LES OFFICINES SE CONVERTISSENT
AVEC LA PANDEMIE, LE MARCHE DE LA TELECONSULTATION MEDICALE A LITTERALEMENT EXPLOSE. AUTORISE EN PHARMACIE DEPUIS LE 2 SEPTEMBRE 2019 DANS LE CADRE DE L’AVENANT N° 11 A LA CONVENTION PHARMACEUTIQUE, CE SERVICE SEDUIT DE PLUS EN PLUS D’OFFICINES.
Lors du premier confinement, 45 % des consultations médicales étaient des téléconsultations, alors qu’avant le Covid-19 celles-ci ne représentaient que 0,1 % des usages. Un an plus tard, les volumes se sont stabilisés entre 13 et 17 %. En quelques mois, il s’est donc produit un véritable séisme dans le parcours de soins », atteste Eric Roussin, directeur du développement de Maiia, qui équipe aujourd’hui 22 000 médecins et 1 800 officines tous services confondus (téléconsultation, télésoin, agenda). Sur ce marché impulsé par les médecins généralistes et spécialistes, les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à se positionner. « L’an passé, le nombre de téléconsultations effectuées en officine sur notre plateforme a été multiplié par cinq. Les installations ont, elles aussi, fortement progressé, puisque nous sommes passés de 50 pharmacies en octobre 2019 à plusieurs centaines aujourd’hui », confie Donatien Le Liepvre, strategic project manager chez Qare, une start-up française qui vient de se faire racheter par le groupe britannique HealthHero.
Dans l’ère servicielle
Les pharmacies qui investissent dans la téléconsultation sont toujours situées dans des zones où l’accès aux soins est devenu très compliqué. « La motivation première des pharmaciens est d’offrir une alternative aux patients n’ayant plus de médecin traitant ou qui doivent attendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour certaines spécialités, avant de pouvoir obtenir un rendez-vous », confirme Donatien Le Liepvre. « Ce nouveau service, qu’il vaut mieux lancer en accord avec les médecins de sa zone de chalandise, permet d’améliorer le parcours de soins jusqu’à la délivrance de l’ordonnance, ajoute Eric Roussin. Il ancre aussi un peu plus le pharmacien dans une logique de services et d’accompagnement du patient, l’essentiel des usages se concentrant chez nous sur le renouvellement d’ordonnances et les pathologies saisonnières. »
Un rapide retour sur investissement
La plupart des réseaux ont signé des partenariats avec les acteurs du marché. Ainsi, Qare fournit sa solution à Univers Pharmacie, à Boticinal, à Pharmacie Lafayette et à P & P. Medadom vient de signer avec Giphar et Maiia compte une cinquantaine de réseaux partenaires fédérant plus de 19 000 pharmacies… Pour rappel, les téléconsultations sont rémunérées 200 € par an de la première à la 20e, 300 € de la 21e à la 30e et 400 € au-delà de 31. « A ces montants, il faut ajouter la subvention liée à l’achat de la solution qui se monte à 1 225 € la première année et à 350 € les suivantes », ajoute Donatien Le Liepvre. « Grâce à ce financement, toutes les pharmacies, petites et grandes, peuvent accéder à la téléconsultation, assure Eric Roussin. D’autant que le retour sur investissement sur Maiia se révèle très rapide, puisqu’il faut en effectuer 3,3 par mois pour rentabiliser le service. Or, nos 1 800 pharmacies en réalisent en moyenne 13 ».
39 %
des téléconsultations en officine sont réalisées avec des seniors de plus de 60 ans sur la plateforme Maiia.
91 %
des patients estiment que la téléconsultation a entièrement répondu à leurs besoins (source : Tessan).
LE TÉLÉSOIN SUR LES RAILS
Après la publication au Journal officiel, le 3 juin, de l’arrêté définissant les activités de télésoin et du décret relatif à la télésanté, les pharmaciens sont désormais autorisés, comme 17 professions d’auxiliaires médicaux, à pratiquer le télésoin pour certains actes.
A l’officine, le télésoin consiste à échanger avec le patient au terme d’une téléconsultation avec un médecin. La personne adresse son ordonnance à la pharmacie. Les médicaments sont préparés et éventuellement livrés à son domicile. Une connexion est établie avec elle pour lui expliquer la prise du traitement et lui délivrer des conseils associés.
Une seconde application du télésoin intervient dans le cadre conventionnel et à titre dérogatoire. Elle consiste à réaliser à distance des bilans partagés de médication (BPM) ou des entretiens pharmaceutiques (anticoagulants oraux, asthme). Cette pratique rendue possible en mai par arrêté, puis reconduite, figure parmi les mesures de l’état d’urgence sanitaire en lien avec le Covid-19.
PublicitéLa pertinence du recours à cette pratique est appréciée par le pharmacien, mais elle doit être le fruit d’une décision partagée avec le patient. Le pharmacien doit d’ailleurs l’informer et recueillir son consentement avant de procéder à l’acte. A l’issue de l’échange en visio à distance, le compte rendu de télésoin, les actes et les prescriptions effectués, l’identité du pharmacien, ainsi que la date et l’heure doivent être notifiés dans le dossier du patient et dans son dossier médical partagé (DMP).
Pour ce qui est de la facturation, le décret indique que « les tarifs des activités de télésoin réalisées par les pharmaciens ne peuvent être supérieurs à ceux fixés pour les mêmes activités mettant physiquement en présence le professionnel de santé et le patient ».
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