épisode 15 Champignons et hypoglycémie

Dimanche 6 novembre

– Oscar au téléphone avec sa grand-mère Arlette : Bonjour Mamie. Nous n’allons pas pouvoir venir ce midi finalement.

– Arlette : Bonjour Oscar. Flûte ! Que se passe-t-il ?

– On a ramassé des champignons hier avec Papa, mais je crois qu’ils n’étaient pas bons. Toute la famille est malade, un genre de gastroentérite.

– Et toi, ça va ?

– Oui, je n’aime pas les champignons, donc je n’en ai pas mangé !

– Bon, la prochaine fois, il faudra être plus prudent et montrer la récolte au pharmacien ! Occupe-toi bien de tes parents et de ta sœur. On se voit la semaine prochaine !

Lundi 7 novembre

– Madame Martin au téléphone avec sa voisine : Bonjour Virginie. Je sais que ça devait être mon tour, mais pouvez-vous conduire les enfants à l’école ce matin ? Je ne me sens vraiment pas bien.

– Virginie : Bien sûr. Que vous arrive-t-il ? Rien de grave j’espère. En tant qu’infirmière, je peux vous dépanner si vous le souhaitez, j’ai toujours quelques traitements de secours dans ma trousse…

– A vrai dire, je ne me remets pas d’une gastro. C’est à cause des champignons que l’on a mangés ce week-end. Des champignons de Paris qu’on a ramassé dans la forêt. J’ai faim, mais je ne peux rien avaler. J’ai des nausées, je transpire, je tremble. Je suis faible… mais tant pis, je peux emmener nos enfants si vous ne voulez pas !

– Non, non. Ne vous énervez pas, j’arrive.

– M^me Martin : Lola, Oscar, dépêchez-vous. Virginie va attendre ! Lola, apporte-moi un verre d’eau avant de partir.

– lola : D’accord.

– Mais qu’est-ce que tu fais plantée là avec ce verre ! Sors donc sur le perron. Tu vas être en retard ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette coiffure ?

Dans la voiture

– Virginie : Comment va ta maman ? elle m’a parlé de champignons…

– Lola : Oui. Elle est complètement surexcitée et parano. Ça doit être autre chose. Nous avons tous été malades samedi, sauf Oscar. Tout le monde va bien, sauf maman !

– Elle en a peut-être mangé plus que vous ?

– Non, pourtant. Et depuis, elle ne mange plus rien. Ce matin, c’était n’importe quoi. Elle était fatiguée et hyperagressive. Ou alors c’est son diabète qui la rend comme ça…

– Ta maman est diabétique ? Elle a des injections d’insuline ?

– Non, juste des comprimés.

– Je te dépose et je retourne la voir tout de suite. Ça ressemble à une hypoglycémie.

5 minutes plus tard

– Virginie : Madame Martin ?

– Oui Virginie. Je suis dans le salon. Un problème avec Lola ?

– Non non, je suis juste venue voir si vous alliez mieux. Lola m’a dit que vous étiez diabétique.

– Oui, mais j’ai bien pris mon traitement si c’est ce qui vous inquiète. Du glimépiride.

– Vous avez mangé ?

– Non, pas vraiment.

– Je pense que vous êtes en hypoglycémie. Avez-vous fait une automesure récemment ?

– Non, l’appareil est dans la cuisine près de la cafetière.

– Je vais le chercher…

– Mais je ne pense pas que ce soit ça.

– Prenez quand même ces trois morceaux de sucre. Voyons voir… Votre glycémie n’est qu’à 0,55 g/l ! Vous avez vraiment besoin d’un resucrage.

– Vous êtes sûre ? Car trop de sucre, ce n’est pas bon non plus.

– Oui, mais là c’est important. Il faut manger avec votre médicament. Le médecin ne vous l’a pas dit ?

– Peut-être. Mais j’ai oublié avec cette histoire de champignons.

– Vous travaillez ce matin ?

– Non, seulement à 14 h.

– Reposez-vous. Mangez ces biscottes et faites un vrai repas ce midi. Remesurez votre glycémie dans 30 minutes et appelez-moi pour me donner le résultat. Je file.

– D’accord, je sens que ça va un peu mieux déjà. Je ne transpire plus. 

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Fédération Française des Diabétiques, ameli-sophia.fr, Centres antipoison de Belgique et de Lille ; «   Prise en charge des intoxications par les champignons en Normandie occidentale   », ARS Normandie, Omedit, Faculté de pharmacie de Caen, janvier   2016.

À RETENIR

•  Un syndrome gastro-intestinal (ou résinoïdien) peut survenir dans les 15 minutes à 2 heures après la consommation de champignons toxiques. Il s’exprime par des troubles digestifs isolés : nausées, vomissements, douleurs abdominales, voire dans certains cas, une diarrhée sanglante et une soif intense. La symptomatologie régresse dans un délai de 12 à 48 heures.

•  L’agaric jaunissant (Agaricus xanthoderma), parfois confondu avec le rosé des prés, provoque un syndrome résinoïdien léger.

•  La prise de sulfamides hypoglycémiants expose à un risque d’hypoglycémie dose-dépendante, particulièrement en l’absence d’alimentation régulière, si la prise médicamenteuse est maintenue.

•  En cas d’alimentation insuffisante, le patient doit être averti de la nécessité de différer la prise du traitement lors du repas consistant suivant.

•  Plusieurs symptômes sont évocateurs d’une hypoglycémie : sueurs, pâleur, sensation de faim anormale, nausées légères, tremblements, anxiété, agressivité, vertige, perte d’équilibre, accélération du rythme cardiaque…

•  L’hypoglycémie correspond à une glycémie trop basse – inférieure à 0,7 g/l. Elle peut être corrigée par le resucrage : 3 morceaux de sucre par exemple, ou un verre de jus de fruit ou de soda non light, 1 cuillère à soupe de confiture ou de miel.