Marc Adamowicz, directeur du digital d’Afflelou et fondateur d’Happyview

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Publié le 19 mai 2017
Par Stéphanie Bérard
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La célèbre marque d’optique Afflelou, qui a racheté le site de lunettes en ligne Happyview, propose aux pharmaciens d’installer une borne automatique de commande et de prise de mesures de montures.

Happyview, que vous avez crée il y a neuf ans, vient d’être racheté par le groupe Afflelou. Quel en est le concept ?

M.A. A l’époque, j’avais constaté que beaucoup de personnes se rendaient chez le médecin pour contrôler leur vue, mais n’allaient pas systématiquement chez l’opticien après, en raison du coût élevé des lunettes. J’ai donc créé le site Happyview, permettant de les commander à distance, avec la possibilité de scanner son ordonnance. Nous sommes les premiers à avoir adopté ce positionnement, avec des lunettes deux fois moins chères que la moyenne.

Pourquoi vous intéresser aux pharmacies ?

Nous souhaitons aller là où peu d’opticiens sont présents. La pharmacie est un relais naturel pour toucher les consommateurs des zones rurales et périurbaines qui n’ont pas un opticien situé à proximité. Avec une présence plus forte dans des points de vente physique, l’objectif est aussi de faire plus de volumes de vente, dans le cadre d’une stratégie globale omnicanale.

Que leur proposez-vous ?

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Happyview met une borne de commandes à disposition dans leur point de vente, surmontée de quelques étagères pour exposer des montures, louée 340 euros par mois. La borne fonctionne quasiment de la même manière dans la pharmacie que si le client commandait depuis son domicile. Il insère sa carte Vitale, scanne son ordonnance, choisit sa monture et l’appareil prend les mesures morphologiques nécessaires pour fabriquer les verres. Ensuite, le client paie par carte bancaire (le chiffre d’affaires est encaissé par Afflelou, Ndlr) et reviendra chercher ses lunettes quelques jours plus tard.

Quels bénéfices pourra en retirer le pharmacien ?

Happyview lui apporte un complément de revenus, soit une commission de 25 % par vente, sur un panier moyen allant de 159 à 259 euros par commande. A partir de deux ventes de lunettes par semaine, le pharmacien a déjà rentabilisé la location mensuelle de la borne.

Beaucoup d’acteurs sont déjà présents sur ce marché. Comment faites-vous la différence ?

Tous proposent aux pharmacies d’installer un corner optique, ce qui impose de mobiliser au minimum 8 à 10 mètres carrés, et, surtout, d’embaucher un opticien. Avec Happyview, seulement deux mètres de linéaires sont nécessaires pour installer la borne et la présence d’un opticien n’est pas requise.

Sans opticien présent, la pharmacie peut-elle proposer ce service en toute légalité ?

Oui, car nous proposons dans les officines un service de vente à distance, avec une équipe d’opticiens disponibles par téléphone. Le pharmacien loue simplement le matériel, il n’est pas vendeur, et il touche une commission.

Quels sont vos objectifs de developpement ?

Nous ciblons en priorité 5 000 pharmacies situées en zone péri-urbaine et rurale. En 2018, 150 à 200 pharmacies devraient être équipées. Une centaine de pharmaciens se sont déjà montrées intéressés. Le concept va démarrer à l’automne 2017, avec une campagne nationale de lancement et du street marketing, par distribution de brochures dans la rue. 