Angines : un Trod sinon pas d’antibiotique

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Angines : un Trod sinon pas d’antibiotique

Publié le 31 août 2023
Par Magali Clausener
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La consommation d’antibiotiques en France est élevée. Ce n’est pas un scoop. Mais pour réduire cette consommation, la mission interministérielle sur le financement et la régulation des produits de santé n’hésite pas à proposer de conditionner la délivrance d’antibiotiques à la réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) angine en pharmacie.

La France, la consommation d’antibiotiques est élevée : c’est même le cinquième pays européen en matière de consommation d’antibiotiques, avec une moyenne supérieure de 20 % à la moyenne européenne (ECDC, 2021). De plus, il a été constaté que 40 % des prescriptions sont contraires aux recommandations (Haute Autorité de santé, 2014). La réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique –Trod angine en officine et les ordonnances conditionnelles doivent justement permettre de réduire la consommation d’antibiotiques, mais la mission interministérielle juge cette évolution trop lente. « En avril 2023, seulement 6 000 officines proposaient ces tests, même si ce nombre est depuis quelques mois en forte augmentation suite à l’accompagnement mis en œuvre par l’Assurance maladie à l’automne (2 000 officines en 2022) », explique la mission dans son rapport remis le 29 août au Gouvernement.

Elle souligne aussi que seulement 1,2 million de Trod ont été commandés par les médecins généralistes pour 9 millions d’angines traitées. « Ce qui est très insuffisant », observe la mission.

Trod sous-utilisés par les médecins

Bien que les Trod soient fournis gratuitement aux médecins généralistes, ils « sont sous utilisés », entrainant une consommation d’antibiotiques « trop élevée et inadaptée ». Selon la mission, cette sous-utilisation est due à de nombreux paramètres parmi lesquels :

– une absence de connaissance de la gratuité des tests pas le médecin ;

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– un temps nécessaire à la réalisation du test eu égard au temps moyen d’une consultation ;

– la méconnaissance des patients ;

– le circuit pharmaceutique (possibilité de conditionner la prescription au test en pharmacie) non connu.

Au total, sur les 6 millions de prescriptions d’antibiotiques dues aux angines, seules 2 millions seraient justifiées selon l’Assurance maladie.

Trod contre antibiotiques

Afin de remédier à cette sous-utilisation, la mission propose d’envisager « de conditionner la délivrance d’antibiotiques pour le traitement des angines bactériennes, pour les adultes, à la réalisation d’un Trod angine par le pharmacien à partir de 2025 si une amélioration substantielle de l’utilisation des Trod n’a pas été constatée d’ici l’été 2024 ». Et de préciser que cette possibilité pourrait être inscrite dès le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. Elle évoque aussi l’évaluation de la faisabilité d’autotests par les patients eux-mêmes ainsi que le développement des partenariats avec les associations de patients, « relais des campagnes de santé publique sur les questions d’usage des tests ». Enfin, elle propose de travailler également sur la diffusion des tests VIH, des tests rapides de dépistage pour les hépatites ou encore le dépistage du cancer colorectal.

La mission recommande aussi de « lancer dès l’été [2023, NdlR] un effort d’information sur les Trod à destination des patients, des prescripteurs et des pharmaciens ». Il est vrai qu’elle devait initialement rendre ses conclusions fin juin 2023.