Mini-réseaux : l’aventure commence

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Publié le 23 avril 2005
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Les pharmaciens savent prendre en main leur destin et conduire de véritables projets professionnels en réponse à la pression de l’économie. Pour preuve, l’émergence des premiers mini-réseaux de pharmacies. Les expériences rapportées par deux officinaux et un biologiste lors du débat organisé par Pharmacien Manager étaient, en ce sens, une véritable première. Elles montrent qu’il y a autant de schémas possibles de réseaux (au-delà du montage juridique en SEL) que de métiers et de tempéraments.

Jean-Marie Gobillard, installé à Poix-Terron (Ardennes), est à l’origine d’un regroupement de quatre pharmacies géographiquement proches les unes des autres et de la création de la SARL JMG consultant qui joue le rôle de tête du réseau. « Nous avons externalisé au niveau de cette société de services tout ce qui ne relève pas de l’acte pharmaceutique (juridique, administratif, social…), d’où des économies structurelles importantes. » Par le biais de la mutualisation des charges et des chiffres d’affaires, la structure est ainsi rentabilisée.

De son côté, Patrick Mouton a créé et développé un autre concept à travers Phylé@, enseigne qui regroupe des mini-réseaux de cinq SEL. « Nous avons dans les deux groupes existants des pharmacies implantées à Limoges, Compiègne, Gisors… et aussi dans la Nièvre et le Sud-Ouest. » Dans cette configuration en étoile, « Phylé@ développe une offre de services délocalisée auprès de l’ensemble des points de vente, avec l’ambition d’aider les pharmaciens à se recentrer sur leur coeur de métier, en leur permettant de consacrer 90 % de leur temps au comptoir et 10 % au management ».

Autre exemple, puisé dans la biologie cette fois : Christophe Larosa, pharmacien biologiste à Saint-Gratien (Val-d’Oise), exerce son métier au sein d’un réseau de sept laboratoires d’analyses médicales gérés par deux SELARL. « La création de ce réseau fait suite à la baisse drastique de la cotation de nos actes dans les années 90. Cela nous a permis de mettre en commun des moyens de production, de faire l’acquisition d’automates beaucoup plus performants, et ainsi d’augmenter le nombre de patients-clients sur les différents sites. »

Au-delà des fins capitalistiques de leurs promoteurs, et bien que guidés par une logique économique indéfectible, les mini-réseaux de SEL aident également les jeunes diplômés à s’installer et poursuivent un objectif basé sur la satisfaction du patient. Les principaux bénéfices du travail en réseau peuvent se résumer à un partage des ressources et des compétences, un élargissement de l’offre clients et à une alliance (gestion conjointe des achats avec à la clé des avantages commerciaux plus importants…). Les risques sont ceux inhérents à toute entreprise aventureuse sur un terrain peu exploré. « Le modus operandi juridique est complexe et rompt avec les montages traditionnels, remarque Philippe Becker, de Fiducial Expertise. L’alliance objective entre des pharmaciens investisseurs et des pharmaciens exploitants est une nouveauté dans le monde de l’officine libérale. Comment vivra sur le long terme cette forme d’association, personne ne le sait ! Les expériences engagées vont permettre de centraliser les problèmes et de mesurer les avantages et les inconvénients dans le temps du système et peut-être de proposer des solutions nouvelles. »

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Isabelle Adenot, présidente du conseil central A, a rappelé qu’elle veillait au grain quant à l’usage qui est fait dans la profession des différentes formes d’exercice en société. Citant le cas d’un pharmacien gérant d’une SELAS avec une part qui s’est fait exclure par l’associé investisseur, elle a réaffirmé la mission de l’Ordre, garant de l’indépendance professionnelle du pharmacien. Quel que soit le montage juridique, « l’Ordre sera attentif à ce que les pharmaciens gérants restent des titulaires libres de leurs jugements et décisions dans leurs actes professionnels »