Les Vosges sont à la page

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Publié le 6 septembre 2008
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Et si l’intégration dans un « pôle de santé » était l’avenir des pharmacies rurales ? Béatrice Becker et Marie-Claire Gaudel n’ont pas attendu la réponse pour faire ce pari.

I nstallées en janvier à Vicherey, dans les Vosges, Béatrice Becker et Marie-Claire Gaudel ont déjà déménagé ! « Mon conjoint, salarié chez un répartiteur, avait attiré mon attention sur cette cession, avec un potentiel d’autant plus intéressant qu’elle devait s’intégrer dans un projet de pôle santé », explique Béatrice, 35 ans et 10 ans d’assistanat derrière elle. Marie-Claire, 27 ans, assistait depuis près de deux ans le cédant.

A peine avaient-elles achevé les opérations de reprise qu’elles se lançaient dans le dossier de transfert. Elles ont donc dû, tout en gérant leur officine, suivre le nouveau chantier. De quoi apprendre à se connaître… Le 29 mai dernier, l’avis favorable du conseil régional concernant le transfert tombait. Trois jours avant l’installation programmée dans les nouveaux locaux !

Lutter contre la désertification médicale

Ce pôle de santé comprend une maison médicale dans laquelle exercent trois généralistes, une diététicienne, deux dentistes, un pédicure-podologue, un orthophoniste, un psychiatre, deux infirmières et un orthophoniste. La pharmacie, et ses 250 m2, est située à quelques mètres. Les deux bâtiments disposent d’un petit studio équipé pour les gardes, ce qui facilite l’exercice pour ceux qui n’habitent pas la commune et permettra l’accueil de remplaçants.

« Une telle structure facilite les échanges entre les différents professionnels de santé. Elle rompt l’isolement latent en zone rurale », se réjouissent les deux consoeurs. Elles ne cachent pas non plus que le projet de s’intégrer dans un tel pôle représente un atout indéniable. « Nous bénéficions de conditions d’installation plus que favorables puisque la construction des locaux a été financée par l’établissement public de coopération intercommunale de Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle). Certes, nous louons ces locaux mais, nous n’avons eu à supporter que le coût de l’agencement intérieur en plus du rachat du fonds de commerce. Ce qui explique que nous n’avons pas eu de problème pour trouver le financement », explique Béatrice.

Le projet s’inscrivant dans un contexte général de lutte contre la désertification médicale, il a en effet reçu des aides de l’Europe, de l’Etat (notamment via la labellisation « pôle d’excellence rurale », ce qui lui vaut une subvention de 0,6 million) et de la Mutualité sociale agricole. A noter que les collectivités étaient d’accord pour subventionner mais à condition que la pharmacie s’inscrive dans ce projet.

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« S’agissant d’un local entièrement neuf, donc répondant aux normes les plus récentes, nous avons pu choisir notre agencement, les matériels, etc. Une situation qui s’apparente à une création, avec le confort lié à l’existence de la clientèle de l’officine reprise », souligne Marie-Claire Gaudel.

La bénédiction de l’Ordre

Pour Monique Durand, présidente régionale de l’Ordre, « les initiatives visant à susciter l’installation ou le maintien d’une présence médicale en zone rurale ont des effets positifs sur l’économie de l’officine. A l’inverse, la présence d’une pharmacie renforce l’attractivité d’un cabinet médical. Toutefois, il ne faut pas que les règles normales de concurrence soient mises à mal ». Dans le cas de Vicherey, les pharmacies les plus proches sont distantes d’une vingtaine de kilomètres. Un projet du même type est prévu à Varennes-en-Argonne (Meuse).