Epidémie de Covid=19 : quelle stratégie pour en sortir ?

Depuis quelques semaines, des voix s’élèvent dans la communauté scientifique pour annoncer que l’espoir d’obtenir l’immunité collective est en train de s’éloigner. La faute à un variant Delta plus contagieux que les mutations précédentes, qui a aussi la capacité à infecter les personnes vaccinées et à échapper ainsi en partie à la protection offerte par les vaccins sur les risques d’infection et la transmission du virus. « On estime que la transmission de ce variant est deux fois plus importante que celle de la souche initiale puisque nous sommes désormais face à un virus aussi contagieux que la varicelle, indique le professeur Alain Fisher, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Du coup, pour obtenir cette immunité de groupe, il faudra vacciner a minima 90 ou 95 % de la population, tous âges compris. Mais cet objectif demeure atteignable. »

Pour lui, la stratégie pour sortir de cette pandémie ne doit donc pas changer. « L’objectif reste de vacciner un maximum de Français afin de limiter la circulation du virus. En sachant que plus un virus est contagieux, plus il faut se vacciner car cela permet de limiter les hospitalisations et les décès. Une étude a d’ailleurs récemment démontré que la vaccination a permis de sauver 40 000 vies en France », rappelle-t-il. L’épidémiologiste et président du groupe Covid de l’Académie de médecine Yves Buisson regrette, lui, ces prises de position récentes sur l’immunité collective. « Elles sont en train de semer le doute dans l’opinion, s’insurge-t-il. Or, l’immunité collective n’est pas un mythe. Toutes les pandémies virales à transmission respiratoire finissent par s’arrêter le jour où le virus n’a plus personne à infecter. » Pour Yves Buisson, la position affichée par l’Académie de médecine dès le mois de mars dernier reste donc toujours d’actualité. « Si l’on veut sortir rapidement de cette crise, et ne pas se retrouver cet hiver à nouveau avec des couvre-feux, des fermetures d’écoles et de commerces…,  il faudra atteindre une couverture vaccinale beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui. Et à notre sens, le seul moyen d’y arriver, c’est d’instaurer l’obligation vaccinale pour toute la population adulte, ainsi que pour les enfants de 12 à 17 ans. Et le jour où nous aurons les résultats des études validant les protocoles de vaccination pour les moins de 12 ans, il faudra aussi les vacciner. »