Pharmaciens d’officine : exercent-ils une biologie de seconde zone ?

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Pharmaciens d’officine : exercent-ils une biologie de seconde zone ?

Publié le 24 janvier 2022
Par Magali Clausener
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Alors que la profession négocie une nouvelle convention pharmaceutique, le Syndicat des biologistes (SDB) s’émeut des actes de prévention et de dépistage que peuvent et pourraient réaliser les pharmaciens. Et le fait savoir vertement. Voici les 4 points qui fâchent.

Si « multiplier les points d’accès à des professionnels de santé disponibles et compétents est en effet un dispositif gagnant/gagnant au bénéfice de la santé de tous les Français », il ne s’agira « d’un progrès pour les citoyens que si chaque acte est prodigué par le bon professionnel avec la bonne compétence afin de garantir une prise en charge de qualité », explique le Syndicat des biologistes (SDB) dans une lettre ouverte adressée à Olivier Véran, ministre de la Santé.

1 Le SDB regrette d’abord que les biologistes ne puissent pas vacciner contre la grippe et précise que ce « refus » de la part des pouvoirs publics ne leur a pas permis de s’organiser pour la vaccination contre le Covid-19 qu’ils sont autorisés à réaliser.

2 Le syndicat déplore également que les biologistes aient « toujours été soigneusement tenus à l’écart des programmes nationaux de dépistage (recherche de sang dans les selles dans le cadre du dépistage du cancer colorectal, dépistage de l’HPV dans le cadre du dépistage du cancer du col de l’utérus) mais aussi du dépistage des infections sexuellement transmissibles, du diabète ou encore de la maladie rénale chronique dans des populations ciblées ».

3 Autre point que soulève le SDB : le dépistage du Covid-19 et les tests antigéniques (TAG). Faisant référence à l’obligation d’accréditation des laboratoires de biologie, le SDB n’hésite pas à tacler les pharmaciens en évoquant les TAG « effectués à basse température ou par des opérateurs non qualifiés sur certains barnums dépendant de pharmacies [qui] ont souffert d’un grave défaut de sensibilité et ont pu constituer un facteur aggravant à la circulation virale et un mauvais rapport bénéfice/coût pour l’Assurance maladie ».

4 Le syndicat n’hésite pas enfoncer le clou : « la situation financière de nos comptes sociaux ne permettra pas d’expérimenter des protocoles de dépistage reposant sur des tests type TROD ou de biologie délocalisée non encadrés, au bénéfice mal évalué et dont le surcoût n’est par ailleurs pas médicalement justifié au regard de l’offre de dosages de référence disponibles en laboratoires de biologie médicale ».

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Et de conclure : « Il nous apparait indispensable de sanctuariser la notion d’expertise en santé humaine : les biologistes médicaux n’ont pas vocation à exercer sur le terrain du médicament, les pharmaciens d’officine ne doivent pas être autorisés par dérogation à exercer une biologie de seconde zone ».