121 millions envolés en 2008

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Publié le 7 mars 2009
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IMS Health vient de publier les chiffres 2008 du marché du médicament. L’analyse des données des quelque 13 500 officines du panel Pharmastat met en évidence une année en croissance nulle qui cache bien des disparités entre officines, car les classes thérapeutiques « traditionnelles » sont en baisse, tandis que grandit l’importance dans le CA des produits de spécialité. Même si la « généraliste-dépendance » reste toujours aussi forte.

L’officine a connu une croissance nulle en 2008 (+ 0,3 % en PFHT, – 0,2 % en prix public sur 12 mois). Avec un – 1 % en prix public sur le remboursable ! Car les pharmaciens restent plus que jamais dépendants des généralistes (66 % du CA TTC), dont les prescriptions ont chuté de plus de 410 millions d’euros l’an dernier ! C’est ce que révèlent les données IMS sur le marché 2008 du médicament.

Les prescriptions d’origine hospitalière ont, elles, augmenté de plus de 222 millions. Si le débat sur les prescriptions d’origine hospitalière resurgit chaque année au moment de définir les ONDAM hospitalier et de soins de ville, il n’en reste pas moins que l’hôpital a « sauvé » une partie de l’activité de l’officine l’an dernier. De même qu’une épidémie grippale particulièrement virulente sans laquelle le CA officinal aurait sans doute baissé, note Claude Le Pen dans l’analyse « IMS PharmaNews » de février. L’économiste de la santé relève au passage que la franchise, si elle a bien fait économiser 800 millions en 2008, n’a pas infléchi le comportement des Français en termes de consommation.

Ophtalmologues (+ 53 MEuro(s), merci aux traitements de la DMLA !) et, à un degré moindre, rhumatologues (+ 24 MEuro(s)) ou endocrinologues (+ 16 MEuro(s)) font croître votre activité, mais sans compenser la baisse globale des prescriptions, puisque l’activité du réseau diminue de près de 121 millions d’euros : l’hôpital d’un côté, les spécialistes de l’autre, sont responsables de 17 % de votre activité chacun !

Et l’on reparle d’une quatrième tranche de marge !

Si beaucoup d’officinaux se plaignent de ces produits chers qui gonflent le CA pour un faible taux de marge, le mapping que nous publions ci-contre montre à quel point les médicaments de spécialité et les produits chers, à très forte marge en euros (anticancéreux, certains vaccins anti-infectieux, anti-TNF-alpha, etc.) prennent une place croissante en termes de CA, mais surtout de dynamique. Les marchés historiques tels les médicaments de l’appareil cardiovasculaire, du système nerveux, de l’appareil digestif ou de l’appareil respiratoire – en gros, tout le coeur d’activité – sont en forte baisse (de – 1 % à – 3 %) quand les antinéoplasiques et immunomodulateurs ou les médicaments de l’appareil locomoteur croissent à + 3 %/+ 5 %. Un simple coup d’oeil à ce schéma montre quels sont les secteurs d’avenir sur lesquels il faudra se positionner, même si la marge en taux y est moins alléchante. Mais combien de boîtes de Doliprane faut-il vendre pour atteindre la marge en euros d’une boîte de Glivec ? Qu’on le veuille ou non, ces produits sont aujourd’hui indispensables à l’économie de l’officine. D’autant qu’il paraît illusoire de voir les « classes anciennes » revalorisées, le discours récurrent des derniers gouvernements étant de faire bénéficier à l’innovation des baisses de prix et autres économies réalisées sur ces produits. A cet égard, on note évidemment le coup pris l’an dernier par le CA des faibles taux de prise en charge, déremboursements obligent, sans que la part des produits avec AMM non remboursables l’ait compensé (+ 2,1 % l’an dernier en PFHT). Les produits vignetés orange en 2006-2007 ont représenté 114 MEuro(s) de CA en 2008 contre plus de 400 MEuro(s) en 2005, rappelle Claude Le Pen. Reste à savoir si les produits chers ne verront pas eux aussi une baisse de leur marge (on a à plusieurs reprises entendu parler d’une 4e tranche de marge) tant les discours se multiplient affirmant que le maintien de prix aussi incitatifs, même pour des produits très innovants, risque d’être insoutenable pour la collectivité.

Valeur moyenne de l’unité* en fonction du prescripteur La moyenne de la valeur à l’unité est de 10,90

– Médecin généraliste : 9,30 Euro(s)

– Praticien hospitalier : 21,68 Euro(s)

– Gynécologue : 12,39 Euro(s)

– Ophtalmologue : 11,36 Euro(s)

– Rhumatologue : 13,95 Euro(s)

– Psychiatre : 10,97 Euro(s)

– Hématologue/oncologue : 71,78 Euro(s)

– Cardiologue : 15,31 Euro(s)

– Pédiatre : 9,95 Euro(s)

– Neurologue/neuropsychiatre : 34,76 Euro(s)

– Pneumologue/allergologue : 21,03 Euro(s)

– Chirurgien/urologue : 16,14 Euro(s)

– Dermatologue : 9,76 Euro(s)

– Gastroentérologue : 15,66 Euro(s)

– Endocrinologue : 15,02 Euro(s)

– Dentiste : 4,02 Euro(s)

– Radiologue : 26,73 Euro(s)

– ORL : 7,80 Euro(s)

– Réanimateur-anesthésiste : 16,91 Euro(s)

– Phlébologue : 12,15 Euro(s)

* Boîte prescrite.

Top/flops

A la hausse

– Vaccins : + 26,9 % à 553 MEuro(s)

– Anti-TNF-alpha : + 23,6 % à 367 MEuro(s)

– Médicaments d’ophtalmologie hors myotiques et antiglaucomateux : + 23,8 % à 305 MEuro(s)

Publicité

– Immunosuppresseurs : + 9,4 % à 204 MEuro(s)

– Anticancéreux : + 6,7 % à 907 MEuro(s)

– Antidiabétiques : + 7,1 % à 681 MEuro(s)

– Antiviraux : + 4,6 % à 774 MEuro(s)

– Thrombolytiques : + 4,1 % à 901 MEuro(s)

– Hypolipémiants : + 3,8 % à 1,236 milliard

– Antihypertenseurs : + 0,9 % à 2,451 milliards

A la baisse

– Veinotoniques : – 40 % à 148 MEuro(s)

– Anti-infectieux hors vaccins et antiviraux : – 11,1 % à 787 MEuro(s)

– EPO : – 10,9 % à 361 MEuro(s)

– Traitements des dépendances : – 9,1 % à 243 MEuro(s)

– Antiulcéreux : – 8,4 % à 907 M

VM-dépendance

« Généralistes face à la visite : dépendance ou indépendance ? » Cette enquête de Cegedim, menée auprès de 1 000 prescripteurs, montre que les praticiens accueillant fréquemment des délégués médicaux ont une tendance très nette à prescrire des médicaments plus « modernes » (en cardiologie, maladies métaboliques…). Cela se traduit par un montant de la prescription plus élevé de 3,73 Euro(s) en regard d’un prescripteur insensible aux sirènes de la visite médicale. Néanmoins, l’enquête montre nettement que le montant moyen de l’ordonnance varie plus en fonction de l’âge du médecin et de l’ancienneté de sa pratique que de la pression des laboratoires. Pour preuve, les praticiens de 45 ans ou moins rédigent des prescriptions dont le montant moyen est de 31,80 Euro(s). Entre 51 et 55 ans, il passe à 33,20 Euro(s) pour s’envoler à 37,40 Euro(s) au-delà de 60 ans. Le coût moyen de l’ordonnance varie aussi significativement au regard du nombre de patients en ALD suivis au cabinet, en toute logique

Laurent Lefort