Formatrice, le meilleur rôle de sa vie

Elle court, elle court, Fabiole. Entre deux rendez-vous, deux répétitions de théâtre. La vie, elle ne l’envisage pas autrement. Avec pour leitmotiv ce besoin de partager son enthousiasme professionnel. Un besoin qui l’a poussée tout récemment à se lancer en indépendante dans le conseil en formation pour les officinaux. « Ma triple compétence scientifique, commerciale et de communication et le fait que je sois très proche et familière des préoccupations des équipes officinales m’ont tout naturellement orientée vers cette activité », explique-t-elle.

C’est presque un retour aux sources pour cette Bretonne qui a commencé sa carrière comme assistante avant de s’installer avec son mari dans l’ouest de la France. « Diplômée en 1985, j’ai d’abord travaillé durant trois ans comme assistante, avec pour objectif une installation rapide. » Fabiole rachète donc une petite pharmacie rurale avec les moyens du bord, dans un contexte économique difficile. « Nous nous sommes retrouvés très jeunes avec une entreprise dont il fallait maintenir l’équilibre financier dans un contexte peu favorable. » Un objectif qui sera atteint et même dépassé durant les douze années que durera l’aventure. Mais dès que l’horizon se montre plus serein, Fabiole songe déjà à se lancer de nouveaux défis…

« En 1994, en ouvrant Le Moniteur, je découvre que Distriphar cherche des pharmaciens d’officine pour développer des formations en vente conseil », se souvient-elle. La formation interne que lui fait suivre en préambule son nouvel employeur l’enchante.

Rencontre avec la formation.

C’est le début d’une autre passion : celle de la formation. Fabiole parcourt le Grand Ouest pour dispenser aux clients Distriphar des formations in situ sur les techniques de vente, les techniques de communication, de ventes conseil, de conseil en médication familiale et enfin des formations sur les grandes pathologies. Elle compte jusqu’à cent officines partenaires, et suivra un grand nombre d’entre elles pendant cinq ans, participant au maintien de la motivation des équipes et au développement du chiffre d’affaires.

Début 2000, la réorganisation de Distriphar (création du groupe Aventis) entraîne la suppression du département formation. Une amie de Fabiole lui propose de la rejoindre comme déléguée hospitalière au sein du Laboratoire français de biotechnologies (LFB), spécialisé dans les produits dérivés du sang. Elle découvre alors le secteur hospitalier. « J’ai beaucoup appris en termes de rigueur, de communication et de connaissances des produits », souligne-t-elle.

Contactée par un chasseur de têtes, Fabiole démissionne pour un poste de responsable formation chez Abbott France. « Contrairement au poste précédent, j’avais une très grande autonomie. Je gérais l’ensemble des formations initiales des délégués hospitaliers et des directeurs régionaux pour les produits touchant aux domaines de l’anesthésie, de la douleur et de la pédiatrie (prévention de la bronchiolite). Puis ce fut le lancement d’Humira, traitement novateur contre la polyarthrite rhumatoïde. » Seul bémol : la grande majorité de son travail s’effectue au siège et la prive, faute de temps, de contacts avec le terrain.

Créer son entreprise pour être libre.

Une contrainte qui aura raison de sa motivation. « Il me manquait l’aspect commercial. Je formais des équipes à l’argumentaire sans avoir les moyens d’en mesurer l’impact sur le terrain. » Fabiole postule alors comme directeur des ventes chez Abbott. « La mission principale était d’ordre managérial. Je gérais une équipe de huit personnes. L’intérêt de ce poste était de pouvoir former mon équipe, transmettre mes compétences scientifiques, animer des réunions régionales et assurer un soutien régulier des délégués sur le terrain. J’ai beaucoup appris aussi à développer et maintenir la motivation de mon équipe. La polyvalence du poste me plaisait mais, trop indépendante sans doute, ma liberté me manquait. »

A l’occasion d’une troisième grossesse, Fabiole remet en question ses choix professionnels : « La formation m’est apparue comme une de mes composantes professionnelles les plus solides. Je voulais revenir à l’officine car c’est le secteur où je me sens le mieux. » Fabiole entreprend donc une étude de marché. « L’attente des pharmaciens vis-à-vis de formations sur la vente conseil, le conseil associé et la communication autour de la délivrance de l’ordonnance est nettement ressortie de cette enquête. » Ses recherches sur Internet concernant le meilleur mode d’exercice lui font découvrir le système du portage salarial (voir encadré). Elle signe donc un « partenariat » avec une société spécialisée dans le domaine qui lui assure une certaine sécurité financière.

Et voilà Fabiole repartie vers d’autres horizons, une nouvelle scène sur laquelle s’épanouir. Car elle n’a pas pour autant abandonné le théâtre où, chaque semaine, elle évolue aux côtés des autres acteurs de la troupe Espace Paris Marais. Fabiole Moreddu a plus d’un rôle dans son répertoire.

LE PORTAGE SALARIAL

– Il existe aujourd’hui en France une cinquantaine de sociétés de portage salarial. Elles permettent à des créateurs d’entreprise de commencer rapidement leur activité sans prendre de risque, sans démarche administrative complexe inhérente à la création d’entreprise. En échange, la société « hébergeuse » les salarie en fonction des affaires rapportées, leur permet de bénéficier d’une couverture sociale et prélève un pourcentage sur le chiffre d’affaires de ses « salariés indépendants ».

FABIOLE EN QUELQUES DATES

– 7 janvier 1964 : naissance en Bretagne.

– Juillet 1988 : acquisition d’une officine avec son mari.

– Mai 1994 : pharmacien conseil chez Distriphar formation.

– Octobre 2001 : responsable formation chez Abbott France.

– Décembre 2005 : réalisation de sa première formation en tant qu’indépendante.