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L’OUVERTURE DU CAPITAL EST-ELLE INÉLUCTABLE ?
L’UNPF, l’un des trois syndicats de titulaires, propose d’ouvrir le capital des officines à tous les pharmaciens. Pour certains, il n’en est pas question. Mais, pour d’autres, il faudrait aller encore plus loin.
Le 23 septembre dernier, l’UNPF présentait son Livre blanc « Pharmacien : pour que la profession ait un avenir ». Parmi 20 propositions, l’une d’elles a tout de suite attiré l’attention. Le syndicat préconise en effet d’ouvrir le capital des officines à l’ensemble des pharmaciens et non plus exclusivement à ceux en exercice. Pour l’UNPF, il faut « démocratiser le métier, le sortir de la transmission sui generis pour autoriser tout pharmacien désireux d’investir à hauteur de ses moyens et de devenir actionnaire ». En clair, il s’agit de donner la possibilité aux pharmaciens retraités, sans contraintes de délai, mais aussi à ceux d’autres sections (industrie, grossistes-répartiteurs, établissements de santé, biologie médicale) d’entrer dans le capital des officines. « Ce sont des professionnels de santé qui partagent un savoir-faire et des valeurs communes. Cela permet aussi d’élargir la mutualisation des ressources et des compétences dans un objectif commun : la sécurisation du patient », explique le syndicat.
Un an auparavant, le 30 septembre 2014, la profession était vent debout pour défendre les trois piliers de la pharmacie, dont la réserve du capital aux seuls pharmaciens d’officine et l’indépendance de l’exercice. En juillet et septembre 2015, l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté un article du projet de loi de modernisation de notre système de santé qui permet aux pharmaciens adjoints d’entrer dans le capital d’une pharmacie à hauteur de 10 %. La proposition de l’UNPF relance le débat sur ce serpent de mer qu’est l’ouverture du capital.
JEAN-LUC FOURNIVAL, PRÉSIDENT DE L’UNPF*
« L’ouverture du capital n’est pas un objectif mais un moyen »
« Notre Livre blanc part d’un constat : un taux de chômage important, des fermetures d’officines tous les deux jours, un PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale NdlR] qui ne va pas améliorer la situation, la fin des ROSP [rémunérations sur objectifs de santé publique], la transmission bloquée… Il faut inventer une nouvelle dynamique et une nouvelle croissance. L’ouverture du capital n’est pas un objectif, mais un moyen de fluidifier les transmissions, de mettre en place une coopération financière qui va mutualiser nos forces et nos talents au sein des pharmacies. On parle de l’indépendance du pharmacien, mais qu’en est-il dans un groupement qui met en place une même politique de prix, une même gamme, un logiciel, etc. ? Et lorsque les commerciaux des laboratoires vous expliquent qu’il faut mettre tel médicament derrière le comptoir ou en libre-service et à tel prix pour obtenir des remises ? L’ouverture du capital ne signifie pas que des financiers vont arriver et tout détruire. Il faut mettre des bornes. Quant aux conflits d’intérêt qui pourraient exister avec des pharmaciens industriels ou de la répartition, on peut les solutionner par un règlement intérieur et un pacte d’associés. Il faut un système de transition à partir de 2016 car, entre 2015 et 2025, 40 % de la profession va s’en aller et il n’y aura pas autant de jeunes diplômés et d’adjoints pour reprendre les pharmacies. A terme, nous devons baser notre structure sur d’autres rentabilités que le médicament remboursé, être constructifs et efficients, devenir des pharmaciens cliniques, des acteurs crédibles et incontournables. Si nous ne faisons rien, nous allons détruire 6 000 officines, ce qui est la volonté de l’Etat. »
GILLES BONNEFOND, PRÉSIDENT DE L’USPO*
« Les pharmaciens deviendraient les esclaves du grand capital »
« Nous sommes opposés à l’ouverture du capital, y compris à des pharmaciens qui ne travaillent pas en officine. La proposition de l’UNPF implique d’ouvrir le capital à des pharmaciens de la répartition et donc aux grossistes-répartiteurs. Ensuite, cela sera l’ouverture du capital à des pharmaciens de la distribution et nous arriverons à faire entrer Leclerc ! Et après, il s’agira de pharmaciens exerçant à l’étranger… La marge est très faible et il faudrait la partager avec des investisseurs ? Les pharmaciens deviendraient les esclaves du grand capital ! Cette proposition est démagogique. On veut nous faire croire qu’elle va sauver les petites pharmacies qui ne se vendent pas. Ces officines n’intéressent pas les investisseurs. Nous aurons des pharmacies qui seront soutenues par des grossistes-répartiteurs et d’autres qui seront abandonnées. On va casser le maillage territorial. Nous aurons aussi des distorsions dans l’approvisionnement, les grossistes livrant en priorité leurs pharmacies. C’est une fracture de l’union du 30 septembre 2014, alors que nous avons réussi à faire reculer Macron sur ce point. L’ouverture du capital est une fuite en avant. Elle n’est pas inéluctable, sauf pour ceux qui renonceraient. Certains pays, comme la Hongrie ou l’Italie, reculent d’ailleurs sur ce point. »
PHILIPPE GAERTNER, PRÉSIDENT DE LA FSPF*
« La constitution de structures avec des capitaux extérieurs va rendre plus difficile l’accès aux jeunes »
« Aujourd’hui, nous ne considérons pas que l’ouverture du capital à d’autres personnes que les pharmaciens d’officine soit une solution. Ceux qui vont investir demanderont toujours plus de retour sur investissement et les pharmaciens auront moins d’indépendance. Le projet de loi santé prévoit l’entrée des pharmaciens adjoints dans le capital et c’est une bonne évolution. Si d’autres acteurs de la pharmacie interviennent dans le capital, nous entrerons dans un système que nous ne serons pas capables de maîtriser. La constitution de structures avec des capitaux extérieurs va rendre plus difficile l’accès aux jeunes. Les investisseurs voudront prendre les rênes et nous assisterons à la mise en place de pharmaciens “supersalariés”. Ouvrir le capital à des pharmaciens grossistes-répartiteurs questionne : ils prendront des parts en tant qu’individus ou en tant que porteurs de fonds et pour le compte de qui ? Nous ne pouvons pas imaginer qu’ils entrent dans le capital intuitu personæ… On prend le risque de déstabiliser le réseau officinal. Aujourd’hui, nous devons donner une visibilité aux jeunes et une visibilité économique aux pharmaciens. L’ouverture du capital est-elle inéluctable ? Cela fait trente ans qu’on pose la question… En 2014, les pharmaciens se sont fortement mobilisés à ce sujet. Il faut redonner un modèle à la pharmacie d’officine libérale. »
ISABELLE ADENOT, PRÉSIDENTE DU CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES PHARMACIENS
« Permettre aux pharmaciens de l’industrie d’entrer dans le capital des officines, c’est inacceptable ! »
« Proposer d’ouvrir le capital à tous les pharmaciens, c’est insoutenable. Permettre aux pharmaciens de l’industrie d’entrer dans le capital des officines, c’est inacceptable. L’Ordre a toujours défendu l’indépendance des pharmaciens. D’ailleurs, les pays qui ont ouvert le capital des pharmacies ont exclu les industriels, et certains ont également exclu les grossistes-répartiteurs. L’UNPF propose l’entrée des pharmaciens adjoints dans le capital : c’est enfoncer des portes ouvertes ! Non, il ne faut pas laisser les jeunes au bord de la route et c’est pour cette raison que nous avons travaillé pendant un an sur l’entrée des pharmaciens adjoints dans le capital. Le texte est passé à l’Assemblée nationale et au Sénat. Cette possibilité est essentielle pour les adjoints. Les transactions de parts sociales doivent être fluides. Il faut faciliter les entrées et les sorties du capital. Les SPF-PL et les SEL permettent cela. Aujourd’hui, une pharmacie sur six est liée à une autre pharmacie. »
LAURENT FILOCHE, PRÉSIDENT DE L’UDGPO*
« Une entrée des grossistes dans le capital serait bénéfique au réseau »
« L’ouverture du capital est inéluctable. Il faut trouver des moyens de recapitaliser le réseau officinal et ce ne sont pas les pharmaciens titulaires et adjoints qui pourront le faire. Pourquoi pas les pharmaciens grossistes et les grossistes-répartiteurs ? C’est déjà le cas de façon déguisée avec les encours qu’ils détiennent dans beaucoup de pharmacies. Les grossistes ont un droit de vie et de mort sur les pharmacies. Une entrée des grossistes dans le capital serait bénéfique au réseau. Oui, ils cibleront les meilleurs points de vente, mais les pharmaciens qui ne pourront pas prendre les officines “premium” se rabattront sur les seconds choix. Il y aura toujours des indépendants. Clairement, cela fait sens pour les grossistes car cela peut leur permettre de réaliser des économies d’échelle verticale sur tout le réseau. Mais il faudrait une ouverture plus large encore, incluant des réseaux de santé de mutuelles ou des payeurs, voire des investisseurs non professionnels de santé. Il faut organiser l’arrivée d’argent frais. Si on reste dans une situation bloquée, le gouvernement risque de décider en urgence de faire venir des intervenants extérieurs. Il faut remettre à niveau les pharmacies et sortir de l’impasse des “petites boutiques”. Aux pharmaciens d’inventer de nouveaux services rémunérateurs, car celui qui décide finalement de tout, c’est le patient. Il faut rentabiliser les points de vente et faire en sorte qu’ils soient le plus professionnel possible. »
NASSIM MEKEDDEM, PRÉSIDENT DE L’ANEPF*
« Un gros risque pour l’exercice de notre profession et le bien du patient »
« Nous sommes opposés à toute ouverture du capital aux financiers et à l’ensemble des pharmaciens, à l’exception des pharmaciens d’officine. Le pharmacien doit garder son indépendance et être le seul gestionnaire de l’officine. Néanmoins, nous ne sommes pas opposés à l’ouverture du capital aux pharmaciens adjoints, bien au contraire. Pour les autres pharmaciens de l’industrie ou de la répartition, l’ouverture pose toujours la question de l’indépendance et d’un éventuel conflit d’intérêt. Le danger étant également qu’en leur ouvrant le capital, cela pourrait amener la discussion de l’entrée des pharmaciens travaillant dans la grande distribution. Si jamais cette idée se concrétise, il faudra donner des limites à la détention de parts. L’idée de l’UNPF a le mérite d’exister et de poser le débat. Pour autant, l’ANEPF n’est pas convaincue par cette proposition. Pourquoi propose-t-on cette ouverture du capital ? Parce que les pharmaciens éprouvent des difficultés à s’installer. Il faut entamer une réflexion pour faciliter l’installation des jeunes. L’ouverture est-elle inéluctable ? Il est certain que le projet d’Emmanuel Macron va de nouveau surgir. Mais quels sont les risques ? J’ai peur que cela soit un gros risque pour l’exercice de notre profession et le bien du patient. »
THOMAS LEGRAIN, CONSEIL EN STRATÉGIE, COMMUNICATION ET LOBBYING
« L’objectif n’est pas de défendre le modèle actuel mais de préserver le chiffre d’affaires »
« Il est évident que la profession doit évoluer, car de nouveaux acteurs finiront par y entrer tôt ou tard. Ils auront d’immenses moyens financiers et arriveront de manière massive sur le marché et le déstabiliseront. Les pharmaciens ont raison de défendre leurs acquis dans un monde qui bouge, mais c’est une attitude court-termiste. Pour l’instant, ils sont protégés parce que la profession est réglementée et répond à des problématiques de santé, mais la “relation client” des patients avec le médicament n’est pas réservée aux pharmaciens. Par exemple, en Chine, des acteurs de l’e-commerce entrent sur le marché du médicament. Les pharmaciens doivent inventer leur avenir, être innovants, regarder ailleurs, s’ouvrir au monde extérieur et faire des propositions. Ils sont trop sur la défensive. Ils sont plus attachés à leur indépendance qu’à leur business. L’objectif n’est pas de défendre le modèle actuel mais de préserver leur chiffre d’affaires : si le modèle évolue, il faut que ce soit eux qui continuent à capter le chiffre d’affaires. La profession manque d’une vision commune, d’un projet d’avenir attractif et mobilisateur à l’horizon de 2025. Elle doit aussi réformer sa gouvernance, il y a trop de représentants qui ne jouent pas collectif et cela discrédite les pharmaciens auprès de l’Etat. »
PASCAL LOUIS, PRÉSIDENT DU CNGPO*
« Nous n’avons pas le droit de dire que nous avons un modèle idéal depuis 50 ans et qu’il faut le garder à tout prix »
« Il faut faire attention au terme “d’ouverture du capital” qui peut conduire à différentes interprétations. Il existe plusieurs degrés d’ouverture. Ceci dit, je trouve que le Livre blanc de l’UNPF soulève de vraies questions sur l’évolution de la profession et sur la recapitalisation du réseau. Cette dernière question est récurrente et devra être résolue un jour. La proposition de l’UNPF a le mérite d’interpeller et de faire réfléchir. L’ouverture est inéluctable, mais je pense que ce n’est pas la mission des pharmaciens répartiteurs ou de l’industrie d’être actionnaires d’officines. Le CNGPO veut une ouverture encadrée, avec des pharmaciens exerçant ou ayant exercé dans la vente au détail du médicament et des pharmaciens susceptibles d’être multipropriétaires. Faut-il envisager une ouverture du capital plus large ? Nous devons travailler par étapes, trouver des solutions intermédiaires et voir jusqu’où il faut aller pour recapitaliser le réseau. Nous ne sommes pas obligés de passer d’un extrême à l’autre, c’est-à-dire d’une protection du capital à une ouverture totale à tout investisseur. Mais nous n’avons pas le droit de dire que nous avons un modèle idéal depuis 50 ans et qu’il faut le garder à tout prix. »
JOAQUIM FAUSTO FERREIRA, PRÉSIDENT D’ALLIANCE HEALTHCARE FRANCE
« L’ouverture du capital relève de la décision des pouvoirs publics »
« Nous ne sommes ni favorables ni défavorables à la proposition de l’UNPF. L’ouverture du capital doit être en adéquation avec les besoins de la population et de la pharmacie, et relève de la décision des pouvoirs publics. Pour moi, l’UNPF ne préconise pas une ouverture du capital mais plutôt une augmentation de la flexibilité, comme elle peut exister dans certains pays. Au Portugal, par exemple, le capital est ouvert aux pharmaciens qui ne travaillent pas dans la pharmacie. La réglementation est très claire : un pharmacien travaillant chez un grossiste ou responsable dans un laboratoire peut être seulement actionnaire, pas responsable au sein de l’officine. L’arrivée de grossistes-répartiteurs dans le capital des pharmacies est un faux débat. A partir du moment où l’UNPF propose la création de fonds d’investissement de pharmaciens, sans la participation des entreprises, la séparation est claire. Il n’y a ni “porte d’entrée” ni “porte de sortie” pour les grossistes-répartiteurs. Je crois que l’ouverture du capital est inévitable. En Europe et dans le monde, différents modèles existent et fonctionnent. Il n’y a pas un modèle unique, chaque pays doit trouver sa propre solution en fonction de sa culture, de son système de santé, des professionnels de santé. Dans tous les cas, nous adaptons nos services et nous le ferons en France si la situation évolue. »
HUBERT OLIVIER, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE L’OCP
« La réponse n’appartient pas aux répartiteurs mais aux pharmaciens »
« Le Livre blanc de l’UNPF va plus loin que l’ouverture du capital qui est l’une des 20 propositions du syndicat. La vraie question posée est “Quelle pharmacie demain ?”. L’UNPF ouvre un débat dans trois directions : attirer les jeunes diplômés et pérenniser la profession ; replacer le pharmacien sur son cœur de métier ; adapter le modèle économique, juridique et fiscal de l’officine. Faut-il ouvrir le capital des officines ? La réponse n’appartient pas aux répartiteurs mais aux pharmaciens. C’est une des questions d’un débat dans lequel l’UNPF propose à la profession de s’engager. Au-delà de l’ouverture du capital, la question posée concerne les investissements, la mutualisation ou la délégation des fonctions support, une nouvelle forme d’organisation pour dégager du temps au service des patients, etc. Concernant les craintes qui peuvent exister sur l’entrée des répartiteurs au capital des pharmacies, Celesio opère dans certains pays avec ses propres pharmacies et dans d’autres avec des pharmacies indépendantes. Nous travaillons sur des marchés différents où les pharmaciens font des choix différents. L’OCP s’adaptera au modèle que les pharmaciens français voudront adopter pour la France. »
THOMAS NENNINGER, PRÉSIDENT DU SYNDICAT DES JEUNES BIOLOGISTES MÉDICAUX
« Les pharmaciens ont raison de se préserver des fonds de pension »
« Les biologistes médicaux ont l’expérience de l’ouverture et de la fermeture du capital. Nous avons vu ce qu’il s’est passé. A partir du moment où on laisse entrer des personnes non professionnelles dans des professions réglementées, il n’y a pas de retour en arrière possible. Le capital doit être fermé ou ouvert. Les financiers, fonds de pension compris, veulent un retour sur investissement, ce qui conduit à développer des modèles low cost. Les pharmaciens ont raison de se préserver des fonds de pension. Seuls ceux qui exercent devraient détenir l’outil de travail et contrôler l’expansion de la profession. L’ouverture du capital au sens large n’est pas inéluctable. C’est le lobbying des financiers qui incite y croire, mais la réalité est tout autre. Si la loi interdit aux financiers d’entrer dans le capital, ils financeront d’une autre manière si cela est économiquement rentable. »
EMMANUEL GRÉGOIRE, CONSULTANT ET ÉCONOMISTE DE LA SANTE
« L’argument du pouvoir d’achat risque un jour d’être assez fort pour que le législateur modifie la donne »
« Les pharmaciens sont confrontés à un double défi : une pression sur leur monopole pour les médicaments OTC, ainsi qu’une pression sur leur monopole du capital. Peuvent-ils résister à cette double pression ? Comment et pour combien de temps ? Ce qui amène à la question centrale : c’est quoi la pharmacie de demain ? Je ne suis pas sûr que la pharmacie “en dur”, avec quatre murs et un pharmacien derrière le comptoir, continue d’exister.
Avec l’arrivée récente du numérique, de nouveaux acteurs entrent en scène dans tous les secteurs, comme Google ou Amazon, qui peuvent débourser en six mois des centaines de millions de dollars avec des moyens d’expertise logistique de grande envergure. Sans compter que nous nous trouvons à l’aube d’une révolution médicale (diagnostics, médecine personnalisée, objets connectés…) dans laquelle le numérique va prendre une place de plus en plus importante. Les pharmaciens vendent-ils actuellement des objets de santé ou de bien-être connectés ? Non. La profession rate peut-être dans ce domaine un vecteur de croissance non négligeable. Les pharmaciens devraient être beaucoup plus innovants. Ils devraient aussi rencontrer les grands acteurs de l’e-commerce, s’associer de façon plus large, avoir des structures capitalistiques plus importantes. Parce que l’argument du pouvoir d’achat risque un jour d’être assez fort pour que le législateur modifie la donne. »
ALAIN MARCILLAC, TITULAIRE À CHÂTILLON (HAUTS-DE-SEINE)
« L’ouverture du capital est dictée par la recherche du rendement à tout prix »
« Je ne suis absolument pas favorable à l’ouverture du capital des pharmacies. Cela reviendrait pour le pharmacien titulaire exploitant à perdre son statut de professionnel libéral, son indépendance professionnelle et donc sa façon de penser. Aujourd’hui, je peux refuser de vendre un médicament quelconque (antibiotique, etc.) à un client parce que j’estime qu’il n’est pas indiqué pour lui ou qu’il est dangereux pour sa santé. Si demain j’ai des comptes à rendre à un patron, ce ne sera plus du tout le même métier et le même exercice. Je ne pourrai plus refuser une vente dans l’intérêt du patient. Car l’ouverture du capital est dictée par l’atteinte d’objectifs financiers et la recherche du rendement à tout prix. »
NACEUR ELKOTTI, TITULAIRE À STRASBOURG (BAS-RHIN)
« Je place les pharmaciens travaillant en industrie ou dans la répartition au même niveau qu’un Michel-Edouard Leclerc »
« Non à l’ouverture à des capitaux extérieurs à la profession ! Le pharmacien qui engage son diplôme dans une officine doit rester seul maître à bord. Cela ne peut souffrir aucune exception car c’est lui seul qui engage sa responsabilité. Ensuite, faire entrer au capital des pharmaciens travaillant en industrie ou dans la répartition n’est pas mieux. Même si nous avons en commun une partie de notre parcours à la faculté, nous ne faisons pas le même métier. Ils ne connaissent rien de l’officine, ne peuvent donc pas comprendre nos décisions de professionnel de santé et de gestion. Pour moi, ce sont des investisseurs comme les autres, pour qui la priorité est la rentabilité. Aussi, je les place au même niveau qu’un Michel-Edouard Leclerc. Mais si dans l’avenir le métier devait ne plus être aussi durement réglementé qu’aujourd’hui, il n’y aurait plus de problème à ouvrir le capital. »
PIERRE MOLLET, TITULAIRE À MONTPELLIER (HÉRAULT)
« Oui pour permettre aux adjoints et préparateurs de prendre des participations minoritaires dans le capital »
« Je ne crois pas à l’arrivée des chaînes de pharmacies dans un avenir proche, et si cela doit arriver j’espère que ce sera le plus tard possible. L’ouverture du capital est surtout dangereuse pour le pharmacien pris à la gorge au niveau de sa trésorerie car il ne sera plus chez lui. Il y a un an, la forte mobilisation de la profession avait permis de repousser les tentatives de déréglementation, mais elles peuvent revenir à tout moment à la faveur d’un nouveau rapport type Attali ou d’un changement de gouvernement. Faire entrer des pharmaciens d’une autre section de l’Ordre, c’est ouvrir une brèche aux entreprises qui les emploient. En revanche, je suis pour permettre aux adjoints et préparateurs de prendre des participations minoritaires dans le capital. »
* Union nationale des pharmacies de France
* Union des syndicats de pharmaciens d’officine
* Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
* Union des groupements de pharmaciens d’officine (représentant plus de 8 500 pharmacies)
* Association nationale des étudiants en pharmacie de France
* Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (regroupant 12 000 officines)
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