Un logiciel de télésurveillance prescrit et remboursé

Réservé aux abonnés
Publié le 26 juin 2020
Mettre en favori

Parce qu’elle améliore la survie des patients atteints d’un cancer du poumon, la web-application Moovcare, de l’entreprise Sivan, a obtenu sa prise en charge par l’Assurance maladie sur prescription.

Augmenter la durée de survie de 7,6 mois, voilà pourquoi le logiciel Moovcare poumon sera le premier outil de télésurveillance inscrit sur la liste des produits et prestations (LPP) et pris en charge par l’Assurance maladie à raison de 1 000 € par semestre. Un accord vient d’être signé entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et Sivan. Il ne reste plus qu’à définir « l’acte médical pour rémunérer le médecin », explique Ayala Bliah, dirigeante de Sivan, la société franco-israélienne qui a développé cette webapplication indiquée dans « la télésurveillance médicale des rechutes et complications du patient atteint d’un cancer du poumon ».

Une prescription qui rassure

Max est suivi pour un cancer du poumon. Chaque semaine, il reçoit par mail un lien vers un questionnaire. Est-ce que vous toussez ? Avez-vous de la fièvre ? Appétit, fatigue, essoufflement ou changement de voix, Max répond à douze questions. Il a même un champ libre pour s’exprimer. Il clique, le questionnaire part chez son oncologue. Ce dernier accède, via un lien sécurisé, à une interface sur laquelle il visualise le questionnaire. En cas d’absence du médecin, un système en cascade est prévu « pour que les alertes ne tombent jamais dans le vide ». Si aucun ne répond dans les 24 heures, le patient reçoit un message lui disant de prendre rendez-vous avec son centre. Simple, Moovcare est un dispositif médical de classe I. Il repose sur un algorithme(1) qui permet l’analyse de l’évolution des symptômes déclarés par un patient avec un cancer du poumon(2). Si un risque de récidive ou de complications est détecté, une alerte par mail et/ou SMS est adressée au médecin référent, oncologue ou pneumologue. Le patient peut également la déclencher via le champ libre.

Si Moovcare ne se substitue pas au suivi du cancer du poumon (voir encadré), il l’améliore nettement. « Le suivi hebdomadaire permet de ne rien rater. L’algorithme analyse en dynamique la combinaison des symptômes déclarés par le patient et leur évolution », explique Ayala Bliah. Lors des études, « on a pu administrer un traitement optimal à 74 % des patients suivis par Moovcare, et à seulement 32,5 % des patients dans l’autre bras sans Moovcare. La détection précoce améliore la survie. » Le patient peut « oublier » d’évoquer tel ou tel signe lors de la visite. « Cet outil le rassure. Il se sent plus proche de son médecin. Et cela rend le système plus égalitaire. Quand vous êtes VIP, vous avez le numéro privé de votre médecin, mais la plupart des patients, malheureusement en France, ne l’ont pas. Cette application permet de se sentir un peu VIP », avance Ayala Bliah.

Une centaine de patients, une trentaine de médecins dans une dizaine d’hôpitaux, tels les centres privés Elsan, le CHU de Lille, l’Institut Curie, l’institut Sainte-Catherine utilisent gracieusement Moovcare. Près de 35 000 patients seraient concernés par cette web-application, « qui n’est pas une appli native pour des raisons de sécurité et car tout le monde n’a pas de smartphone, mais dans le futur peut-être. » Aux oncologues et pneumologues de s’emparer de cet outil et de le prescrire.

(1) Suite finie d’opérations ou d’instructions, ici informatiques, destinées à résoudre une classe de problèmes.

Publicité

(2) Patients éligibles : ne pas être trop symptomatique, avoir une connexion Internet, avoir déjà eu une ligne de traitement et avoir des facultés mentales et physiques suffisantes.

Le cancer du poumon

Le suivi habituel, en l’absence de consensus, comporte au moins, chez un patient n’ayant pas de signes, un examen clinique tous les trois mois par le médecin traitant et tous les six mois par un spécialiste, ainsi qu’un scanner thoracique tous les six mois.

C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme et le troisième chez la femme, et la première cause de décès chez l’homme entre 45 et 64 ans et la première cause de mortalité par cancer toutes populations confondues.

Avec une survie à cinq ans de l’ordre de 15 %, le cancer broncho-pulmonaire est de mauvais pronostic.

Source : Avis de la CNEDiMTS, Moovcare, 9 avril 2019.