Violences sexistes et sexuelles existent aussi en pharmacie

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Publié le 1 mars 2022
Par Magali Clausener
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« Un constat affligeant, déplorable », a déclaré Numan Bahroun, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), lors de la présentation des résultats de son enquête(1) sur les violences sexistes et sexuelles, le 2 février. Y ont répondu 2 103 étudiants provenant des vingt-quatre facs de pharmacie. Près d’un sur deux a été victime de remarques sexistes dans sa fac (55,4 % des femmes et 28,6 % des hommes). Et 41,7 % disent avoir subi un harcèlement sexuel (48,4 % des femmes et 18,5 % des hommes). Les auteurs de ces agissements sont d’autres étudiants en premier lieu, respectivement à 89 et 91,4 %. Ces derniers commettent aussi des agressions sexuelles (24 % des répondants ont en été victimes), en particulier lors d’événements étudiants. Ces violences se déroulent également au sein des pharmacies. 32,6 % des étudiants y ont été confrontés à des remarques sexistes (37,1 % des femmes et 18,3 % des hommes) et 30 % ont subi un harcèlement (34,8 % des femmes et 22,3 % des hommes). Ces agissements émanent en majorité des patients (80,3 %), puis des membres de l’équipe (37,1 % des réponses, question à choix multiple). Les témoignages recueillis sont édifiants : « Le conseil en été était de porter des décolletés pour attirer les clients » ; « De la part de mon titulaire : as-tu des partenaires sexuels ? Je reste pas loin, hein ! » Une préparatrice a même dit à une étudiante : « Vu ta vie, ça doit faire très longtemps que tu n’es plus vierge ». D’autres préparatrices ont demandé à un étudiant en « plaisantant » : « C’est quoi ta taille de préservatifs ? Tu utilises du lubrifiant au moins ? Moi, je mouille beaucoup mais ce n’est pas le cas de toutes ! » Une ancienne stagiaire de sixième année a, elle, été violée à l’officine par le titulaire !

L’Anepf propose treize mesures pour sensibiliser étudiants, professeurs et maîtres de stage à ces violences et inciter à signaler et accompagner les étudiants. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), s’est engagé à travailler sur l’accueil des stagiaires en officine et à lancer, au niveau de la branche professionnelle, un travail sur les violences subies par les salariés, les patients et les titulaires. Car tout le monde est concerné.

(1) Enquête menée entre novembre et décembre 2021.

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