Fluvoxamine et Covid-19 : la position du gendarme français

Parmi les (nombreuses) molécules à revendiquer une efficacité dans le traitement du Covid-19, la fluvoxamine (Floxyfral), indiquée dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs et des troubles obsessionnels compulsifs, a surtout retenu l’attention du public fin août 2021 après médiatisation d’une étude brésilienne. Laquelle souffrait pourtant de biais méthodologiques majeurs.

Aujourd’hui, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) fait connaître sa position. Sollicitée par deux professionnels de santé spécialisés en psychiatrie le 26 janvier dernier, l’Agence refuse d’établir un cadre de prescription compassionnelle pour la fluvoxamine dans le traitement du Covid-19. Pllus précisément, pour des adultes âgés de plus de 24 ans avec au moins un facteur de risque, souffrant depuis moins de 7 jours d’une forme symptomatique légère à modérée de Covid-19 attestée par un test de dépistage du Sars-CoV-2, et pour lesquels un traitement alternatif par des anticorps monoclonaux ou un antiviral direct est contre-indiqué ou réalisable à temps.

« Les données disponibles à ce jour, du fait de leurs limites méthodologiques, ne permettent pas d’étayer un bénéfice clinique de la fluvoxamine en traitement curatif de la maladie Covid-19 », explique l’ANSM, passant en revue 6 études observationnelles et 3 essais randomisés.

Dans son avis, l’ASNM ajoute que « les études publiées dans l’indication Covid-19 comportent peu de données de tolérance », d’autant que « les doses utilisées à ce jour dans les études sont proches des doses maximales du Résumé des caractéristiques du produit (RCP) des Autorisations de mise sur le marché (AMM) des spécialités à base de fluvoxamine ».

Enfin, l’ANSM note qu’aucune autre instance ou autorité de santé nationale ou internationale ne mentionne la fluvoxamine comme possible option dans le traitement du Covid-19. 

Toutefois, l’ANSM ne ferme pas la porte. Elle souligne « la nécessité de mettre en œuvre des études cliniques randomisées comparatives et de grande envergure qui pourraient permettre de conclure à la possible utilisation de la fluvoxamine contre le Covid-19 ».