur score avec une croissance à deux chiffres (+ 11,65 %). Derrière, les autres segments sont aussi porteurs : le marché des animaux équins évolue à + 8,1 % et celui des animaux de rente à + 4,22 %. Les médicaments pour animaux de rente passent de 55,40 % de parts de marché (en volume) en 2006 à 52,29 % en 2007. Mais ils restent toujours devant les produits pour animaux de compagnie (32,68 %) et le petfood (11,21 %). F.P.

Animaux de rente : le décret fantôme

Sur le créneau du traitement des animaux de rente, le climat entre vétérinaires et pharmaciens est toujours quelque peu tendu, les prescripteurs détenant près de 90 % de ce segment de marché lucratif. En pharmacie, le marché se situe aux alentours de 50 millions d’euros (en PFHT), selon le mensuel Pharmavet. Le décret « Prescription-délivrance » du 26 avril 2007, pourtant très attendu par la profession, n’a jusqu’ici pas boosté les résultats des pharmacies rurales impliquées dans le domaine vétérinaire. Elles ont pourtant désormais la possibilité de renouveler pendant un an les traitements préventifs. Mais les vétérinaires font de la résistance et refusent la plupart du temps de rédiger les ordonnances aux éleveurs…