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« Tu seras préparatrice ma fille »
Depuis qu’elle a 9 ans, Rachida sait qu’elle deviendra préparatrice. Enfin, assistant pharmacien, apothekersassistent en néerlandais. Comme son nom ne l’indique pas, Rachida El Hssaini vient des Pays-Bas. Son père, gendarme au Maroc, est venu travailler à s-Hertogenbosch en 1970. Il y a fondé une famille. Rachida est sa première fille. Petite, elle lui lit le courrier car elle maîtrise mieux la langue, et le suit chez son pharmacien, où il aime l’emmener en lui disant : « Ça serait bien que tu fasses la même chose », ce métier qu’il aurait voulu exercer. Rachida adore son père, elle réalisera son rêve, que très vite elle fait sien. L’officine devient sa seconde maison : « Aux Pays-Bas, on a des médecins traitants comme en France, mais aussi des pharmaciens traitants. On ne peut pas aller dans une autre pharmacie ». L’officinal connaît bien la famille et l’engouement de Rachida, qu’il laisse entrer « pour regarder ce qu’ils faisaient ». En sortant de l’école ou le samedi, la gamine d’une dizaine d’années prépare des sirops à base de réglisse, qu’elle rapporte chez elle !
En autonomie, tu gagneras
Naturellement, Rachida entre dans une école d’assistants pharmaciens dans la province de Brabant en 1995, après son bac scientifique. La discipline est stricte : « C’était “un école de bonnes femmes” ». Comprendre, de bonnes sœurs catholiques ! Marocain, néerlandais, anglais, allemand, français, les mots et les genres se bousculent parfois dans la bouche polyglotte de Rachida. Aux Pays-Bas, le métier s’apprend en trois ans, avec cinq jours de cours par semaine, dont huit heures de TP et deux heures de « drama ». Un prof de théâtre, sur scène, les entraîne « à se comporter » face à tout client, du coléreux au mutique. L’élève fait alors un stage de cinq semaines en pharmacie la première année, de dix semaines dont cinq en hôpital, la deuxième. En troisième année, c’est dix semaines à l’hôpital et dix au choix pour découvrir d’autres facettes du métier. La formation, scientifique, vise à apprendre à réfléchir et gagner en autonomie, même si là-bas aussi un assistant travaille sous le contrôle du pharmacien. Ce dernier et deux assistants paraphent toute délivrance. Le médecin transmet les ordonnances, ce qui laisse le temps de les préparer et de les valider. Pour Rachida, ce sera l’hôpital. Une place l’attend au Carolus Ziekenhuis, où elle a fait forte impression en stage avec ses gélules de codéine quasi conformes à chaque fois ! Mais l’amour la rattrape en France lors d’un mariage. Elle y rencontre un Français d’origine marocaine, qu’elle épouse en 1998.
Pugnace, tu resteras
Arrivée en région parisienne, Rachida ne parle pas encore français, son mari n’écrit pas l’arabe, ils s’aimeront en anglais ! Elle passe trois ans et dépense beaucoup d’argent en traduction pour faire reconnaître son diplôme. Entre-temps, elle travaille à Disneyland Paris, où elle fait le lien entre les touristes malades néerlandais et les secours ! Enfin reconnue préparatrice en 2001, elle postule à la pharmacie Delpech de Paris, où le titulaire, « monsieur Bruno », l’embauche sans cérémonie, l’entretien ayant lieu « dans la brasserie d’à côté ». Lâchée sans formation ni consignes dans l’arène des paillasses, elle se débrouille bien dans les préps manuelles, moins bien avec les géluliers semiautomatiques : « J’écrasais mes gélules, je chargeais mal ». On ne la gardera pas si ça continue. « Je suis allée poser des questions à madame Marie, une préparatrice expérimentée. Et j’ai appris ». Dès lors, il n’est plus question qu’elle parte. Elle gravit les échelons. Fait en sorte que tout nouvel employé soit entouré et formé au préparatoire, dont elle est aujourd’hui co-responsable et en charge des relations humaines. Planning, recrutement, gestion des humeurs de la centaine d’employés, notre néerlandaise ne comprend pas toujours les râleurs, ni le faible niveau du BP français. Qu’un postulant sèche sur un calcul, ou qu’un exécutant prépare sans se questionner, Rachida s’anime. « Qu’ils apprennent à réfléchir et fassent plus de théorie que de pratique. Tu n’envoies pas les jeunes deux ans dans une pharmacie ranger des boîtes, pour à la fin donner un diplôme et jouer avec la vie des gens ! » Les Néerlendais semblent l’avoir compris. Question salaire aussi. Un apothekersassistent débutant touche 1900 € en officine et 2600 € net à l’hôpital. Rachida est au-delà…
Rachida El Hssaini
Âge : 43 ans.
Formation : BP de préparateur en pharmacie aux Pays-Bas.
Lieu d’exercice : Paris (75).
Ce qui la motive : la nouveauté, découvrir, chercher des choses pour améliorer la qualité ou l’organisation.
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