« Le pharmacien a un rôle à jouer au niveau des médecines complémentaires »

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Publié le 1 octobre 2022
Par Peggy Cardin-Changizi
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Devant l’offre pléthorique des médecines complémentaires, la plateforme kalae.com veut apporter de la clarté, avec sa sélection de près de 400 professionnels de santé et de 1 300 produits naturels. Charles-Hubert de Chaudenay, son président-directeur général, nous explique comment il répond à l’engouement pour les médecines douces tout en garantissant un certain contrôle.

PM Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer Kalaé ?

C-H de C J’ai commencé le projet avec ma femme, Régine, qui est passionnée de médecines complémentaires et de produits naturels. L’offre des pratiques de médecines complémentaires et de produits naturels est très dense, c’est pourquoi nous avons eu envie de réunir sur une même plateforme digitale praticiens, utilisateurs et laboratoires. Cela n’existait nulle part ailleurs !

PM Quelle est votre définition des médecines douces ?

C-H de C Pour moi, ce sont toutes les pratiques non conventionnelles, c’est-à-dire non réglementées. Cela va de la naturopathie au yoga, en passant par l’ostéopathie. On en compte plus d’une centaine. Évidemment, toutes ne sont pas référencées sur kalae.com.

PM En quoi êtes-vous différent de medoucine.com, aussi présent dans les médecines douces certifiées ?

C-H de C Médoucine vend un service aux praticiens, alors que le modèle économique de Kalaé ne repose pas sur les revenus obtenus par les praticiens, mais sur la vente de produits aux utilisateurs.

PM Après le scandale de Doctolib, quelles garanties apportez-vous sur le professionnalisme des praticiens que vous référencez ?

C-H de C Nos praticiens sont sélectionnés sur dossier. Ils remplissent un dossier gratuitement et sans engagement (présentation, spécialité, diplômes et formations, documents administratifs, etc.), que nos équipes en interne étudient. À ce jour, Kalaé compte près de 400 praticiens inscrits et 600 dossiers à l’étude. Ainsi, les praticiens admis bénéficient d’une exposition via notre plateforme et d’une formation sur les produits que nous vendons. Notre agenda et notre outil de prise de rendez-vous sont également à leur disposition gratuitement. Et si le praticien est, par exemple, déjà inscrit sur Doctolib, il peut alors choisir de transférer son agenda sur la plateforme Kalaé.

PM Et comment sélectionnez-vous les produits vendus sur kalae.com ?

C-H de C Avec notre comité d’experts, qui réunit un médecin, un naturopathe, un docteur en pharmacie et une ingénieure agroalimentaire. Présidé par le Dr Adrian Chaboche, ce comité a établi un cahier des charges autour de quatre axes : le respect des exigences réglementaires, les démarches de contrôle et de qualité mises en place aux différentes étapes de la production des produits, les actions de RSE déployées par chacun des laboratoires et, bien entendu, l’étude des principes actifs et des excipients. Nous avons scanné plus de 400 laboratoires pour finalement en sélectionner un peu moins d’une cinquantaine qui ont également été audités par l’organisme de normalisation Afnor. On retrouve d’ailleurs de nombreuses références en pharmacie.

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PM Quels univers couvrez-vous ?

C-H de C 1 300 références sont présentes sur notre site, ce qui couvre à peu près la totalité des besoins des clients : immunité, sommeil, nutrition, digestion, stress et anxiété… Nous voulons une offre dynamique, amenée à être enrichie en fonction des besoins ou même des propositions des professionnels de santé.

PM Un pharmacien tourné vers la naturalité peut-il rejoindre Kalaé ?

C-H de C Si le pharmacien a une formation en naturopathie par exemple, oui, évidemment ! Je suis convaincu que le pharmacien a un rôle à jouer au niveau des médecines complémentaires. Et que le modèle de la pharmacie doit à la fois reposer sur les médicaments conventionnels et les produits naturels.

PM Pourriez-vous développer des cabines de téléconsultation consacrées aux médecines douces ?

C-H de C Notre idée est plutôt que l’utilisateur réalise une consultation avec un ordinateur ou une tablette, depuis son domicile. Il n’y a pas besoin de cabines physiques !

PM En tant qu’ex-directeur général de vente-privee.com*, vous connaissez bien le marché de l’e-commerce. Boosté par la crise sanitaire, ce circuit est-il aujourd’hui arrivé à maturité ?

C-H de C Je suis intimement convaincu qu’un jour émergera un modèle hybride qui associera le meilleur des deux univers : les points de vente physiques et le digital. C’est d’ailleurs intéressant de voir que l’e-commerce a explosé pendant les périodes de confinement, mais qu’après les consommateurs sont très vite revenus dans les points de vente. L’habitude de consommer à la fois en ligne et en boutique est déjà prise.

PM Pensez-vous que la pharmacie soit assez développée sur Internet ?

C-H de C Nombre d’e-parapharmacies font de la vente en ligne tout en continuant à miser sur la distribution physique. Pourquoi la pharmacie ne pourrait-elle pas, elle aussi, développer un modèle hybride en maintenant la notion de conseil sur les différents circuits ? Chez Kalaé, la composante conseil est très importante. Notre priorité est d’envoyer nos clients vers les praticiens et qu’à travers ces professionnels de santé, ils bénéficient de conseils sur les produits vendus sur notre plateforme ou en pharmacie.

BIO EXPRESS

→ 1997

Diplômé du MBA de l’INSEAD, il intègre le Crédit Suisse First Boston et en devient un Managing Director en 2003.

→ 2006

Responsable monde des secteurs Technologies, Média et Télécoms du Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (ex-Calyon).

→ 2015

Directeur général de vente-privee.com*.

→ 2021

Lancement de Kalaé avec sa femme, Régine de Chaudenay.

* devenu Veepee depuis.