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Comment dynamiser sa trésorerie
Que faire des excédents de trésorerie ? Comment marier disponibilité et rémunération satisfaisante ? Certains choix sont propres à l’environnement professionnel du titulaire, d’autres purement financiers. Conseils et comparatif.
Cotisations sociales trimestrielles, impôts, dettes… Les échéances, en officine, sont nombreuses. Difficile, dans ces conditions, d’anticiper en s’orientant vers une gestion à moyen terme de la trésorerie courante. Par conséquent, lorsque le titulaire dégage des excédents de trésorerie, « il doit s’orienter vers des solutions à court terme », conseille Dominique Leroy, expert-comptable (cabinet Norméco). D’autant qu’au vu de la remontée des taux de rémunération à court terme, il est possible d’obtenir une rémunération de 4 % sans risque, sur une période courte.
1 Jouer avec les délais et les remises
-Délai de paiement avec les répartiteurs
« Le pharmacien peut engranger quelques escomptes financiers quant au délai de paiement de son principal fournisseur. De plus, un délai de règlement par décade ou par huitaine permet de faire des prélèvements plus fréquents et limite la volatilité de la trésorerie », suggère Dominique Leroy.
-Escompte pour paiement comptant de certains laboratoires
Les laboratoires offrent la possibilité de payer plus rapidement certaines factures moyennant un escompte financier intéressant. « Cela permet d’adapter sa stratégie par rapport à sa capacité financière, explique Dominique Leroy. Le titulaire peut payer une ou plusieurs factures plus rapidement puis revenir à son délai de paiement normal. »
-Remise commerciale répartiteur
La plupart des répartiteurs proposent de porter sur un compte rémunéré, au nom du titulaire, les remises commerciales mensuelles. « Cette technique permet d’engranger tranquillement des sommes rémunérées et disponibles dans un délai relativement court. »
2 Choisir des bons produits financiers
Vous disposez d’excédents de trésorerie ? Au lieu de laisser dormir vos liquidités sur un compte, vous pouvez vous tourner vers votre banquier qui vous proposera quelques placements rémunérateurs. Grâce à Internet, certains réseaux permettent de gérer en temps réel sa trésorerie. « Il faut éviter les supports à moyen et long terme, dont le niveau de risque pourrait être dangereux pour le titulaire », recommande Dominique Leroy. Et se montrer particulièrement prudent sur des taux de rémunération dits performants, impliquant un niveau de risque important. « Il faut donc bien définir avec son partenaire bancaire ses objectifs. »
-Le compte à terme
Le compte à terme (appelé aussi dépôt à terme) permet d’investir et de bloquer son argent pendant une certaine période (d’un mois à dix ans selon les établissements) contre une rémunération prévue au départ. Il convient bien à une durée de placement de la trésorerie de quelques mois. « Ces contrats ont un taux de rémunération fixé à la signature de l’engagement, précise Dominique Leroy. Les intérêts sont versés au terme du contrat, avec la restitution du capital. »
Quelles sont les modalités du compte à terme ? « Il peut être à taux fixe et, dans ce cas, le rendement est fixé de façon contractuelle entre l’épargnant et son banquier, ou à taux progressif, évoluant selon la durée de blocage des capitaux », précise Jean-Eric Quenette, gérant de portefeuilles à l’agence Joire Pajot Martin (JPM) à Lille (Banque populaire du Nord).
Mais il faut être attentif. « En cas de demande de remboursement par anticipation, le taux d’intérêt est largement dégradé », avertit Dominique Leroy. D’où la nécessité d’anticiper les disponibilités de trésorerie dont pourrait avoir besoin le titulaire. « Une durée de blocage mal appréhendée peut être un frein à ce placement sans risque, confirme Jean-Eric Quenette. Une astuce consiste à répartir les capitaux sur différents comptes à terme et à varier les échéances. »
-L’OPCVM monétaire (SICAV et FCP de trésorerie)
A côté du compte à terme, l’agence JPM préconise à ses clients de placer leurs liquidités sur les OPCVM monétaire (Organismes de placements collectifs de valeurs mobilières). « L’OPCVM monétaire permet une gestion plus souple de la trésorerie au quotidien, mais son rendement suit de près le taux du marché monétaire », indique Jean-Eric Quenette. D’où un aléa dans la rémunération. Les OPCVM sont composés de titres de créances négociables à court terme et de bons du Trésor ainsi que d’obligations, à taux fixe ou variable.
La SICAV de trésorerie est également une composante des OPCVM monétaires. Le principe : chaque organisme bancaire dispose d’un panel de produits avec des valeurs liquidatives plus ou moins importantes (de quelques euros à plusieurs centaines de milliers d’euros). Généralement, l’évolution de ces titres suit le taux d’intérêt à court terme (actuellement de 3,5 % à 4 %). « Attention ! Afin de proposer des taux largement supérieurs, certains organismes bancaires n’hésitent pas à dénaturer les SICAV en y insérant une part de risque, prévient Dominique Leroy. Les tensions monétaires actuelles ont démontré que ces SICAV, dites sécuritaires, avaient dans certains cas perdu de la valeur. » Mais les SICAV de trésorerie ont l’avantage d’être immédiatement disponibles. Généralement, il est possible de les acheter ou de les vendre, en temps réel, par Internet et de moduler les achats et les ventes suivant le réel besoin de trésorerie de l’officine.
3 Réduire les incidences fiscales
Les excédents de trésorerie placés dans des produits financiers n’échapperont pas au fisc. Il est possible de faire baisser le coût fiscal des placements « en gérant une partie de cette trésorerie à l’extérieur de la structure d’exploitation », conseille Dominique Leroy. Comment ? Deux cas de figure existent :
-Si vous êtes imposé à l’IR
Dans les statuts d’entreprise individuelle ou d’impôt sur le revenu, les résultats des placements financiers sont automatiquement basculés sur le compte de l’exploitant ou des associés. Il suffit de transférer les fonds du compte de trésorerie professionnel sur le compte de trésorerie privé en y exécutant les acquisitions de titres. Réalisés à titre privé, les placements ne font l’objet que d’une taxation des plus-values par un prélèvement libératoire de 29 % au lieu de supporter l’impôt sur le revenu et les cotisations sociales. « En cas de besoins de trésorerie, il suffira de céder les titres sur le compte privé et d’effectuer un virement sur le compte professionnel. »
-Si vous êtes imposé à l’IS
Le problème est ici plus épineux. En effet, en cas d’endettement important d’une structure imposée à l’IS, les associés ne souhaitent pas réaliser de distribution de dividendes – pour éviter de payer à titre privé l’impôt sur le revenu – pour une majorité du résultat. De fait, les comptes courants d’associés ne sont pas régulièrement alimentés. D’où une trésorerie réduite souvent au minimum. « Il est indispensable de vérifier l’état des comptes courants des associés et de limiter l’opération au montant qui y figure. Il est donc beaucoup plus complexe, pour une structure imposée à l’impôt sur les sociétés, de gérer une trésorerie dans le cadre d’un compte privé. De plus, il peut être difficile de faire accepter à certains associés que la trésorerie soit gérée à titre privé sur les comptes d’un autre associé », conclut Dominique Leroy.
La plus grande prudence s’impose pour opérer ce transfert entre les comptes privé et professionnel. Pour que la recherche d’économies substantielles ne vire pas au cauchemar.
avis de l’expert
Luc Fialletout (Interfimo)
« Dans le cas de l’impôt sur les sociétés, une trésorerie importante sera l’indice d’une fine gestion. Tant que le titulaire n’appréhende pas les bénéfices, qu’ils soient sous forme de rémunération ou de dividendes, ils ne supportent qu’un faible niveau de prélèvement fiscal et aucune charge sociale. Il peut donc être pertinent de laisser dans la société l’argent dont on n’a pas besoin pour son train de vie afin qu’il génère des produits financiers. A contrario, à l’impôt sur le revenu, une trésorerie importante est une anomalie qui doit déclencher une concertation entre le pharmacien, l’expert-comptable et le financier pour étudier des solutions d’optimisation. Car l’argent qui figure à l’actif de la pharmacie a déjà entièrement supporté les prélèvements obligatoires et il aurait mieux sa place dans l’actif patrimonial du pharmacien. »
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