Transitique : Roulez business !

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Publié le 27 novembre 2004
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80 % des dysfonctionnements des automates et des robots seraient dus à un acheminement imparfait. Ces problèmes de transitique sont souvent dus à une mauvaise qualité du matériel (tapis, ascenseurs…) ou à des systèmes inadaptés. Les constructeurs donnent leurs conseils.

La transitique est aussi importante que le robot. Avec des machines capables de délivrer jusqu’à 3 600 boîtes à l’heure, elle peut rapidement devenir le maillon faible du système d’automatisation, résume parfaitement Bertrand Juchs, de la société Westfalia. Notre devise : le plus court possible, le plus droit possible et plutôt en haut qu’en bas. » Car plus l’acheminement des produits est complexe et le nombre de déviateurs important, plus le risque de dysfonctionnement est élevé. La tendance actuelle des fabricants est à une simplification et donc une sécurisation des installations. ARX, par exemple, privilégie les sorties directes sans transitique ou bien les glissières hélicoïdales et les chaussettes, lorsque le robot est placé à l’étage, à l’aplomb des comptoirs.

Compte tenu des risques potentiels inhérents à ces systèmes d’acheminement, il est essentiel de vérifier auprès du fabricant la localisation des techniciens chargés de la maintenance (y compris sur le territoire national). En effet, certaines sociétés ne possèdent encore qu’une maintenance à l’étranger, en Espagne ou en Allemagne pour certains fabricants, ce qui peut pénaliser le pharmacien. Tecnilab et Westfalia se sont dotés depuis peu d’une équipe de techniciens en France. Attention également aux contrats qui relèvent du droit étranger, allemand par exemple, et exigeraient lors d’un litige le recours, fort onéreux, à un avocat international !

Il y a vitesse et vitesse !

Certains éléments de l’automate comme les déviateurs, les roulements des rouleaux ou les bandes transporteuses sont souvent très bruyants. Et les bandes les moins sonores du marché sont les plus chères (deux fois plus !). Le haut de gamme est donc à privilégier pour une totale fiabilité dans le temps. Stéphane Nizard (Pharmax) recommande les systèmes d’aiguillage électriques, totalement silencieux, plutôt que les aiguillages pneumatiques qui claquent à chaque fois qu’ils se referment.

Attention aussi aux arguments de vente des fabricants reposant sur la vitesse d’acheminement : les tapis peuvent fonctionner dans l’absolu à 3 m/s mais dans la réalité la vitesse se situe entre 0,60 et 1 m/s. Dix mètres de tapis équivaudront donc à un temps d’acheminement de 10 à 17 secondes. Une vitesse d’éjection de quelques secondes peut être largement pénalisée par les temporisations d’acheminement (délais nécessaire entre deux ordonnances pour éviter les mélanges).

Le tapis roulant n’est pas forcément le meilleur système, d’où la nécessité de faire appel à des fabricants à même de proposer les différents systèmes (tapis, ascenseurs, pneumatiques, glissières) et la possibilité éventuelle de les combiner. Consis est le seul à proposer en plus des systèmes classiques un brevet exclusif pour éviter tout ralentissement et tout mélange des ordonnances (le tapis est divisé en quatre voies séparées).

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« Pour toute officine qui a de forts pics d’activité ou un chiffre d’affaires en médicaments supérieur à 1,5 M Euro(s) , un ascenseur sera un goulet d’étranglement et ralentira d’environ dix secondes les livraisons, par comparaison avec des tapis inclinés », assure Olivier Résano (Mékapharm/Apotéka).

Concernant les ascenseurs à godets – les produits sont accumulés dans une petite caisse (godet) qui monte le long d’un axe et se retourne en position haute pour les déverser -, Stéphane Nizard recommande la prudence : « Lorsque l’on déverse de la sorte une grosse ordonnance sur un convoyeur à bande, on se retrouve avec un gros volume de produits qui entraîne souvent des blocages lors du passage des boîtes le long des systèmes d’aiguillage. Pharmax pallie ce problème en utilisant un système qui sépare les boîtes entre elles lorsqu’elles sont déversées sur un convoyeur en sortie d’ascenseur. »

Pour Philippe Anglade (Tecnilab), le pneumatique est préférable sur de grande distances, le tapis en rez-de-chaussée, les glissières pour une installation en étage, l’ascenseur pour une installation en sous-sol.

Il ne faut pas hésiter à demander aux fabricants à spécifier dans leurs devis le temps d’arrivée effectif au point de délivrance d’une ordonnance type (quatre lignes, six produits) et de plusieurs ordonnances types saisies simultanément.

Le pneumatique dans l’air du temps.

Dominique Wira, directeur de la filiale française d’Aerocom, spécialiste mondial du transport pneumatique, a équipé une centaine d’installations en Europe dont une dizaine en France (Pharmax, Apotéka, Consis, Rowa, Tecny Farma, bientôt Robotek). Le principe : les médicament sortis de l’automate ou du robot tombent dans le réceptacle d’une station d’expédition qui, grâce à un compresseur, les envoie a travers un tube vers un ou plusieurs points de délivrance.

Les avantages de ce système : pas de contrainte d’environnement (réserve déportée, parcours longs ou tortueux, en étage, en sous-sol), des tubes camouflés au-dessus des faux plafonds ou derrière les cloisons, une grande rapidité (4 à 6 m/s) autorisant une délocalisation lointaine en entrepôt annexe par exemple, l’absence de maintenance, une durée de vie de huit à dix ans. Philippe Anglade ajoute à ces avantages l’absence de nuisance sonore (68 décibels à un mètre de distance, soit moins qu’une imprimante matricielle).

Le coût du transport pneumatique est supérieur de 25 à 30 % par rapport à un système classique (hors maintenance) et représente 12 à 20 % du prix de l’automate (10 à 14 % pour les autres types de convoyage).

De plus en plus vite.

Hormis le prix, Olivier Résano trouve encore quelques défauts au pneumatique : « La mise en pression du compresseur nécessite plusieurs secondes d’attente entre le moment où les boîtes sont prêtes et le moment où le système se met effectivement en route. Les vitesses annoncées, supérieures aux tapis roulants, peuvent être augmentées par le retour du bouchon impulseur dans le cas d’une voie d’acheminement unique. Le diamètre actuel des tubes d’acheminement impose de sortir de l’automate la plupart des grosses formes (sirops, ampoules, sachets, certains tubes de crème) car les risques de blocage sont trop importants. Enfin, pour une ordonnance importante, il peut être nécessaire d’effectuer l’envoi en deux fois, donc de majorer le temps de délivrance. »

Dernière évolution dans le domaine du pneumatique, travaillée en recherche et développement par Aerocom avec la collaboration de Vincent Rosier (Consis), la possibilité d’expédier les boîtes, ligne d’ordonnance par ligne d’ordonnance au fur et à mesure de la saisie, à grande vitesse. Une avancée technologique qui devrait lisser les temps de délivrance entre un robot et un automate.

Avec la collaboration de Philippe Lévy (cabinet Néo Pharma)

A retenir

– Vérifier si le contrat prévoit un dégrèvement en cas d’absence de transitique ou de transitique simple (glissière par exemple).

Consis annonce un dégrèvement pouvant aller jusqu’à 50 %.

– Vérifier que la transitique ne majore pas outrageusement le contrat de maintenance.

ARX garantit une maintenance forfaitaire quelle que soit l’installation. Apotéka annonce une maintenance correspondant à 0,8 % par mois du montant total du convoyage (0,2 % pour l’automate), Pharmax annonce 0,2 % du montant total de l’installation, 0,3 % lorsqu’un ascenseur a été installé.