Acheter en temps de crise

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Publié le 17 octobre 2009
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Si l’économie de l’officine souffre, le marché des transactions aussi. Pour ceux que l’installation intéresse, Lionel Canesi, expert-comptable du cabinet C2C Pharma, membre du réseau CGP, dresse un état des lieux du marché et livre ses conseils.

Le Moniteur : Que peut-on dire de la tendance du marché sur 2009 ?

Lionel Canesi : Nous constatons un ralentissement des transmissions d’officines qui provient certainement de l’inadéquation du prix de vente avec la réalité économique du marché, ce que les acheteurs commencent à appréhender, bien aidés par les banques qui font beaucoup plus attention au couple EBE/prix qu’autrefois.

En quoi ce contexte modifie-t-il le comportement des acquéreurs ?

La crise a au moins une vertu, celle de pointer du doigt la nécessité d’avoir une rigueur dans la gestion de la future officine. Il y a le business plan d’acquisition mais il y a aussi la nécessité d’un suivi régulier de l’activité après l’installation via un tableau de bord et d’une rigueur sur le plan de la gestion de la masse salariale. En effet, il devient de plus en plus compliqué d’acheter une officine en pensant rembourser l’emprunt grâce à l’augmentation du chiffre d’affaires. Cette tension fait prendre conscience qu’il faut acheter l’officine au juste prix en fonction de sa rentabilité et non pas des us et coutumes ou du niveau de la température du département ! Cela implique aussi d’avoir un apport plus élevé qu’avant, pour provisionner une baisse éventuelle de la rentabilité de l’affaire et ainsi ne pas se retrouver en difficulté.

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Dans quelles conditions peut-on aujourd’hui espérer s’installer ?

Cela dépend des régions et des officines, il n’y a pas de règles établies. Il faut en tout cas rester raisonnable en termes de valorisation de la pharmacie et ne jamais dépasser 8 ans d’EBE. Après, tout va dépendre de sa rentabilité et de l’espérance de développement de l’affaire. Concernant les acheteurs, c’est le niveau de l’apport qui en général conditionne la taille de leur future officine. Nous leur conseillons de faire appel à des spécialistes pour les accompagner au mieux dans leur projet.

Peut-on espérer des SPF-PL (futures holdings) qu’elles relancent le marché et offrent de nouvelles opportunités d’installation, malgré la crise ?

La SPF-PL est un outil intéressant de détention de son patrimoine professionnel que l’on utilise déjà dans beaucoup de secteurs professionnels. Il ne serait pas souhaitable que les SPF-PL, si elles sortent un jour, créent une surenchère et faussent artificiellement à la hausse le prix de vente. Quel que soit le véhicule utilisé pour l’acquisition d’une pharmacie, il faut toujours garder à l’esprit le couple rentabilité/prix. L’intérêt de la SPF-PL sera surtout de permettre la cession des nombreuses pharmacies soumises à l’IS qui ont des difficultés à trouver preneur compte tenu de la complexité, sans l’outil qu’est la holding, de financer l’opération. Il serait dommage de se priver d’un outil privilégié de détention du patrimoine professionnel du pharmacien qui devrait permettre de détenir en nombre raisonnable plusieurs fonds ou participations.

Des conférences dans 17 villes de France

Le réseau d’experts-comptables CGP organise sa troisième Journée nationale de l’installation le 20 octobre 2009 dans 17 villes de France. Au programme : les différentes étapes de l’installation, du choix de l’officine à la signature de l’acte juridique en passant par le prévisionnel et le choix de la structure juridique.