Votez pour lui !

L’enjeu du vote est clair. « Il s’agit de choisir l’organisation syndicale qui aura la possibilité de travailler dans l’intérêt des salariés de l’officine en étant présente à la table des négociations », explique Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral en charge de l’officine à la Fédération nationale de Force ouvrière (FO) Pharmacie. Du 28 novembre au 12 décembre, les 4 millions de salariés des entreprises de moins de 11 salariés ou TPE (pour très petites entreprises) vont élire les syndicats habilités à défendre leurs intérêts dans la négociation de leurs conditions de travail au niveau national et au niveau de leur branche. Les officines sont concernées. Préparateurs, adjoints et autres salariés d’une pharmacie de moins de 11 employés voteront pour un syndicat, et non pour une liste de candidats, par correspondance ou par Internet. « Les salariés vont voter pour un sigle : FO, CGT, CFDT, etc. Une fois les résultats compilés, nous verrons quelles organisations syndicales parviendront à 8 % des suffrages exprimés, qui est le seuil pour qu’un syndicat soit représentatif au sens de la loi. Seuls ceux-là pourront siéger dans les instances paritaires », détaille Olivier Clarhaut.

Parité et égalité, mamelles du travail

Les instances paritaires, ce sont essentiellement la Commission paritaire nationale (CPN) et la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP). La CPN est le lieu où se discutent les accords de branche, les mises à jour de la convention collective nationale de branche, la situation sociale et économique. Salaires, conditions de travail, classifications et prévoyance sont les thèmes principalement concernés. Quant à la CPNEFP, elle étudie la situation de l’emploi et les dispositifs de formation initiale et continue. Ces instances sont constituées à parité de représentants des trois chambres de syndicats patronaux – FSPF, USPO et UNPF – et des cinq syndicats de salariés actuellement représentatifs (voir encadré ci-contre). Une solide connaissance du terrain officinal et de ses spécificités, et un art consommé de la négociation sont indispensables. D’où l’importance du vote à venir.

Dessine-moi un paysage syndical

« Historiquement, les cinq syndicats classiques n’avaient pas à prouver leur représentativité. Demain, il y aura sûrement des départs et peut-être des arrivées de syndicats », anticipe Olivier Clarhaut. Solidaires, Unsa, etc. pourront, si les salariés votent pour eux, s’installer à la table des négociations. Quelle est leur vision de la pharmacie ? Que connaissent-ils de ses spécificités ? Comment choisir entre FO, la CGT, la CFE-CGC, la CFDT, la CFTC, Solidaires ou autres ? L’enjeu est de taille. À la condition de s’exprimer. « Voter est un geste que le salarié va faire pour lui et qui peut lui rapporter quelque chose », martèle Lionel Krawczyk, de la CGT.

« Pourquoi voterais-je pour lui »

Pour le salarié de base, les syndicats, « ce sont des types qui défilent dans la rue avec des drapeaux rouges », raille Olivier Clarhaut, qui précise plus sérieusement : « Force ouvrière est un syndicat libre de toute emprise idéologique, déterminé et indépendant. Nous ne sommes pas la courroie de transmission d’un parti politique. Nous défendons la justice sociale. » Dialogue social, solide connaissance du terrain avec une fédération pharmacie, FO mise sur la préparation des dossiers et la négociation constructive. Hormis le sujet épineux des salaires, les syndicats de salariés et de titulaires œuvrent aussi de concert pour faire aboutir un nouveau diplôme, de nouvelles formations continues ou un meilleur régime de prévoyance. Parfois contre, mais à côté. Pas si simple… Lionel Krawczyk, avance, quant à lui, que « c’est le rapport de force qui gagne. À la CGT, il ne peut y avoir de compromission avec les patrons. » Égalité hommes-femmes, formation, salaires, la CGT est dans le combat, quitte à abandonner la table des négociations. Pour autant, le rapport de force à la pharmacie est biaisé. « Pour se battre sur les salaires, il faudrait avoir un moyen de pression. Difficile d’imaginer qu’un professionnel pour lequel garder son travail est un enjeu vital puisse se mettre en grève pour obtenir collectivement un meilleur salaire », constate un peu amer Olivier Clarhaut, dont la détermination reste intacte. Comme Roger Halegouet, préparateur et représentant salarié de la CFE-CGC, qui lutte pour une place à part entière pour le préparateur et l’adjoint : « Nous sommes un syndicat non politisé, professionnel mais catégoriel. Seuls les cadres et assimilés cadres pourront voter pour nous. » Une spécificité qui concerne un quart des salariés de l’officine.

Total respect du vote

À l’heure du choix, les titulaires seront bienveillants. « Nous avons envoyé une circulaire à nos membres pour laisser le droit syndical s’exprimer. Si des documents arrivent à l’officine, qu’ils transmettent bien les informations à leurs salariés », précise Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Pour Françoise Daligault, présidente de l’UNPF, « nous ne nous opposerons pas à la diffusion de tracts. Nous respecterons les dispositions légales. » Quant à Philippe Gaertner, président de la FSPF, il est clair : « Nous préférons négocier avec des personnes qui représentent le choix des salariés. Nous incitons les employeurs à dire à leurs employés de participer à ces élections. Il faut leur dire de voter. » Postez ou cliquez, mais votez, car qui ne dit mot, consent…

La représentativité des syndicats

Historique

Depuis 1996, l’État reconnaît comme représentatives cinq confédérations – CGT, CFDT, FO, CFTC et CGE-CGC –, auxquelles il accorde le droit de négocier et de conclure des accords dans tous les secteurs.

Parler au nom de…

La loi n° 2008-789 du 20 août 2008 (J. O. du 21 août) a modifié les conditions de représentativité des syndicats, c’est-à-dire les critères qui forment leur légitimité à parler au nom des salariés. L’un de ces critères – la mesure d’audience – consiste à déterminer quantitativement le poids de chaque syndicat auprès des salariés.

Mesurer le poids

Cette mesure de la représentativité se fait en trois étapes.

1) Prendre en compte les résultats des élections des membres des comités d’entreprise et, à défaut, des délégués du personnel dans les sociétés de 11 salariés et plus, du 1^er janvier 2009 au 31 décembre 2012.

2) L’élection, qui s’adresse aux salariés des entreprises de moins de 11 salariés et aux employés à domicile.

3) Les salariés agricoles éliront les membres des chambres d’agriculture. en janvier 2013.

Les résultats de ces trois scrutins seront additionnés afin de définir le poids des syndicats. Le seuil de représentativité est fixé à 8 % au niveau de la branche professionnelle (loi n° 2008-789 du 20 août 2008, J. O. du 21 août).

Que font les syndicats ?

Négocient des conventions collectives (conditions de travail, formation professionnelle, salaire…

Gèrent de nombreux organismes (Sécurité sociale, Assurance chômage et organismes paritaires)

Participent aux concentrations et négociations nationales (réformes sociales…)

Où se renseigner ?

→ Modalités pratiques, listes des votants, programmes des syndicats sur le site www.electiontpe.travail.gouv.fr

→ Sur les syndicats de salariés actuels de la branche officine :

FO : www.info-tpe.fr et http://votezfopharmacie2012.org

CFDT : www.tpeelection2012.fr

CGT : www.tpe2012.cgt.fr

CFE-CGC : www.cfecgc.org

CFTC : www.cftc.fr

Pour les autres fédérations syndicales, consultez leurs sites : Union syndicale Solidaires (SUD) ou Solidaires, qui regroupe 40 organisations nationales, Union nationale des syndicats autonomes (Unsa)…