Épisode 13 L’entorse de Lola se corse

Vendredi 7 octobre

– Bonjour Madame Martin. Je suis la CPE du lycée Jean-Jaurès. Votre fille Lola s’est blessée durant le cours de sport et se plaint de douleurs à la cheville. Pourriez-vous venir la chercher ?

– Madame Martin : J’espère que ce n’est pas trop grave !

– Non, mais la cheville est un peu enflée.

– D’accord. Je viendrai sur l’heure du déjeuner.

M^me Martin : Qu’est-ce qu’elle a encore bien pu inventer ? Juste quand on commençait à être tranquille niveau santé ! J’espère que ce n’est pas une entorse. A moins que ce ne soit encore une excuse pour être en week-end plus tôt. Elle est un peu retors en ce moment. En tout cas, ils vont penser qu’on a pris un abonnement à la pharmacie ! Ça fait au moins leurs affaires !

A la maison :

– M^me Martin : Bon, je vais appeler le médecin pour avoir un rendez-vous. Et après, je retourne travailler.

Quelques minutes plus tard :

– On y va en fin d’après-midi, mais il m’a déjà donné quelques conseils. Pour commencer, tu restes dans le canapé. On va mettre tous les coussins sous ta cheville. Il faut la surélever pour réduire le gonflement et la douleur.

– Lola : Ok, je m’en occupe. Je peux allumer la télé ?

– Attends un peu. Je vais chercher les glaçons… et une bande pour limiter la formation d’œdème. Je dois en avoir dans les tiroirs de la salle de bains.

– Aïe ! c’est froid.

– C’est normal, c’est de la glace. Et le médecin a dit 4 fois par jour, donc il va falloir t’habituer. Ne la pose pas directement sur la peau. Tiens, prends ce sac en plastique et applique ce linge entre la peau et le sac.

Le soir, chez le médecin :

– M^me Martin : Bonjour Docteur Dubois. Heureusement que vous avez pu nous recevoir ce soir ! Lola s’est blessée au collège en jouant au basket !

– Docteur Dubois : Voyons ça. C’est un peu enflé. Alors raconte, que s’est-il passé ?

– Lola : J’allais marquer un panier et je me suis mal réceptionnée.

– Ça a craqué ?

– Non, je n’ai rien senti. Je me suis relevée vite, mais j’ai eu mal quelques secondes après.

– Bon. Je vais te prescrire un antidouleur, un gel anti-inflammatoire et une attelle.

Pour les premiers jours, voici aussi une prescription de cannes anglaises. J’inscris « Pour une semaine », mais je ne pense pas que tu en auras besoin aussi longtemps. Il faudra aussi faire des séances de kinésithérapie.

A la pharmacie

– M^me Dorvault : Bonjour Madame Martin, bonjour Lola. Et bien que t’arrive-t-il ?

– Lola Martin : Une entorse.

– Voyons l’ordonnance. Nous allons d’abord essayer l’orthèse stabilisatrice. Quelle est ta pointure ?

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– Comme tu vois, elle est composée de 2 parties rigides en plastique. Donc, pense à mettre une chaussette en coton avant de positionner l’attelle. Tu poses le talon bien au centre, entre les 2 coques latérales, puis tu serres les sangles au niveau du mollet. Il faut aussi régler la sangle sous le talon. Tu vois, les malléoles doivent être bien positionnées dans les coques.

– D’accord, c’est compris.

– M^me Martin : Mais elle doit la porter tout le temps ?

– Non, elle peut l’enlever lorsqu’elle prend sa douche ou son bain. Les premières nuits, il est préférable de la garder pour éviter un mauvais positionnement nocturne. Mais Lola, dès que tu marches, il faut la porter. Il va donc falloir abandonner les ballerines.

– Oh non !

– Tu vas faire une petite pause sur la mode, comme ça !

– Oui, idéalement, il faut la porter avec des baskets et ajuster le serrage de la chaussure. Les coques latérales doivent être parfaitement centrées le long de la cheville et de la jambe. L’attelle bien posée va permettre de stabiliser l’articulation en assurant le contrôle des mouvements de la cheville et la cicatrisation tendino-ligamentaire. Tu dois la serrer suffisamment, mais pas trop. Si tu ressens des fourmillements, des picotements ou que tu constates un changement de couleur de la peau, c’est qu’elle est trop serrée.

– M^me Martin : Vous pensez qu’elle sera remise pour les vacances scolaires ? C’est dans une semaine et demie, et nous partons en Corse chez des amis profiter du soleil.

– D’après la durée du traitement, c’est une entorse bénigne. Le médecin a certainement recommandé 10 jours d’immobilisation. Ce sera peut-être plus, en fonction de la douleur. Vous verrez cela avec le kinésithérapeute lors de la première séance. Celle-ci doit se faire en l’absence de douleur. Les séances ont pour but le renforcement musculaire et une rééducation qui doit se dérouler sans douleurs, et surtout d’éviter la récidive.

– C’est vraiment indispensable ?

– Oui Lola. C’est indispensable.

– Concernant le reste de l’ordonnance pour la douleur, le paracétamol se prend au maximum toutes les 6 heures, et pas plus d’un gramme par prise. Tu appliqueras le gel anti-inflammatoire matin et soir en effectuant un massage doux et prolongé, sans oublier de te laver les mains après l’application.

– M^me Martin : c’est compris.

– Vous m’avez parlé de soleil tout à l’heure. Pas d’exposition de la zone traitée avec ce médicament…

– Lola : en même temps, ça ne risque pas avec la chaussette !

– C’est exact, mais je n’avais pas fini ma phrase. Pas d’exposition au soleil durant le traitement et 2 semaines après l’arrêt, y compris un soleil voilé sur la plage de Palombaggia ! Il peut y avoir une réaction de photosensibilité, sous forme d’eczéma ou d’atteinte bulleuse.

– M^me Martin : Je ne me souviens pas de ce gel lorsqu’Oscar avait eu son entorse au poignet.

– C’est normal. Il est trop jeune. Le kétoprofène en gel n’est indiqué qu’à partir de l’âge de 15 ans. 

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Recommandations de la SFMU «   l’entorse de cheville aux urgences   », actualisation de juin   2004 ; ANSM, lettre aux professionnels de santé «   Gels de kétoprofène – rappels du risque de photosensibilité et des mesures visant à réduire ce risque   », juillet   2016 ; Prescrire, Infos patients «   Entorse de cheville   », décembre   2014.

À RETENIR

•  En cas d’entorse, la première mesure à appliquer est le protocole GREC (Glaçage, le plus précoce possible, puis 4 fois par jour tant que les signes cliniques existent, Repos, Elevation, Compression locale par bandages élastiques ou attelles).

•  L’orthèse stabilisatrice permet de limiter les mouvements de rotation et de varus-valgus. Elle se porte sur une chaussette, dans des chaussures type « basket ».

•  L’orthèse doit être portée la nuit au début du traitement pour éviter un mauvais placement nocturne. Elle peut être retirée durant la toilette.

•  En fonction de la gravité de l’entorse, la durée d’immobilisation est différente : 10 jours pour une entorse de stade I, 21 jours pour celle de stade II et 45 jours pour celle de stade III.

•  L’application de topiques AINS est limitée à quelques jours. Il est recommandé de bien se laver les mains après application et d’éviter toute exposition aux rayonnements solaires (soleil ou cabine UV). En cas de traitement par gel de kétoprofène, l’exposition solaire doit être évitée durant le traitement et jusqu’à 2 semaines après son arrêt en raison d’un risque de photosensibilisation.