Controverse sur les chiffres de l’AFIPA

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Publié le 31 janvier 2015
Par Stéphanie Bérard
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La dernière étude de l’AFIPA révèle que les ventes de médicaments sur Internet restent confidentielles. Pour la société d’étude Median Conseil, le marché est très concentré, ce qui pourrait donner un effet trompeur sur les chiffres.

La vente de médicaments sur Internet est-elle réellement un marché porteur pour les officines ? Pour l’AFIPA (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable), rien n’est moins sûr. Dans sa dernière étude, menée par Celtipharm, elle affirme que si le nombre de sites autorisés à vendre des médicaments sur la Toile a presque triplé de (78 à 209) entre 2013 et 2014, seulement 53 % ont développé un espace de commande en ligne de médicaments, soit à peine 111 sites. Autre chiffre révélateur : le chiffre d’affaires moyen de chaque site ne dépasserait pas 65 000 euros (médicament et parapharmacie) en 2014. Les ventes des pharmacies virtuelles restent donc, d’après cette étude, un marché confidentiel d’environ 4,5 M € en CATTC (tous produits confondus) dont seulement 300 000 € pour le médicament.

Un marché très concentré

Alors, Internet serait-il finalement un mauvais filon pour les officines ? Ce n’est pas l’avis de Benoît Thomé, dirigeant de Median Conseil, qui invoque un problème de méthodologie. « La notion de moyenne s’applique très mal à la vente en ligne. Il y a une très grande disparité entre les sites, puisque les 37 premiers d’entre eux captent 86 % du marché », assure-t-il. Le cabinet d’études et de conseil, qui dispose d’un panel des ventes de sites de pharmacies très impliqués, affirme qu’au vu « des données envoyées par plusieurs dizaines de sites de pharmacies chaque trimestre, le marché du médicament en ligne se rapproche de 22 M € soit 1 % du marché total de l’OTC ». Ce panel lui permet d’ailleurs d’observer que « la moyenne du CA des sites observés, sur un mois, était de plus de 70 000 euros, dont 55 % pour le seul médicament ». Cet écart entre l’étude de l’AFIPA et le panel de Median Conseil montre que la majorité des pharmaciens à avoir développé un site Internet s’y impliquent peu. « Les deux tiers des officinaux sont soucieux de dégager de la marge à court terme sur la vente en ligne, alors que les pharmaciens qui s’engagent sur leur site veulent faire du volume avec une politique de prix attractive. » Pour Benoît Thomé, « les sites qui ne sont que des vitrines ne peuvent pas marcher. Il faut, au minimum, prévoir un investissement initial de 50 000 €, avec un webmaster employé à mi-temps. »

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