Une marge étroite
Le médicament norvégien est parmi les moins chers d’Europe de l’Ouest, grâce notamment à une très forte pression des génériques. La marge des pharmaciens, elle, atteint au maximum 20 % sur le médicament remboursable.
L’étude portant sur les prix des 300 produits les plus vendus (princeps et génériques) en Norvège montre que ce pays est le moins cher parmi les neuf pays étudiés (1). « Les prix sont beaucoup plus élevés dans des pays tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et particulièrement la Belgique où certains princeps en compétition avec des génériques coûtent jusqu’à 300 % plus chers qu’en Norvège », souligne Kurt Brekke, professeur à l’Ecole norvégienne d’administration économique et des affaires.
La première raison en est la politique de prix adoptée qui fixe le prix maximal des médicaments au tiers inférieur de ceux des neuf pays analysés dans l’étude.
Substitution obligatoire
Les distributeurs sont ensuite libres, à condition d’être en deçà de ce prix maximal. En pratique, les trois chaînes alignent leurs prix dans cette zone supérieure.
La promotion du générique (35,4 % du marché en 2006 contre 27,8 % en 2004) met également la pression sur les prix. La décote du générique doit être de – 30 % dès sa sortie, puis de respectivement – 55 % et – 65 % six et douze mois après (pour les génériques dont le prix est élevé, cette décôte atteint même – 75 % et – 80 % !). La substitution est obligatoire, sauf mention spéciale du prescripteur. En cas de refus, le patient devra s’acquitter de la différence. Le cabinet ministériel a décidé à l’automne dernier de baisser les prix des génériques à hauteur de 113 millions de couronnes (14,63 millions d’euros). Ce qui a dissuadé davantage encore les consommateurs réticents.
Dans ce contexte de maîtrise comptable, on comprend que les pharmaciens norvégiens se rebellent contre les marges trop faibles sur les médicaments remboursés. Le rapport établit en effet que les marges de distribution en Norvège, 18 à 20 % pour la pharmacie (2), sont parmi les plus basses d’Europe. « Cela confirme que notre système de distribution est très efficace », constate l’Association norvégienne de la pharmacie !
Toutefois cette politique des prix bas ne parvient pas à freiner la hausse des dépenses en médicaments : + 7 % par an selon IMS, soit le plus fort taux de croissance de Scandinavie (3). Spartiates par nature, les Norvégiens ont donc tendance à aligner leur consommation sur celle des autres Européens, plus « douillets ».
(1) Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche, Belgique et Irlande.
(2) La marge est basée sur un pourcentage du prix de vente en pharmacie, TVA comprise (8 % pour les premiers 200 NOK (24 Û) et 5 % pour la tranche de 200 NOK suivante) et un prix fixe de 21,50 NOK (2,50 Û) par boîte.
(3) Selon le syndicat des industriels, le CA par habitant a doublé en dix ans.
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