Huiles essentielles : bientôt interdites en vente libre ?

Théorie du complot ou coup de pub ? L’ANSM et le ministère de la Santé seraient en train d’interdire la vente libre des huiles essentielles pour satisfaire « Big Pharma », selon un certain Guillaume Chopin de l’Association Santé Naturelle. Dans ses arguments : l’augmentation des ventes d’huiles essentielles nuirait au chiffre d’affaire du lobby pharmaceutique. L’idée pourrait paraître risible si une pétition circulant sur les réseaux sociaux ne réunissait pas aujourd’hui plus de 194 000 signataires. Cette pétition adressée à Agnès Buzyn, ministre de la Santé lui réclame notamment de s’opposer à « toute avancée vers un monopole pharmaceutique » de la vente des huiles essentielles.

Le texte qui accompagne la pétition est truffé d’amalgames, d’erreurs, de raccourcis. Le meilleur moment reste sûrement l’affirmation selon laquelle « Les huiles essentielles (…) n’ont quasiment pas d’effets indésirables » : ce n’est pas l’avis des centres antipoison, notamment celui de Lille qui, en mars 2015, alertait les professionnels de santé sur l’augmentation des cas d’intoxications par les huiles essentielles.

Le texte dénonce également le placement depuis 2007 de certaines huiles essentielles dans le monopole pharmaceutique, dont « les époustouflantes huiles essentielles d’armoise ou de sauge officinale ». Signalons au passage que ces huiles essentielles contiennent de la thuyone et sont neurotoxiques ; il existe par ailleurs sur le marché (pharmaceutique ou non) des alternatives avec un bien meilleur rapport bénéfice/risque (voir le Cahier Formation Iatrogénie : « Les huiles essentielles » du Moniteur des pharmacies n° 3104 du 21 novembre 2015).