Attention aux benzodiazépines !

La dépendance aux médicaments est encore sous-évaluée. Elles est pourtant révélatrice de la place du médecin dans la société et de son rôle surdéterminant. Les problématiques de manque et d’incomplétude sont très présentes dans la société française. D’où notamment une forte demande d’hypnotiques, auxquels on confère un pouvoir magique et libérateur », constate Jean-Louis Senon, chef du service de psychiatrie et psychologie médicale du CHU de Poitiers et responsable du cours sur les toxicomanies médicamenteuses dans le cadre du DESC d’addictologie à Paris. On le sait, un usage trop large est fait des psychotropes : 7 % de la population générale consomment quotidiennement des tranquillisants et des hypnotiques et 30 % au moins une fois par an.

Autre souci : les associations de benzodiazépines ou de benzodiazépines et d’hypnotiques, avec pour conséquence une surconsommation qui peut provoquer une vraie dépendance : 70 % des prescriptions sont initiées depuis plus de cinq ans et certains patients âgés prennent des benzodiazépines de façon régulière depuis plus de vingt ans. Les risques pour la santé sont nombreux : troubles de la mémoire et comportementaux dus à l’action amnésiante, chutes et fractures chez la personne âgée liées à l’activité myorelaxante…

Pour limiter la surconsommation, l’Assurance maladie vient d’entreprendre des actions, en accord avec les syndicats médicaux. « Pour les benzodiazépines, les médecins-conseils sont actuellement formés pour détecter les abus de prescriptions. A la rentrée prochaine, ce sera le tour des médecins généralistes d’être formés afin de suivre un protocole : éviter de prescrire des associations de benzodiazépines, limiter la durée du traitement… », explique Jean-Louis Senon

Et le rôle du pharmacien ? « Il n’est pas simple. Il serait déjà important s’il pouvait repérer sur l’ordonnance l’association de plusieurs benzodiazépines et ainsi inciter les patients à poser des questions à leurs médecins. »